Didier Terrier, directeur général associé d'Arthur Loyd Logistique : «Nous avons pu proposer des solutions immobilières…
Arthur Loyd Logistique est une société de conseil spécialisé en immobilier logistique qui dépend du groupe Arthur Loyd. C’est Didier Terrier, directeur général associé, qui a rejoint le groupe il y a dix ans, qui a développé cette filiale. Celle-ci possède aujourd’hui trois bureaux, à Lyon, Paris et Lille. Le dirigeant revient ici sur ce «marché de niche», comme il le qualifie, qui, au cours de l’année 2021, a connu un beau développement dans les Hauts-de-France.
La Gazette : Ce marché de l’immobilier logistique, comment se porte-t-il ?
Didier Terrier : Il se porte de mieux en mieux parce qu’on a une demande très soutenue. Pourquoi ? Parce qu’on a une activité de supply chain (chaîne logistique) qui fonctionne. On l’a vu pendant la crise sanitaire : les entrepôts ont continué de fonctionner, ont continué d’alimenter la France. Quand on parle de supply chain, c’est toute la supply chain du e-commerce, de la grande distribution, de l’industrie, c’est toute l’économie qui est concernée. La force d’évolution du e-commerce fait qu’il y a un développement de nouvelles plateformes pour justement organiser cette distribution qui a poussé la demande placée depuis deux, trois ans. Notamment depuis la Covid, où on voit que le e-commerce est en train de se développer de manière significative.
Paradoxalement, au moment où l’économie dans son ensemble a ralenti, le marché de l’immobilier logistique ne semble pas avoir été impacté par ce ralentissement…
Il a été impacté pendant quelques mois, parce que l’administration s’étant arrêtée, les chantiers ont été stoppés, les permis ont été bloqués. Mais dès la fin du premier confinement, dès juillet 2020, le marché s’est remis en place de manière très soutenue. Pour vous donner une idée, en 2020, la chute du marché de bureau en France a été de l’ordre de 50% alors qu’en logistique, on était autour de 15%. C’est un marché qui a bien résisté.
Et à l’échelle des Hauts-de-France ?
Dans la région, ce marché se porte très bien. D’abord parce qu’il y a un passé économique, et historiquement ça a toujours été une terre de supply chain avec toutes les grandes enseignes. Il se porte d’autant mieux que les politiques sont très accueillants pour cette activité qui est aussi une des activités qui crée le plus d’emplois actuellement sur le territoire. Nous sommes dans une région qui a été sinistrée, donc nous rencontrons des élus toujours très mobilisés pour créer de l’emploi. Que ce soit sur Amiens, dans le bassin minier ou du côté de Calais, l’accueil n’est pas comparable avec celui qu’on va avoir dans des métropoles comme celle de Lyon, où on ne veut plus entendre parler de logistique, alors que ce marché a fait son succès de la fin des années 1990 jusqu’à 2010. C’est la raison pour laquelle le marché dans les Hauts-de-France a explosé cette année, puisqu’on approche les 900 000 m2 placés : c’est plus du tiers de la demande placée, alors qu’on était avant sur des ratios moindres.
La région est aussi une position stratégique…
Surtout, nous avons pu proposer des solutions immobilières, parce que les fonciers étaient prêts, il y avait une demande qui s’est exprimée dans cette région, et les collectivités nous ont aidés à rendre ces fonciers constructibles. C’est comme ça que SEB est arrivé à Bully-les-Mines sur un bâtiment de plus de 100 000 m2. Vous avez d’autres prestataires de la grande distribution qui arrivent pour du e-commerce… C’est un marché très actif.
En termes d’immobilier, on est également sur des bâtiments plus grands, plus conséquents…
C’est vrai qu’on est désormais sur des immeubles XXL, qui peuvent aller de 50 000 à 100 000 m2. Pourquoi ? Soit parce qu’on distribue, depuis ces plateformes, non plus une région mais un territoire européen. Les plateformes prennent un caractère plus interrégional que local. Exemple avec SEB qui est une plateforme européenne. Effectivement, les Hauts-de-France sont un bon emplacement. On a aussi des prestataires logistiques qui essaient, sur un même site, de regrouper des activités qu’on va pouvoir faire travailler ensemble. C’est une tendance qui va dans le bon sens car c’est pour limiter les flux de camions. La volonté de certains prestataires, c’est convaincre les industriels de traiter leur logistique dans un même immeuble pour optimiser les flux, puisque, je vous le rappelle, on livre souvent le même point de vente.
En matière de logistique, on est plutôt sur des bâtiments qu’on va rénover et reconfigurer, ou sur de nouveaux programmes ?
Des bâtiments XXL dans le parc actuel, il y en a très peu. Au début des années 2000, on était plutôt sur des formats d’immeubles de 20 000 ou 30 000, voire 50 000 m2. Là, on va bien au-delà, et il a bien fallu les construire parce qu’ils n’existaient pas dans le parc. Il a fallu aussi du foncier et que les collectivités jouent le jeu pour développer ces activités. Aujourd’hui, c’est le problème qu’on a dans certaines régions, mais pas dans les Hauts-de-France où il y a vraiment de gros projets. C’est une région très dynamique en matière de logistique, et on trouve un accueil très favorable.