Devant le Sacré-Coeur, des associations font craquer le "vernis" social des JO-2024

Les Jeux olympiques de Paris ? Un "beau vernis qui cache la misère", ont dénoncé vendredi à Paris des militants associatifs qui ont mené une action coup de poing devant la basilique du Sacré-Coeur, pour dénoncer le...

Des militants associatifs du groupe "Le Revers de la Medaille" manifestent devant le Sacré-Coeur, à Paris, le 15 décembre 2023 © Thomas SAMSON
Des militants associatifs du groupe "Le Revers de la Medaille" manifestent devant le Sacré-Coeur, à Paris, le 15 décembre 2023 © Thomas SAMSON

Les Jeux olympiques de Paris ? Un "beau vernis qui cache la misère", ont dénoncé vendredi à Paris des militants associatifs qui ont mené une action coup de poing devant la basilique du Sacré-Coeur, pour dénoncer le "nettoyage social" des plus précaires en Ile-de-France.  

De la peinture aux couleurs olympiques, bleue, jaune, noire, rouge, verte, qui dégouline et recouvre les mots "solidarité" ou encore "sans-abrisme" déployés sur les marches menant à la basilique de Montmartre, où la flamme olympique doit être présentée avant les JO-2024 (26 juillet-11 août).

"Les JO, c'est un beau vernis qui cache la misère. C'est ça le nettoyage social, c'est faire disparaitre la solidarité", a illustré Paul Alauzy, coordinateur chez Médecins du Monde et porte-parole du collectif "Le revers de la médaille", qui regroupe plusieurs associations et ONG venant en aide aux personnes précaires vivant dans la rue.

Vers 08H00 vendredi, sous les regards interloqués des touristes venus admirer le lever du soleil, plusieurs dizaines de militants ont déployé des banderoles - "Ne pas laisser l'exclusion en héritage", notamment - devant le monument et ont déroulé de longues bandes de papier sur les escaliers de la butte Montmartre.

Sur chacune, un mot: "squats", "bidonvilles", "campements": autant de lieux de vie occupés par des migrants, des sans-abri ou encore des travailleuses du sexe et qui sont progressivement vidés par les autorités en vue des Jeux, s'inquiètent depuis plusieurs mois ces organisations. 

"Des milliers de personnes passent la nuit dans la rue en Ile-de-France, des familles, des femmes enceintes, près de 700 enfants à Paris et 200 en Seine-Saint-Denis", ont estimé dans un communiqué commun ces associations, dont la Fondation de l'Armée du Salut ou encore Emmaüs Solidarité. 

"Qu'est-ce qui va advenir de ces gens dans les semaines à venir et surtout dans six mois quand, à cet endroit, il y aura la flamme olympique et que les caméras du monde entier ne s'intéresseront qu'au sport, à la grandeur de la France?", a interrogé Paul Alauzy, devant la basilique.

Faire place nette

Les associations, qui avaient mené fin octobre une première action devant le siège du Comité d'organisation des Jeux olympiques (Cojo), réclament une série de mesures pour atténuer les effets néfastes des JO sur ces populations: création d'un centre de premier accueil pour les personnes migrantes, - "comme ce qui a été fait en trois jours pour les Ukrainiens", souligne M. Alauzy - des salles de consommation pour les usagers de drogue ou encore un système de ticket service pour l'aide alimentaire durant la période olympique.

Sollicité par l'AFP, le Cojo n'a pas réagi.

Pour l'instant, malgré les 120.000 places d'hébergement d'urgence proposées chaque nuit en Ile-de-France par la préfecture, le compte n'y est pas pour les associations: les expulsions des squats et autres bidonvilles "vont se multiplier" dans les semaines à venir et la situation nécessite la création de 10.000 places supplémentaires, a estimé lors d'une conférence de presse Lila Cherief, responsable francilienne du Secours Catholique-Caritas France.

Les ONG redoutent que les autorités veuillent faire place nette, pour des questions d'image, en région parisienne. Pour les seuls squats et foyers de travailleurs migrants, le collectif Schaeffer, soutien du "Revers de la médaille", estime à 4.100 le nombre de ressortissants de pays africains qui ont été déplacés de la Seine-Saint-Denis après le démantèlement de leur lieu de vie.

A cela s'ajoute l'accélération des démantèlements de campements (35 opérations menées par la préfecture de la région d'Ile-de-France depuis janvier), d'où 3.329 personnes ont été transférées en province. En avril, le gouvernement a ouvert plusieurs "sas" dans les régions, des structures d'accueil temporaires destinées à recevoir des personnes exilées qui vivaient dans les rues de Paris.

"L'urgence arrive dans six mois", observe Paul Alauzy. "Mais l'urgence c'est avant, pendant et après les Jeux."

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