Beauvais : une boutique donne une deuxième vie aux bijoux fantaisie
Gérant de la bijouterie Azuline au cœur de Beauvais, Nicolas Buquet a lancé une expérimentation : il collecte les vieux bijoux sans valeur et espère créer une grande filière de recyclage.
Dans la boutique familiale de la place Jeanne Hachette qu'il pilote depuis 2009, Nicolas Buquet joue son rôle de commerçant. Avenant et souriant, il conseille, guide, présente les collections de bijoux fantaisie qu'il vend... À la caisse pourtant, une originalité : une petite carte de visite qui propose : « ensemble agissons pour la planète ».
Le gérant d'Azuline a en effet décidé d'agir en faveur du recyclage des bijoux fantaisie. « Le déclic est venu à l'occasion de mon déménagement quand j'ai vu ma femme jeter ses vieux bijoux cassés ou démodés, raconte-t-il. Et je me suis rendu compte qu'il n'y avait pas de moyen de les recycler. »
Recyclable à l'infini
Usés ou démodés, les bijoux fantaisie contenant peu de métaux rares sont, pour leur très grande majorité, voués à la poubelle. « À la boutique, ce sont des milliers de pièces tous les ans, déplore Nicolas Buquet. Pourtant, nos fournisseurs utilisent tous des métaux recyclés. Et les métaux sont, en bijouterie, recyclables à l'infini. » Le jeune bijoutier décide donc de créer à petite échelle une expérimentation.
Il collecte ces vieux bijoux et les trie. Il récupère ce qui peut l'être (perles, pierres, verre, nacre...) et l'offre à des créateurs comme « Au fil des perles » ou à l'association « Faire ». Et les métaux sont orientés vers des spécialistes de l'affinage de métaux (le groupe français SAPM ou l'Allemand C.Hafner) qui les recyclent et les remettent sur le marché. Pour encourager cette démarche Azuline propose un bon d'achat de 5 euros maximum aux personnes qui viennent réaliser un dépôt. Et le bijoutier, lui, se voit aussi attribuer une cagnotte lors du dépôt des métaux chez les affineurs. « L'idée ce n'est pas de s'enrichir, mais que cela ne nous coûte pas d'argent », explique-t-il.
Assurer la traçabilité
Redoutant les effets d'opportunisme parmi ses confrères, Nicolas Buquet espère pouvoir aller peu à peu vers une filière de recyclage organisée et labellisée à l'échelle nationale. Objectif : tracer les volumes collectés et vérifier qu'ils sont effectivement bien triés et conduits au recyclage. Mais aussi centraliser au maximum le transport. La démarche pourrait par exemple intéresser l'Ademe. Mais il est encore trop tôt pour s'y atteler.
Pour l'heure, Nicolas Buquet espère déjà vérifier la pérennité de l'idée. « Un collègue, avec qui je m'entends très bien, a lancé la même démarche dans ses deux boutiques de Charleville-Mézières [dans les Ardennes, ndlr]. À la fin de l'été, nous devrions avoir un bon étalon des volumes collectés », sourit-il. Il sera alors temps de lancer (ou non) le grand chantier.