Recherche collaborateurs presque désespérément
Les difficultés de recrutement, un mal français ? À la lecture d’une enquête de mi-décembre de l’Insee, la réponse tend vers l’affirmatif. «La proportion d’entreprises déclarant des pénuries de main-d’œuvre a fortement augmenté au cours des trois dernières années, atteignant un point haut mi-2019 (21 %). Dans les autres pays européens aussi, les pénuries de main-d’œuvre ont eu tendance à atteindre des niveaux records», peut-on lire dans cette enquête et «les pénuries ont augmenté nettement plus vite que le chômage n’a baissé.» Une donne établie à laquelle s’ajoute le ressenti terrain aujourd’hui de bon nombre de chefs d’entreprise. «Impossible de trouver, ou très difficilement, des collaborateurs réellement adaptés à nos besoins.» Le message est redondant dans la sphère entrepreneuriale pointant du doigt le décalage entre les compétences des Français et les besoins réels des entreprises. «Depuis 2018, d’après les enquêtes de conjoncture, le manque de main-d’œuvre compétente est la principale barrière à l’embauche, signalée par les entreprises, loin devant l’incertitude économique, le coût du travail et la réglementation», stipule l’enquête de l’Insee. Le Grand Est n’échappe pas à ces difficultés de recrutement. Elles sont même accentuées du fait de sa position transfrontalière avec un «aspirateur» de compétences en la personne du Luxembourg. «Au-delà de prendre nos salariés et aspirer nos talents, le Luxembourg commence aujourd’hui à capter nos étudiants, donc nos potentiels futurs collaborateurs, du fait d’une attraction en termes de rémunération et de pression fiscale que les entreprises luxembourgeoises n’ont pas par rapport à leurs consœurs françaises», assure une présidente d’un mouvement patronal meurthe-et-mosellan. Recruter semble s’avérer aujourd’hui comme une mission (presque) impossible pour l’entreprise. Et cela pourrait s’accentuer. D’après l’Insee Grand Est, au vu des projections de la population active, «le nombre d’actifs baisserait de 5 % d’ici 2050. Ce recul toucherait la plupart des zones d’emploi de la région. Ce n’est qu’au Luxembourg et, dans une moindre mesure, en Suisse, que le nombre d’actifs augmenterait dans les décennies à venir.» Rassurant…