“Créer des liens forts entre production et transformation”
Agri Ambitions. L’agroalimentaire régional est puissant, mais reste souvent un acteur économique méconnu. A quoi cela est-il dû ? Jean-Bernard Bayard.
Le président de l’organisme consulaire a pour ambition de développer encore plus l’agroalimentaire.
L’agriculture et l’agroalimentaire constituent le premier secteur d’activité dans le Nord-Pas-de-Calais. Cela montre bien que nous disposons d’atouts. Rien que le fait d’être une région à deux départements est un atout. En outre, le secteur agricole est reconnu pour la qualité de ses productions. Et si des grands fleurons de l’industrie agroalimentaire sont installés chez nous, ce n’est pas un hasard… Bonduelle, Roquette, McCain, etc., mais aussi tout un tissu de PME-PMI contribuent à dynamiser la filière.
Certes, mais une part plus ou moins importante de nos productions part pourtant dans des industries de transformation à l’étranger…
C’est vrai que le problème est particulièrement criant dans l’abattage, notamment pour le porc et la volaille. Et dans une moindre mesure pour les légumes, qui partent en Belgique. Garder la transformation chez nous nécessite un travail de longue haleine. A nous de voir si nous savons ramener des industriels au niveau de nos territoires, comme cela s’est produit avec Verduyn. Pour cela, nous devons nous montrer attractifs. Ce qui signifie qu’au niveau du secteur agricole, nous devons produire ce dont les industriels ont besoin. Nous devons également faire preuve d’attractivité pour inciter les entreprises de l’agroalimentaire à s’implanter ici. Nous disposons d’une chance phénoménale : 4 millions d’habitants dans la région, 80 millions dans un rayon de 300 kilomètres.
Mais attirer des entreprises suppose des synergies entre les différents acteurs économiques ou institutionnels ?
Oui, bien sûr, et sur le plan politique le monde agricole doit travailler de concert avec les chambres de commerce et d’industrie et avec les chambres des métiers, en abordant l’ensemble des problèmes. Nous devons avoir une réflexion en amont, pour que ne se reproduise plus une perte sectorielle, comme cela a été le cas pour la volaille. Les pouvoirs publics belges ou hollandais sont bien plus réactifs que les nôtres. Quand on a un sujet à traiter, il ne faut pas se contenter de créer une commission ad hoc…
Vous préconisez quelles solutions, alors ? Nous devons créer des liens forts entre les secteurs de production et de transformation. A partir des projections des besoins des industriels, les exploitants agricoles peuvent adapter leurs productions. Prenez un exemple : si McCain s’est installé à Arras, c’est bien parce que la synergie avec le secteur de la production fonctionne bien.
L’agriculture est certes pourvoyeuse d’emplois, mais elle n’échappe pas au phénomène des dépôts de bilan dans les exploitations. Comment enrayer ce phénomène ?
Tout d’abord, il faut préciser que ce phénomène est fort heureusement en décélération. Il ne faut cependant pas nier que l’élevage est en difficulté, tant pour des questions de revenus que des questions sociétales ou environnementales. Il est donc indispensable de créer un plan spécifique pour l’élevage, porté par les différents maillons de la filière et par les pouvoirs publics.
Plus généralement, nous sommes entrés dans une démarche de troisième révolution industrielle. Nous devons donc nous remettre en cause tous les jours afin d’aborder les différentes situations avec le même pragmatisme que les Allemands ou les pays nordiques.
Propos recueillis par Pascal FRIANG (Agri Ambitions)