Du Pont-du-Gard aux arènes, Nîmes est la Rome française
La richesse archéologique confère à la capitale gardoise le titre de Rome française. Parcourir la ville est comme remonter le temps dans l’antiquité romaine.
«Le Nîmois est à demi-romain. Sa ville fut aussi la ville aux sept collines. Un beau soleil luit sur de grandes ruines. Et l’un de ses enfants se nommait Antonin (1).» S’il est espagnol dans l’âme au moment des ferias, le poète Jean Reboul (2) a raison, le Nîmois assume fièrement sa romanité tout le reste de l’année. Comment pourrait-il en être autrement dans une ville longtemps irriguée par le Pont-du-Gard, toujours animée par l’amphithéâtre le mieux conservé au monde et sanctuarisé par l’unique temple du monde romain, la Maison Carrée, conservée dans son intégralité ? Avec sa tour Magne, ses statues, sa collection de pierres tombales, ses mosaïques la ville peut effectivement s’afficher, sans fausse modestie, comme la «Rome Française» et se promener dans Nîmes est comme entreprendre un parcours dans l’Antiquité.
Un parcours qu’il convient de débuter à la source. Dans les jardins de la Fontaine jaillit encore aujourd’hui, sans que l’on sache toujours d’où elle provient exactement, la source autour de laquelle se constituèrent les premiers habitats nîmois, Volques au départ, puis très vite Romains. Mais ceux-ci, grands amateurs de thermes, trouvèrent le débit de cette source insuffisant pour alimenter la Cité qui prend de l’importance au sein des colonies romaines en Gaule. Ses ingénieurs découvrent alors une autre source, celle d’Eure, au débit constant tout au long de l’année. Elle est située à 50 kilomètres des Arènes nîmoises. Qu’importe ! Ils construisent un aqueduc dont le Pont-du-Gard est le vestige le plus monumental. Salué en leur temps par Rousseau, Stendhal et bien d’autres écrivains, l’ouvrage impressionne par sa parfaite harmonie s’inscrivant dans un paysage unique de garrigue. A son arrivée à Nîmes, l’eau est équitablement répartie entre tous les quartiers grâce à un astucieux castellum divisorium, toujours visible rue de la Lampèze. C’est le seul équipement de ce type encore existant dans le monde. Leur confort assuré, les Romains aiment se divertir et fréquentent l’amphithéâtre. Aujourd’hui encore, quel que soit le spectacle, les Nîmois se précipitent dans leurs arènes et s’installent dans les places de leurs ancêtres, au boudin – le premier rang -, ou aux amphis, tout en haut de l’édifice.
La Romanité se vit au quotidien
Nîmes n’en finit jamais avec la Romanité. Lors du creusement d’un vulgaire parking souterrain, la découverte d’une mosaïque exceptionnelle suscite le plus grand engouement. Nîmes réalise alors un écrin pour y installer la merveille : le musée de la Romanité. Toutes les richesses antiques nîmoises soit 5 000 pièces, sont alors rassemblées en ce seul lieu. L’Histoire de la ville reprend tout son sens !
Il est pourtant un moment, où les Nîmois assument plus encore leur romanité. Trois jours durant, à l’occasion des Grands Jeux Romains(3), la ville redevient garnison, la fièvre gagne les boulevards sur lesquels manoeuvrent centurions et légionnaires. Les artisans retrouvent leur place autour de l’amphithéâtre pour proposer leurs créations : couteaux, monnaies, toges, coiffes, sandales… Les restaurants ressortent les vieilles recettes d’Apiciuis, le célèbre gourmet romain. Jusqu’au vin des Costières pour lequel les Romains ajoutaient du miel et de la sarriette ! Le Mas des Tourelles à Saint-Gilles en vend. Cette année, Jules César en personne séjournera dans sa colonie pour savourer son triomphe sur Pompée. Les Nîmois applaudissent ! Un beau soleil luit sur leur ville : Rome !
Jean-Pierre MICHEL, Le Réveil du Midi pour RésoHebdoEco – www.facebook.com/resohebdoeco