La colère des maires du Nord contre les baisses répétées des dotations de l’État

Près de 400 maires du département du Nord se sont mobilisés pour exprimer leur colère face à la baisse des dotations de l’État. Ils craignent de devoir renoncer, pour toujours plus d'économies, à certaines missions de service public local, à certains investissements, voire d'être contraints d'augmenter la fiscalité... Ils demandent un aménagement dans le temps et en volume de l'effort exigé. Pas sûr qu'ils soient entendus.


La colère des maires du Nord contre les baisses répétées des dotations de l’État

 

Les maires du Nord ont manifesté devant les grilles de la préfecture.

Les maires du Nord ont manifesté devant les grilles de la préfecture.


”Non, non, non à la baisse des dotations. Non, non, non…” À plusieurs reprises dans la matinée du samedi 19 septembre, quelque 400 maires et élus locaux ont scandé, dans le calme mais avec détermination, la raison de leur rassemblement devant les grilles de la préfecture du Nord, place de la République à Lille. Ils répondaient ainsi à l’appel de l’Association des maires du Nord et s’inscrivaient dans le cadre du mouvement national de sensibilisation de l’opinion initié par l’Association des maires de France.

Ils étaient venus de tous les horizons géographiques du département, qui en covoiturage, qui en car (cinq avaient été affrétés), du sud de la Sambre-Avesnois au littoral, et politiquesles sans-étiquette étant les plus nombreux, mais aussi des Républicains, des UDI, des PC, des MRC et des PS, plus discrets certes, mais tenant à marquer leur solidarité de maires, ceints ou non de leur écharpe majorale. Tous arborant sur eux et dans leurs propos l’autocollant sur lequel était inscrit “J’aime ma commune”, ils ont manifesté leur ras-le-bol de voir leur proximité avec la population menacée à travers des baisses répétées de dotations.

Cette manifestation avait un double objectif : le premier d’alerter l’État via son représentant local, le préfet du Nord Jean-François Cordet, des conséquences néfastes de son désengagement financier avec l’espoir de le voir revenir sur les modalités de son programme de réduction des dotations ; le second “d’éveiller les consciences de nos concitoyens” sur les conséquences prévisibles de ces baisses répétées. “Ce n’est pas parce qu’on y arrive cette année qu’on ne prendra jamais de mesures plus désagréables…“, craignent-ils en les appelant à signer “L’appel du 19 septembre pour les communes de France”, lancé en ligne par l’AMF via le site change.org.

Pendant que le gros des troupes attendaient devant les grilles de la préfecture, une délégation de 21 membres, toutes tendances politiques confondues, rencontraient le préfet Jean-François Cordet pour lui préciser «que la baisse des dotations cumulées à la hausse des charges ne permettaient plus aux communes d’assurer l’ensemble des services publics et des missions qui leur sont confiées“, lui exprimer leur “inquiétude sur le front de l’emploi” et lui rappeler “qu’aujourd’hui (samedi 19), Journée du patrimoine, les communes de France font partie du patrimoine de la République et qu’il n’était pas question d’y toucher“. Au préfet qui a indiqué qu’il “ferait remonter l’information” et ne pas vouloir rompre le dialogue, la délégation a répondu vouloir “travailler avec les services de l’État sur la capacité à investir, à assurer les missions de service public (et) que pour cela il fallait absolument ralentir la baisse des dotations tant dans le temps qu’en volume“. Moins vite, moins fort en quelque sorte. Les maires veulent bien participer à l’effort de redressement, mais de façon progressive et donc moins brutale.