Edito Champions du cœur
Les Bleus ont perdu mais ils ont gagné, même s’ils ne le savaient pas encore, plus qu’un «simple» trophée sportif. Ils ont retrouvé l’estime de tout un peuple (enfin une bonne partie) et lui ont redonné l’espace de quelques jours un semblant d’union, de communion et d’appartenance à une nation. Ce dimanche 10 juillet à un peu plus de 23 heures, l’équipe de France de football s’incline 1 à 0 au bout d’une prolongation intenable et étouffante, face à une formation portugaise qui est enfin devenue championne d’Europe. La Seleção a fait preuve d’un réalisme certain avant de marquer, comme à son habitude dans cette compétition, dans la seconde période de la prolongation comme elle l’avait fait auparavant dans les autres matchs de sélection. Un tir de 20 mètres d’Eder, sociétaire depuis six mois du Lille Olympique Sporting Club et c’est toute une partie du Stade de France de Saint-Denis qui s’effondre. Coup dur pour la bande à Deschamps, coup de massue pour toute la nation. La gagne n’est pas tout, la manière importe également. Au-delà du résultat purement sportif, les Bleus nous ont apporté une autre victoire qui n’a pas de prix, celle sur nous-mêmes. Après la victoire brillante contre l’Allemagne en demi-finale, la défaite en finale peut paraître tragique, mais le vrai graal est ailleurs. L’Euro 2016 a permis à tout un pays de se retrouver, de contrebalancer cette image de la France divisée, stagnante, et parfois violente rongée par l’inquiétude identitaire. Griezmann, Payet, Coman, Loris, Evra, Gignac, Sissoko, Giroud et les autres ont réussi pour un temps à nous faire oublier les plaies d’une société éprouvée par une année 2016 de peurs et d’incertitudes… Même si tout cela n’est qu’éphémère, les sourires, les joies, les embrassades et la ferveur resteront figés dans les mémoires avant de s’étioler car le temps, hélas, efface tout ! Merci, Messieurs, pour ces instants !
emmanuel.varrier