“La transition énergétique écologique est un facteur d’accélération de sortie de crise”

Coorganisateur des Assises européennes de la transition énergétique, à Dunkerque les 26, 27 et 28 janvier 2016, avec les Communautés urbaines de Dunkerque et Bordeaux, le président de l’Ademe était sur place à la rencontre des différents acteurs.

Bruno Léchevin, président de l’Ademe, à Dunkerque
Bruno Léchevin, président de l’Ademe, à Dunkerque
Bruno Léchevin, président de l’Ademe, à Dunkerque

Bruno Léchevin, président de l’Ademe, à Dunkerque

La Gazette. Que représente pour vous un tel rendez-vous ?

Bruno Léchevin. C’est maintenant un événement connu et couru. Nous avons un maximum de participants avec plus de 2 000 délégués. Cela montre que la transition énergétique écologique est un processus en marche. Et heureusement, car les objectifs de cette transition sont importants : réduction de la consommation d’énergie, développement massive des énergies renouvelables, efficacité énergétique. Et pour y arriver, nous avons besoin de tous les acteurs des territoires, notamment les collectivités.

Depuis quand accompagnezvous ces Assises ?

Depuis le début, en 1999. Elles sont devenues un lieu d’échange, de confrontation, d’innovation, car nous faisons connaître les bonnes pratiques pour les généraliser. Après la réussite de la COP21 et après la loi relative à la transition énergétique pour la croissance verte adoptée en 2015, nous sommes dans un processus d’accélération. Il faut mobiliser durablement les acteurs. Et c’est par les territoires que nous arriverons à faire émerger des solutions, pour accompagner la société dans cette transition énergétique et écologique.

En quoi l’Ademe est-elle un partenaire privilégié pour accompagner les territoires dans cette transition ?

L’Ademe est souvent présentée comme l’opérateur de l’État pour la mise en œuvre des politiques de transition énergétique. La force de l’Ademe, c’est sa pensée globale, son organisation nationale et sa présence territoriale. Sur le millier de collaborateurs qui travaillent à l’Ademe, la moitié sont sur le terrain. C’est essentiel pour stimuler tous ceux qui veulent s’inscrire dans cette transition et qui la considèrent non pas comme un obstacle mais comme une opportunité. La transition énergétique écologique est un facteur d’accélération de sortie de crise. On ne reviendra pas en arrière. C’est la perspective de créer un nouveau modèle de croissance, qui préserve les ressources, qui pense une société de demain avec une approche économique, sociale et environnementale.

Qu’apporte votre Agence ?

Nous sommes là pour transférer nos connaissances au travers des différents réseaux des territoires. Et il y a des moyens financiers
proposés, notamment au travers des “Fonds chaleur”, “Fonds déchets”, pour ne citer que les plus emblématiques.
Y a-t-il encore des communes qui ne travaillent pas avec l’Ademe ? Quelle est votre couverture nationale ? Notre couverture est censée être complète. Nous avons des partenariats avec toutes les régions, au travers du contrat de plan ÉtatRégion. Mais il nous faut également une présence de proximité sur les territoires. C’est pour cela que l’Ademe vient de se réorganiser, avec des directions régionales en adéquation avec la nouvelle cartographie des régions. Aucun site de l’Agence ne sera fermé. Et le temps dégagé doit nous permettre d’aller chercher les territoires qui n’ont pas encore été impactés par cette nécessité de la transition énergétique écologique. Nous avons d’ailleurs été surpris par ce qui s’est passé en 2015, suite à l’appel à projets lancé par la ministre Ségolène Royal auprès des territoires à énergie positive pour la croissance verte. Au départ, nous n’imaginions pas qu’il y aurait 500 territoires qui y répondraient. On voit que l’ensemble des territoires – grandes agglomérations et territoires plus petits – se sont mis dans cette dynamique.

Travaillez-vous avec les acteurs privés ?

Oui, nous cherchons aussi à leur donner envie de rejoindre les projets. Plus personne ne conteste aujourd’hui que la transition énergétique offre des perspectives de croissance, de valeur. C’est pour ça, d’ailleurs, que le monde bancaire s’y intéresse. On sait bien que nos amis banquiers ne sont pas des philanthropes. S’ils commencent à s’y intéresser, c’est qu’ils voient des perspectives positives en termes de retour sur investissement. En tout cas, il faut que tout le monde tende vers les objectifs de 2050 avec le facteur 4 (NDLR : engagement écologique qui consiste à diviser par quatre les émissions de gaz à effet de serre d’un pays). 

Parmi les chantiers essentiels, quel est celui qu’il faut retenir ?

Le plan de relance à partir de 2017 pour la construction de 500 000 logements chaque année, avec une vraie efficacité énergétique, est essentiel. Et il faut citer la rénovation énergétique des bâtiments. C’est essentiel pour atteindre la diminution par deux de notre consommation énergétique. Le bâtiment représente 44% de notre consommation énergétique. Cela a un impact considérable en termes de gaz à effet de serre. C’est pour ça que l’Ademe est en train de créer près de 140 platesformes territoriales de la rénovation énergétique d’ici fin 2016. Il en faudrait 400 pour couvrir tout le territoire. Mais cela permettra déjà à chacun des citoyens d’être accompagné par le système bancaire, les acteurs publics et privés, pour permettre la rénovation de logements.

Propos recueillis par Anne HENRY CASTELBOU