Entreprises Moselle
Égalité hommes-femmes : des paroles aux actes
Dans quelques jours sera présentée à l’Assemblée nationale la proposition de loi «visant à accélérer l’égalité économique et professionnelle». Dans cette volonté de faire avancer la cause des femmes, l’écosystème entrepreneurial mosellan et les réseaux œuvrant au quotidien en ce sens seront attentifs à la transcription des textes sur le terrain. Le Mouvement Impact France souhaite amender la loi en discussion avec plusieurs arguments.
Assurément, les débats promettent d’être prolixes en arguments. Car si sur les bancs de l’Assemblée nationale, le consensus est là pour définir un cadre législatif adapté poussant à briser le plafond de verre qui bloque tant de femmes dans leur évolution de carrière, il reste, néanmoins, quelques résistances très patriarcales. Ici, le législateur doit se mettre au diapason d’une société qui évolue sur le sujet, comme sur d'autres, et c’est tant mieux. La proposition de loi «visant à accélérer l’égalité économique et professionnelle», portée par la députée Marie-Pierre Rixain, présidente de la délégation aux droits des femmes et à l'égalité des chances entre les hommes et les femmes, sera débattue à l’Assemblée nationale au cours des prochains jours.
Les lignes bougent mais...
S’il salue l’initiative et l’ensemble des mesures apportées par la proposition de loi, le Mouvement Impact France juge que les engagements des entreprises peuvent être renforcés et propose ainsi trois amendements pour aller plus loin. Le Mouvement Impact France représente quelque 3 000 entreprises et dirigeants engagés dans la transition sociale et écologique et se donne comme mission de «passer d’une logique de pionniers de l’économie engagée en faveur de l’intérêt général à la norme d’une responsabilité assumée des entreprises pour contribuer à une société plus juste, plus solidaire et plus durable.» Si les mentalités et les lignes bougent, il n’empêche. Combien de femmes attendent une augmentation qui joue l'arlésienne, voient une promotion leur passer sous le nez, une reconnaissance jamais exprimée ? Nombre de carrières féminines sont freinées : dans l’accès aux études supérieures, aux hautes responsabilités, à l’emploi. En France, seulement 21 % des femmes sont ingénieures. Une jeune diplômée aura un salaire inférieur de 3 000 € à son homologue masculin.
Revendiquer une ambition commune
Alors, de plus en plus elles se sont groupées, au sein de réseaux et cercles business pour revendiquer leur ambition, être des actrices de l’entrepreneuriat, des forces d’action et de propositions dans la sphère économique. En Moselle, EST’elles Executive, Femmes entrepreneures de Sarrebourg et environs, RéZoé ou miXYtés en sont des exemples. D’autres dans le Grand Est : Elles bougent, Femmes 3000, Créez comme elles. Déclarée «grande cause» du quinquennat d'Emmanuel Macron, l’égalité salariale entre femmes et hommes a encore du chemin devant elle. Les résultats de l’index de l’égalité professionnelle pour les entreprises de plus de 50 salariés publiés le 8 mars dernier révèlent que 43 % des entreprises de plus de 1 000 salariés comptent moins de deux femmes dans leurs dix plus hautes rémunérations. Selon un rapport publié par la Fondation des Femmes en avril 2021, le premier confinement a été une occasion manquée de rééquilibrage des tâches domestiques et éducatives. 70 % des femmes estiment, de ce fait, que la crise sanitaire va les pénaliser dans leurs carrières. Des étapes décisives restent donc à franchir et la pandémie ne doit en aucun cas faire passer la lutte contre les inégalités de salaires entre hommes et femmes au second plan.
Des propositions pour aller plus loin
Si le Mouvement Impact France salue les dispositions présentées ayant vocation à renforcer la transparence autour de la publication des résultats de l’Index de l’égalité professionnelle par les entreprises, à œuvrer en faveur de l’accès des femmes aux plus hautes fonctions et à tendre vers davantage de mixité dans l’octroi de financements Bpifrance, il propose ainsi trois amendements à la proposition de loi en discussion : rendre obligatoire la publication chaque année des engagements pris par les entreprises pour améliorer leur note obtenue à l’index de l’égalité professionnelle, renforcer la transparence sur le nombre de femmes parmi les plus hautes rémunérations dans toutes les entreprises de plus de 50 salariés pour accélérer l’accès des femmes aux plus hautes fonctions (dans la proposition de loi en discussion, seules les entreprises de plus de 1 000 salariés sont tenues de publier une photographie genrée des 10 % de postes à plus haute responsabilité et conditionner l’octroi de financements de la part de Bpifrance à la publication de l’Index de l’égalité professionnelle et à l’obtention d’une note supérieure au seuil minimal requis de 75/100. Ceci permettrait de faire de Bpifrance, la banque de la transition, de valoriser les engagements concrets des entreprises en faveur de l’égalité et de répondre aux attentes fortes des citoyens et citoyennes en matière d’exemplarité de l’État. Ici, comme ailleurs, l’entreprise se trouve au cœur d’une question majeure. Le rôle qu’elle a à y jouer est d’importance et la place comme une pièce maîtresse de cet échiquier sociétal.
70 %
C'est le pourcentage de travail humain réalisé dans le monde par les femmes... quand elles gagnent moins de 10 % de la rémunération planétaire.