Ecologie et mises en doute

Un échange plutôt tendu s'est déroulé entre certains membres du public et Emmanuel Agius, premier adjoint à la maire de Calais.
Un échange plutôt tendu s'est déroulé entre certains membres du public et Emmanuel Agius, premier adjoint à la maire de Calais.

La quatrième réunion autour du projet de parc d’attractions a été moins suivie. La réunion concernant le respect de l’environnement a subi quelques agitations, avec notamment des questions autour des emplois, jugés précaires par certaines personnes du public. Après un bref retour sur les caractéristiques et l’avancée du projet, les intervenants ont pris la parole à propos des différents impacts de la présence du parc d’attractions sur la zone du Virval, à la croisée de l’A16 et de l’A26, et à deux pas de l’hôpital de la ville. Bruit, impact sur la biodiversité de la faune et de la flore locales, circulation et traitement de l’eau, les différents aspects environnementaux du projet ont été passés au crible, avant une séance de questions…

Environnement. L’étude du bruit est plutôt rassurante. Et pour cause : avec l’autoroute toute proche, le bruit est d’ores et déjà présent ! La construction d’une infrastructure entre l’autoroute et la ville pourrait même servir d’isolation phonique. L’érection d’attractions et de murs servirait de barrage aux nuisances sonores de l’autoroute. L’écoulement des eaux, important – les précipitations sont présentes, quelle que soit la période de l’année, et le parc se construirait sur un terrain marécageux –, a été traité de façon plutôt simple : des sols les plus perméables possible, de façon à ce que l’eau s’écoule, autant que faire se peut, de façon naturelle. D’autre part, la loi sur l’eau impose le rejet des eaux usées vers la station d’épuration et la régulation des débits des eaux pluviales et leur rejet dans les bassins de rétention. Une étude de la biodiversité locale a été réalisée pendant un an, pour viser toutes les espèces présentes sur le terrain d’une cinquantaine d’hectares, parking inclus. Ont été rencontrées des espèces rares d’oiseaux, parmi lesquelles le gorge bleue à miroir, le busard des roseaux, le hibou des marais et l’aigrette garzette. Du côté de la flore, on recense l’orchys négligé ou le jonc noueux. Auparavant, onze études avaient été réalisées au cours des dix années précédentes, ce qui explique une certaine connaissance de la faune et de la flore locales. En cours d’étude, la préparation des dérogations «espèces protégées», le suivi environnemental, le partenariat avec le Conservatoire d’espaces naturels du Nord, la gestion écologique des espaces verts et l’organisation des chantiers.

L’heure des questions. Après la présentation, c’est l’heure des questions. Les associatifs présents ont traité de la biodiversité d’abord. Un ornithologue du GON, le Groupement ornithologique et naturaliste du Nord – Pas-de-Calais, s’étonne de quelques mesures prises autour d’espèces d’oiseaux présents sur le site, qu’il est prévu de déménager :  On ne déloge pas un hibou des marais comme ça…» Réponse de François Noisette, assistant à la maîtrise d’ouvrage : “On ne ferait pas les travaux au moment de la nidification. On va s’assurer que l’espèce puisse trouver un autre lieu et commencer les travaux à une autre saison.” Autre question sur la circulation de l’eau, un peu prise à la légère selon l’intervenant, du syndicat des wateringues, porté par l’actualité des inondations le long de la Seine. “On a bien étudié la question de l’évacuation de l’eau, répond Jean-François Thibous, directeur du projet. On a essayé de goudronner le moins possible le parc, de faire en sorte que les sols soient les plus perméables possible afin que l’eau s’évacue le mieux possible.” Un autre membre du public prend la parole, prenant Calais port 2015 pour exemple. Le chantier, qui prévoit 2 000 emplois de façon constante, a du mal à les atteindre de façon ponctuelle. D’autre part, le type d’emploi ne correspond pas aux formations des Calaisiens. Réponse d’Emmanuel Agius, premier adjoint du maire de Calais, Natacha Bouchart : “Un parc d’attractions n’a rien à voir avec le chantier d’un port. Des formations seront mises en place pour que chacun trouve sa place. D’autre part, on compte suivre la politique d’une chaîne de restauration rapide. Si certains souhaitent évoluer au sein du parc d’attractions, on leur en laissera l’occasion...”

Polémique. Le propriétaire de Dennlys Parc (parc d’attractions à destination des plus jeunes, situé à Dennebrœucq, au sud de Saint-Omer), Christian Crunelle, a vivement critiqué le projet, le jugeant un peu léger au regard des ambitions. En cause : son investissement, qu’il juge trop faible, ses attractions − “J’ai regardé les attractions dans le master plan, ce ne sont pas des grosses machines de guerre comme l’est Osiris au parc Astérix. La majorité sont de petites attractions que l’on trouve déjà chez nous. Il s’agit d’attractions pour un parc régional, mais pas à vocation nationale.” D’autre part, pour le détracteur du parc, “Calais est une ville-étape, pas une ville dans laquelle on reste plus d’une journée“. De plus, pour Christian Crunelle, les univers seront peu identifiables pour le public. Enfin, il y a la proximité de deux autres parcs régionaux, Bagatelle et Plopsaland. Réponse du directeur du projet Heroic Land, Jean-François Thibous : “On s’est entourés de professionnels. Dennlys Parc fait 200 000 entrées par an, c’est incomparable. Nous avons des attractions à huit chiffres, c’est plus cher que son parc… Le fait qu’il y ait différentes thématiques est l’atout numéro un auprès des investisseurs. Il y a des thématiques qu’on ne retrouve pas ailleurs, comme celle des mangas ou du steampunk. La proximité avec d’autres parcs n’est pas gênante non plus. C’est même une force : les dix premiers parcs dans le monde sont situés en Floride… En plus, les plus grands amateurs de parcs d’attractions sont au nord de l’Europe. Le site est idéalement situé.

 

Encadré :

Calendrier

L’étude d’impact est lancée. Le dépôt du permis d’aménager se fera avant la fin de l’année. Elle peut se faire avant la fin de l’étude d’impact. L’enquête publique peut prendre de dix à douze mois et se fera jusqu’à la fin de l’étude d’impact.

 

CAPresse

Un échange plutôt tendu s'est déroulé entre certains membres du public et Emmanuel Agius, premier adjoint du maire de Calais.

CAPresse

Moins de monde était présent lors de la 4e réunion publique autour du projet.