“Connexion” veut faire bouger les choses
Basé à Fourmies, ce club entend resserrer les liens entre les entreprises, développer l’attractivité économique du territoire et aussi mettre les élus devant leurs responsabilités.
Si la création du club remonte au 3 novembre dernier, c’est le 3 mai à Fourmies, dans les locaux de l’Ecomusée que l’association “Connexion, les entrepreneurs de ThiéracheAvesnois” s’est vraiment lancée. Ce soir-là, selon Maurice Parmentier, le président de l’association – lui-même dirigeant d’un groupe chapeautant quatorze sociétés implantées localement (Texam, ID chimie…) – il s’agissait de mesurer le succès de cette initiative tant auprès du monde économique local que des élus, et notamment ceux de la communauté de communes Sud-Avesnois, l’intercommunalité qui dispose de la compétence économique. Celle-ci, rappelons-le, est issue de la fusion d’Action Fourmies et environs et du Guide du Pays de Trélon, intervenue au 1er janvier 2014. En novembre 2013, avait été inauguré un Pôle intercommunal de développement économique, construit dans la zone économique de la Marlière à Fourmies, et la CCSA s’y est installée. Ce PIDE, dont elle est propriétaire et gestionnaire, abrite une ruche départementale et différentes structures ayant pour vocation d’aider les porteurs de projet (BGE, CCI, Chambre des métiers, etc.). La nouvelle association y a, tout naturellement, son siège.
Peu d’élus, beaucoup d’entreprises. A l’issue du 3 mai, Maurice Parmentier faisait quelques constatations. Si quelques élus étaient présents tout au long de la soirée, “toutes les communes n’étaient pas représentées, a-t-il regretté, et des élus qui ont pourtant en charge des filières économiques ne sont pas venus.” Il s’attendait à mieux. “Il faut qu’ils viennent nous voir”, clame-t-il. Côté chefs d’entreprise, il a noté que le club réunissait 18 entreprises “à jour de cotisation”, l’ensemble représentant 900 emplois. Une trentaine de sociétés pourraient rejoindre le club. Au bureau de Connexion, outre le président, citons Alain Dufranne (Agrati) Reynald Coppeaux (Leader intérim), Sébastien Guéry (Pierre et Bertrand) et Damien Carré (Comm’Uniq). Pour Maurice Parmentier, pas de doute, les entrepreneurs sont partants. La soirée a réuni les parties prenantes à cette initiative, à un titre ou à un autre : Antoine Lopez (ancien d’Agrati devenu consultant qui a réalisé une mission sur ce projet), Stéphane Laforce (CCI Grand-Hainaut), Reynald Coppeaux (également président du Conseil de développement de l’intercommunalité, une structure représentant la “société civile” et chargée de proposer des idées aux élus)…
Des attentes précises. Parmi les buts du club, figurent bien sûr la création d’un effet réseau, la représentativité, le développement des liens entre des chefs d’entreprise qui n’ont pas toujours le temps de faire connaissance. Des visites d’entreprises ont ainsi déjà eu lieu (Agrati, Léo François…) et devraient tenir le rythme d’une visite toutes les six semaines. Mais Maurice Parmentier insiste sur d’autres objectifs qui, pour ses collègues entrepreneurs, conditionnent l’avenir économique du territoire et des entreprises. Il cite le développement de la fibre optique et donc du numérique efficace (cela fait partie des projets du maire de Fourmies) ; la création de bâtiments relais pour des entreprises de dix à vingt salariés, car il y a des besoins non satisfaits et des risques de voir des entreprises s’installer ailleurs (ne serait-ce que celles qui sortent de la ruche) ; la mutualisation de moyens et de services (commandes groupées, etc.) ; l’organisation de l’accueil des cadres (des postes restent non pourvus)…
Le président de Connexion note que des liens ont déjà été noués avec un club voisin : La Maison des entreprises de Thiérache et de la Serre, installée à Vervins dans l’Aisne, département qui fait partie maintenant de cette même nouvelle région des Hauts-de France.
Interpeller les élus. Maurice Parmentier va plus loin. Il estime que les élus doivent s’impliquer davantage et faire l’effort de se mettre à la place des entreprises. Il prend l’exemple de la réalisation de la nouvelle RN 2 à quatre voies “qu’il faut accélérer car sans désenclavement, Fourmies sera toujours aussi loin de Lille ou de Valenciennes”. Il affirme qu’un dispositif de type zone franche devrait être créé. Ou lance encore : “Les entreprises locales doivent profiter des marchés publics locaux et les élus doivent écarter les entreprises qui font appel à des travailleurs détachés, ce qui crée des situations de concurrence déloyale”.
Bernard KRIEGER