Ecofrost installe sa première usine française à Péronne

Ce 23 mai, Ecofrost, le géant belge de l’agroalimentaire, a inauguré le chantier de son usine à Péronne. Un investissement de 224 millions d’euros, avec la création de 150 emplois directs et 400 indirects, qui vient s’inscrire dans une stratégie de développement ambitieuse. Issu du rapprochement en 2001 des familles Hoflack et Vervaeke, Ecofrost produit une quarantaine de produits comme la frite, les spécialités à base de pommes de terre ou encore les produits déshydratés. « La pomme de terre représente 80% de l’activité de l’entreprise et la transformation environ la moitié du chiffre d’affaires », résume Olivier Maes, responsable projets chez Ecofrost.

Un projet d’ampleur

La structure, qui pèse 650 millions d’euros de chiffre d’affaires et compte 437 salariés, connaît une croissance de 17% par an. « Notre objectif est de tripler nos volumes de production, qui s’élèvent actuellement à 240 000 tonnes de produits finis par an, d’ici 2032. Pour cela, nous allons diversifier nos gammes, moderniser notre outil de production en Belgique et construire une usine à Péronne », ajoute-t-il. Et pour cette usine, les dirigeants ont acquis 13 hectares sur la future zone d’activité de la Croisette.

« Nous avons déjà noué des liens solides avec la grande distribution en France. Le site de Péronne va nous permettre de conquérir le marché de la restauration hors domicile où nous sommes assez peu présents », détaille Olivier Maes qui souligne l’intérêt pour Ecofrost d’être au cœur d’un bassin emblématique de production de pommes de terre. « Notre usine belge est déjà alimentée à hauteur de 15% par des producteurs de la Somme. À terme, le site français sera alimenté par 400 000 tonnes de pommes de terre produites par 650 exploitants », poursuit-il.

Pour réussir leur implantation en France, les familles Hoflack et Vervaeke ont souhaité s’associer à un agriculteur français en la personne de Matthieu Lenglet. Ce dernier, actionnaire de la société Ecofrost France, créée fin 2023, va notamment faire le lien entre les méthodes belges et françaises. « Je tiens à saluer l’engagement des familles à mettre leur capacité à entreprendre, leur leadership industriel et leur connaissance du secteur de la pomme de terre dans ce projet », s’enthousiasme-t-il.

La première phase de travaux, actuellement en cours, se concentre sur la construction d’un hall de stockage de légumes surgelés dont l’exploitation doit débuter en fin d’année. Deux bâtiments dédiés à la production seront ensuite érigés pour une mise en service au premier trimestre 2026. Une troisième phase consacrée au stockage automatisé et à une extension est déjà programmée pour 2032.

Revitalisation d’une friche

Ecofrost a œuvré pour que ce site de production soit le plus décarboné possible. « Nous participons également à la revitalisation d’une friche industrielle, notre empreinte agricole est donc nulle », pointe Matthieu Lenglet. En effet, l’usine sera construite sur une partie de la friche Flodor, un désastre industriel qui a laissé des traces dans le Péronnais. « Ce projet incarne la volonté de réindustrialisation exprimée par l’État », salue de son côté le préfet de la Somme Rollon Mouchel-Blaisot. Si l’initiative n’a pas reçu de soutien de France 2030, le représentant de l’État a assuré qu’une réunion interministérielle serait prochainement organisée afin que le dossier soit réétudié.