Dunkerque : le collectif CO2 travaille à la décarbonation du territoire
Depuis trois ans, le collectif CO2, créé à l’initiative du sidérurgiste ArcelorMittal, travaille sur une stratégie globale pour accélérer la décarbonation du territoire, qui pèse entre 3 et 4 milliards d’euros d’investissements, et plus globalement pour développer l’écologie industrielle.
C’est le site ArcelorMittal de Dunkerque qui, le premier, a eu l’idée de la création de ce collectif, «tout simplement parce que nous pesons 12,7 millions de tonnes de CO2 sur les 33,7 émises par le territoire chaque année», précise Thierry Flament, son directeur, élu à la CCI Littoral Hauts-de-France. Il a été très vite rejoint par d’autres industriels locaux, comme Aluminium Dunkerque ou Comilog.
Puis, devant l’évidence que la décarbonation industrielle devait être portée par un territoire tout entier, la communauté urbaine de Dunkerque, Dunkerque Port, la CCI Littoral-Hauts-de-France sont venus s’y greffer. «Ensemble, c’est vraiment l’industrie de demain que nous voulons construire. Elle sera sans carbone, moins énergivore et beaucoup plus dans la valorisation des sous-produits. Ou bien elle disparaîtra, c’est inéluctable. Alors, autant la préparer dès aujourd’hui, d’autant que les investissements nécessaires à cette transformation sont colossaux, de l’ordre de 3 à 4 milliards d’euros pour notre territoire», témoigne Rafaël Ponce, directeur au développement économique et à l’attractivité du territoire à la communauté urbaine de Dunkerque et membre du collectif.
"Nos industriels sont prêts à faire les efforts financiers pour décarboner"
Récemment, l’annonce du projet de décarbonation d’ArcelorMittal grâce à un changement radical de process de fabrication de l’acier, pour un 1,4 milliard d’euros sur ses sites de Dunkerque et de Fos-sur-Mer (Bouches-du-Rhône), a parfaitement illustré le travail commencé par le collectif, «avec l’Etat qui a pris la décision de participer financièrement à cet investissement», se satisfait Rafaël Ponce. «C’est l’une de nos revendications : nos industriels sont prêts à faire les efforts financiers pour décarboner mais pas tous seuls.»
Au-delà, c’est désormais tout un territoire qui travaille avec le collectif à la mise en place de solutions pour décarboner son industrie, solutions qui passent aussi par des synergies interentreprises, et qui pourraient même être dupliquées sur d’autres territoires. «Nous sommes un peu un laboratoire ici, à Dunkerque, en termes de décarbonation et d’écologie industrielle. Et, nous le savons, cela intéresse au-delà de nos frontières. Nous réfléchissons, par exemple, à la création d’un hub qui fournirait du CO2 collecté et stocké par les industriels émetteurs, aux industriels voisins qui en ont besoin, commente Thierry Flament. Nous travaillons aussi à la mise en place des infrastructures et des filières nécessaires à la décarbonation de nos industries, comme l’hydrogène, le nucléaire et l’éolien.»
Disposer en quantité d’une énergie bas carbone (comme le nucléaire ou l’éolien) est en effet indispensable à la production d’hydrogène vert que le territoire devra produire à hauteur de 350 000 tonnes par an pour parvenir à décarboner son industrie.
Le collectif travaille aussi plus globalement sur l’économie circulaire, dont le territoire dunkerquois est l’un des pionniers. «Nous avons, par exemple mis en évidence l’énorme quantité de chaleur fatale qui est envoyée dans l’atmosphère chaque année par nos industriels, et nous travaillons actuellement sur la faisabilité d’une autoroute de la chaleur qui permettrait de relier les industriels entre eux afin qu’ils puissent utiliser cette chaleur produite et jusqu’à présent perdue», détaille Rafaël Ponce. Un travail qui, selon lui, porte déjà ses fruits puisqu’il aurait pesé dans la décision d’implantation de la gigafactory de fabrication de batteries électriques Verkor sur le territoire, annoncée en février dernier.