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Émilien Gangemi, président de la CAPEB Moselle : «Jouer collectif»
Conjoncture, apprentissage, rapport au travail, soutien aux artisans, intelligence artificielle : Émilien Gangemi, président de la CAPEB Moselle, et Violaine Simon, secrétaire générale et directrice, décryptent l’actualité. Leitmotiv : rester optimiste.

Président de la CAPEB Moselle, au cœur des réalités de la communauté des artisans du bâtiment locaux que l’entité représente et défend, Émilien Gangemi n’élude aucune des difficultés que les professionnels rencontrent ces derniers mois, mais pas question de tomber dans le pessimisme : «La CAPEB doit avoir un effet booster pour accompagner nos artisans dans un climat socio-économique complexe. Le premier gros dossier qui nous occupe tous tient à la conjoncture. Le long attentisme politique des derniers mois a eu des effets très négatifs sur l’économie en général, la censure de la fin d’année n’a rien arrangé, mettent en cause ou à l’arrêt des mesures et dispositifs importants pour l’économie locale. Sur ce plan, on semble arriver à plus de stabilité, c’est tant mieux. Nos chefs d’entreprise ont besoin de savoir où ils vont. Il devient urgent de simplifier la vie de nos artisans : trop de normes, trop de lourdeur administrative.»
Service administratif externalisé depuis janvier
Le climat actuel tient d’un ciel mitigé, entre gris clair et gris foncé, auréolé de timides éclaircies. La baisse récente des aides à l’embauche d’apprentis, même si celles-ci ont été reconduites, est-elle un sujet d’inquiétude ? Émilien Gangemi n’en est pas sûr : «Elles passent de 6 000 € à 5 000 €. Cela aura finalement peu d’impact pour nos artisans locaux. Nous sommes une branche où l’apprentissage est une tradition, avec ou sans aides. Nous continuons à avancer sur ce sujet pour former nos futurs professionnels.» Entre quelques relatives bonnes nouvelles venant du secteur de l’immobilier et les incertitudes récentes sur MaPrimeRenov’, l’adaptabilité est le maître-mot. C’est ici le rôle essentiel de la CAPEB Moselle, comme le rappelle Émilien Gangemi et Violaine Simon, secrétaire générale et directrice : «On se doit d’accompagner plus que jamais les artisans du bâtiment, les guider, les rassurer. Nous nous appuyons sur nos compétences propres et celles de notre réseau de partenaires. Il s'agit de trouver des solutions économiques, juridiques adaptées. Nous répondons aux demandes dans un délai de 48 heures.» Violaine Simon décrypte le service mis en place par la CAPEB depuis le 1er janvier : «Il s’agit d’un service de secrétariat externalisé et spécialisé pour le BTP. Il s’adapte aux besoins et aux pratiques de chaque entreprise et permet au dirigeant de se concentrer sur son corps de métier. On le décharge de toute la partie administrative chronophage. Également d’avoir accès à tous ses documents sur son téléphone. On s’occupe aussi de ses liens avec son comptable, ses fournisseurs, ses clients… Cette assistance peut être à court ou plus long terme.»
«Les gens changent, le monde du travail aussi»
Poursuivant, Émilien Gangemi lâche le mot clé : confiance : «Elle est au cœur de tout. Clairement, elle fait défaut dans notre société. La situation internationale et ses conséquences inquiètent.» Violaine Simon évoque un changement de paradigme accéléré par la période de la crise sanitaire : le rapport au travail : «Il est totalement chamboulé autant que celui par rapport à l’entreprise. On va vers de nouveaux modèles auxquels il n’y a pas d’autres choix que de s’adapter. Par exemple, à la CAPEB Moselle, nous sommes passés à la semaine de 4 jours et demi. On répond aux demandes des collaborateurs avec des organisations plus flexibles et individualisées, pour favoriser un meilleur équilibre vie professionnelle et vie privée. La génération Z a totalement intégré ces nouveaux process. Comme celui de l’intelligence artificielle qui va apporter beaucoup aux entreprises. Là encore, ces mutations doivent être expliquées avec pédagogie, via des formations, des temps informatifs que nous développons. Qu’on se rassure, l’humain sera toujours là. Finalement, était-ce mieux avant ? Je n’en suis pas si sûre… Les évolutions se succèdent, c’est comme cela depuis toujours.» Face aux difficultés présentes des chefs d’entreprise, certains d’entre eux peuvent être fragilisés quant à leur santé psychologique. En ce sens, la CAPEB Moselle a rejoint le collectif impliqué dans le lancement sur le département de l’APESA (Association d’Aide Psychologique aux Entrepreneurs en Souffrance Aiguë). Un levier essentiel dans la considération humaine de l’artisan. C’est l’ADN de la CAPEB Moselle. Émilien Gangemi conclut, positivement : «On aura toujours besoin de loger, on aura toujours besoin des activités du bâtiment. Des crises nous en avons traversé, nous nous en sommes sortis. Cela sera pareil avec la conjoncture actuelle. Il faut jouer collectif. Être solidaire entre nous, ne pas baisser les bras. On en sortira plus forts.»