Drôle d’endroit pour une rencontre

Auteur, comédien et metteur en scène, Yuval Rozman envisage le plateau comme un lieu d'expériences et de partage et nous invite, avec Tunnel Boring Machine, à rencontrer «l’autre» à travers un personnage en quête d'identité, pris en otage par le conflit israélo-palestinien mais aussi écartelé entre ses désirs et ses détestations. Un spectacle poétique et politique coproduit par le Phénix à Valenciennes et créé lors du festival Next.

© Julien Andujar
© Julien Andujar

Qu’est-ce qu’être Israélien aujourd’hui ? Souvent confronté à cette question depuis son installation en France, Yuval Rozman y répond à sa manière, poétique et politique, avec ce spectacle où, confie-t-il, «j’ai voulu entrer dans la tête, le corps, la peau d’un Palestinien afin de tenter de comprendre comment lui me regarde, lui qui est censé être mon «ennemi». Dans ce projet, il y a aussi le sujet du tunnel. J’ai lu un article qui racontait que ce tunnel, entre Ramallah et Tel Aviv, était utilisé pour la contrebande et le terrorisme mais aussi par les homosexuels palestiniens qui, le vendredi soir, paient des passeurs pour rejoindre Tel Aviv et ses fêtes, faire des rencontres. Cela m’a intéressé de mélanger le conflit israélo-palestinien et le conflit homo-palestinien. Comment un homme doit affronter deux camps qui l’empêchent de vivre sa sexualité comme il l’entend. Au cours de l’écriture du spectacle, j’ai entremêlé différentes voix – une mère, un père, un Palestinien, un Israélien – à l’intérieur du personnage de Khalil interprété par Julien Andujar. Lequel personnage représente chacun d’entre eux, symbolisant en quelque sorte la schizophrénie de ce personnage éclaté entre ces mondes différents, traversé de paradoxes et en quête d’identité

© Julien Andujar

 

Le plateau comme lieu d’expériences

 

«Durant l’écriture du projet, des images faisaient naître du texte comme cette vision de pétards ou de feux d’artifice évoquant à la fois la fête et la guerre à travers les explosions. Ou cette image d’écriture en lettres de feu, des mots surgissant des flammes sur le plateau. J’aime casser les codes, travailler sur un symbole et le détourner ou le détruire. Provoquer aussi des ruptures dramaturgiques par l’humour, la musique ou le chant comme lors de la scène d’ouverture qui sera comme une invitation au spectateur à découvrir notre quotidien. J’aime beaucoup prendre des risques : être ensemble dans une salle puis rompre le confort et faire surgir tout à coup le malaise. Une salle de spectacle est un endroit de partage où le public doit être aussi actif ; c’est un lieu d’expériences en dehors du quotidien

Soit un spectacle à la fois intime et universel où l’humour, la musique ou le chant seront les organes vitaux d’un regard acéré mais généreux sur une terre déchirée.
Représentations du 10 au 12 novembre au Phénix, boulevard Harpignies à Valenciennes. Renseignements et réservations au 03 27 32 32 32 ou sur www.lephenix.fr

Les 14 et 15 novembre à 20h à la Maison de la Culture de Tournai. Renseignements et réservations au 00 32 69 25 30 80 ou sur www.maisonculturetournai.com

Puis les 11 et 12 avril 2018 au Théâtre d’Arras. Renseignements et réservations au 03 21 71 66 16 ou sur www.tandem-arrasdouai.eu

Les 7 et 8 juin au Théâtre du Nord à Lille dans le cadre du festival Latitudes contemporaines.