Ecophos expose son projet à ses futurs partenaires
«Change your mind about phosphate» : c'est le sous-titre de la présentation des dirigeants belges de l'entreprise Ecophos qui a rassemblé une cinquantaine d'entreprises de l'agglomération dans la grande salle du bâtiment dunkerquois de la CCI, le 11 octobre dernier.
Si l’Europe n’a quasiment pas de phosphates sous forme naturelle, elle en recèle un fort potentiel à travers ses déchets : des «mines urbaines» souligne Yannick Vancoppenoll, cadre de l’entreprise de Louvain-la-Neuve.
Le projet d’installation d’un site de production avance patiemment depuis l’an dernier. Ecophos doit en effet investir 60 millions d’euros et s’installer sur le site de Total à Mardyck. Il réalise 150 millions de chiffre d’affaires et fait tourner deux usines, en Belgique et en Bulgarie. Spécialisé dans la production de phosphates depuis près de 20 ans, le groupe belge a développé des techniques de récupération de matières et est leader sur le segment des sources de basse qualité. En effet, la source naturelle recèle un taux de phosphates très important mais reste plutôt rare. Par contre, les sources «humaines» sont très nombreuses et situées dans les villes. Ce sont celles-ci que vise le groupe belge qui pourra ainsi recycler une partie des boues des stations d’épuration. Son objectif est de produire 220 000 tonnes de phosphates par an. Ancien sous-traitant du groupe pharmaceutique Solvay, Ecophos a gagné en expérience et déposé des brevets qui font de lui le leader de ce marché spécifique. Ses clients sont issus de l’agroalimentaire et son développement s’est orienté à l’international depuis 2011 : Moyen-Orient, golfe Persique, Inde, Namibie. Ecophos vend ses licences à des acteurs qui produisent des engrais, un autre marché mais qui “est trop gros pour nous” : l’entreprise préfère se concentrer sur le marché de niche que constituent les phosphates. Ces éléments sont irremplaçables et leur importance grandit avec l’approche d’un pic à l’horizon 2033.
Une production dédiée à l’exportation. Sur 11 hectares situés sur la zone industrielle de Mardyck, le site d’implantation a été préféré au port belge de Zeebrugge. L’usine doit permettre à Ecophos de peser plus d’un tiers du marché européen. Les phosphates basse qualité sont le marché de demain, celui qui suivra l’extinction des sources naturelles. Ce pari passera donc par Dunkerque. Ecophos doit baser son modèle sur un spectre de prix très large, passant parfois par des extrêmes, de 150 à 400 dollars US. À Dunkerque, Ecophos importera 400 000 tonnes de minéral par an pour en sortir une moitié de matière valorisée. Moins de la moitié restera en France. Le site de production devrait employer 60 personnes.