Downs : la réussite est dans le pré
L'agriculture prend racine en dehors du champ. Pour preuve : le secteur du machinisme agricole est bien plus porteur qu'on pourrait le croire...
Le long d’une route nationale, un hangar. Si de l’extérieur il ne paie pas de mine, à l’intérieur, il s’agit d’une véritable ruche où s’affairent ingénieurs, ouvriers qualifiés et électriciens. Downs existe depuis 1860. À l’époque, il s’agissait d’un maréchal-ferrant implanté en Angleterre. En 1981, Dubrulle, du haut de ses huit années d’existence, devient importatrice de l’entreprise anglaise, qu’elle rachète en 2006. Neuf ans plus tard, la société étend son site, pour en faire le bijou de l’agroéquipement pour les producteurs de pommes de terre et autres légumes qu’elle est aujourd’hui. Chaque agriculteur, selon son activité et le montant des investissements qu’il compte réaliser, a des besoins spécifiques en termes de machinisme. Parmi ces machines agricoles, des appareils monumentaux, qui font parfois la taille d’un hangar, permettent de trier les pommes de terre par calibre, de les débarrasser de leur terre juste au bord du champ, le tout entièrement automatisé. Ce qui participe à de meilleurs rendements et occasionne bien moins de pertes.
Un secteur porteur
«Nous exportons vers 27 pays. » D’emblée, Damien Dubrulle, dirigeant de Dubrulle/Downs, annonce la couleur. Le secteur a peu souffert lors du confinement : le chef d’entreprise estime les pertes à 5%, ce type d’activité restant essentiel même en temps de crise. De 3 millions d’euros en 2006, l’entreprise s’est développée et compte atteindre les 10 millions d’euros en 2020/2021. «Il y a quelques années, les mois de juin à septembre étaient de gros mois, résume Damien Dubrulle. Aujourd’hui, nous n’avons plus que des mois chargés.» Dans la pratique, l’entreprise sous-traite le moins de tâches possibles : depuis la découpe jusqu’à l’assemblage, en passant par la peinture et les branchements, les machines sont montées en quasi-intégralité sur le site de Sainte-Marie-Cappel, près de Cassel. En jeu : une maîtrise des coûts et du temps. Une exception, toutefois : «Nous sous-traitons l’intelligence artificielle, qui mobilise trop de salariés simultanément pour que le jeu en vaille la chandelle.»
Beaucoup d’emplois qualifiés
Le secteur est porteur, mais nécessite des connaissances poussées : il s’agit de créer des machines à la pointe de la technologie. Dubrulle/Downs cherche à être compétitive en concevant des produits haut de gamme et sur mesure. «Les agriculteurs figurent parmi les professions les plus connectées, détaille le dirigeant. Le bureau d’études et la R&D représentent 7% de nos dépenses.» Un investissement de taille, justifié par le perfectionnement toujours plus grand des outils agricoles. Il faut donc trouver des ingénieurs de haute volée. «Nous avons embauché des ingénieurs qui exerçaient dans l’aéronautique, chez Safran par exemple, détaille le chef d’entreprise. Notre secteur est plus porteur à l’heure qu’il est : l’avantage chez nous, c’est que les agriculteurs ne délocalisent pas. C’est ce qui nous permet de faire venir des talents ici.»
Les chiffres clés de l’entreprise
Le coût d’une machine peut aller jusqu’à 300 000 ou 400 000 euros. Un coût justifié par le fait que Dubrulle travaille sur mesure, avec environ 350 machines conçues par an. Ces machines neuves – l’entreprise dispose aussi de machines d’occasion – sont, pour 40%, vendues en France ; 70% du chiffre d’affaires de l’établissement est réalisé dans l’Hexagone. À l’heure qu’il est, le carnet de commandes de l’entreprise est plein pour les six mois à venir.