Elle est belle, la mirabelle lorraine
Depuis ce 1er août, la Mirabelle de Lorraine est officiellement disponible sur les étals. Véritable ambassadeur de notre région de par le monde, ce fruit si prisé met en avant le travail des producteurs locaux de toute une année.
La cueillette de quelque 7 000 tonnes de mirabelles dans les vergers de la zone de production lorraine a débuté. La particularité de ce cru 2020 est de démarrer de façon précoce. Dix jours d’avance sur le calendrier en raison des conditions climatiques favorables depuis le printemps. Les consommateurs pourront profiter de cette mirabelle de notre terroir, pesant en moyenne 15 grammes, jusqu’en septembre. Dotée d’une peau lisse d’un jaune d’or recouvrant une pulpe sucrée et juteuse, gorgée de vitamines, riche en fibres, elle est réputée dans le monde entier. Les gourmands peuvent se rassurer. Elle est d’un apport calorifique modéré. Pour cette récolte 100 % locale, 70 exploitations lorraines emploient 2 000 saisonniers, vivant en général à moins de 30 km des vergers. C’est ici un atout économique important. La Lorraine et le mirabellier : une idylle depuis 2000 ans. Le climat lorrain et son sol présentent les conditions idéales pour développer le fruit : il n’y a pas besoin d’irrigation dans les vergers. Ainsi, la mirabelle s’épanouit-elle à souhait, chouchoutée par des générations de producteurs. Ceux-ci laissent les fruits mûrir sur les arbres pour développer les arômes et les livrer en deux jours sur les marchés français. En 1990, 250 agriculteurs lorrains s’unissent pour faire revivre la production de mirabelles et la dynamiser. Trois ans plus tard, la surface plantée est de 5 000 hectares. Sur deux décennies, le territoire est couvert de 2 000 hectares d’arbres. En 1995, l’association «Mirabelles de Lorraine» gère l’IGP et la marque du même nom. Derrière cet acronyme se lit Indication Géographique Protégée. Cette certification encadre depuis plus de 20 ans la production des mirabelles dans le terroir lorrain, selon un cahier des charges strict. La récolte du fruit se fait à maturité selon des critères d’excellence. Commercialement, il bénéficie d’un label.
Un fruit léger pesant économiquement
Outre les agriculteurs producteurs, trois coopératives fruitières – Vergers de Lorraine en Meurthe-et-Moselle, Jardin de Lorraine en Meuse et Coteaux lorrains dans les Vosges -peuvent utiliser le terme «Mirabelles de Lorraine». Elles sont regroupées au sein d’une structure commune, assurant transformation et commercialisation : Végafruits. Depuis 2009, le cahier des charges lié à l’IGP permet la surgélation des fruits. Cette autorisation a permis l’installation d’une unité de surgélation à Saint-Nicolas-de-Port. Un plus pour la mirabelle, fruit dont la saison n’excède pas six semaines. La mirabelle entre dans la composition de l’eau-de-vie de mirabelle de Lorraine, portant une Appellation d’origine réglementée depuis 1953, et d’une AOC depuis 2015, et de la liqueur de mirabelle. 25 % de la production de mirabelles est consommée en fruits frais, 65 % est transformée en oreillons surgelés, confitures, coulis et purées pur fruit, fruits au sirop, mirabelles séchées. L’histoire nous renseigne sur ses origines dans notre région. Ce fruit d’or aurait été importé du Caucase en Provence par le roi René. Son petit-fils René II de Lorraine l’aurait implanté dans le Duché. Le Roi Charles IX et sa mère Catherine de Médicis, en visite en Lorraine, reçurent des «mirabelles confites au sucre, spécialité du pays messin.» La mirabelle s’ancra ainsi dans la tradition régionale.
Une question d’identité
N’est pas «Mirabelle de Lorraine» qui veut. Pour être autorisé à user commercialement de cette dénomination, la mirabelle doit obligatoirement être cueillie et conditionnée en Lorraine, avoir un taux de sucre minimum de 16° Brix, garantir une traçabilité du verger au consommateur. Les vergers dont elle est issue s’étendent sur 50 ares minimum, d’une densité inférieure à 400 arbres à l’hectare.