Devant la cour, le "hasard fou" de la correspondance entre Rédoine Faïd et la belle-fille du pilote

Entre 2014 et 2016, Rédoine Faïd a entretenu une relation épistolaire avec une femme. Deux ans plus tard, ses complices ont pris en otage son beau-père, pilote d'hélicoptère, pour le libérer de la prison de Réau. Un "hasard"...

Rédoine Faïd à l'ouverture de son procès devant la cour d'assises de Paris, le 5 septembre 2023 © Benoit PEYRUCQ
Rédoine Faïd à l'ouverture de son procès devant la cour d'assises de Paris, le 5 septembre 2023 © Benoit PEYRUCQ

Entre 2014 et 2016, Rédoine Faïd a entretenu une relation épistolaire avec une femme. Deux ans plus tard, ses complices ont pris en otage son beau-père, pilote d'hélicoptère, pour le libérer de la prison de Réau. Un "hasard", a confirmé lundi Céline M. à la barre.

"Vous aviez dit +ce hasard était fou+", rappelle la présidente Frédérique Aline à la témoin. "Je le pense toujours", répond Céline M., visiblement pas très à l'aise devant la cour d'assises de Paris. 

A sa gauche, dans le box, Rédoine Faïd, crâne rasé et pull vert, garde la tête baissée.

A sa droite, sur le banc des parties civiles, son beau-père Stéphane Buy, pilote d'aujourd'hui 60 ans, pris en otage en juillet 2018 au prétexte d'un baptême de l'air, et forcé à se poser devant la prison de Réau pendant qu'un commando armé exfiltrait Rédoine Faïd. 

Céline M., veste de tailleur, est gestionnaire en ressources humaines. En 2014, elle était tombée sous le charme du braqueur multirécidiviste en lisant son autobiographie, et avait décidé de lui écrire. Il répond, et pendant deux ans, ils correspondent régulièrement.

"On parlait de choses légères comme graves, de musique, d'anecdotes, du décès de mon père ou de ses conditions de détention", décrit-elle, reconnaissant une "fascination", un "fantasme" autour du braqueur. "Jamais" elle n'a parlé de son beau-père ni de "sa passion" pour l'hélicoptère. Elle met fin à cette correspondance quand elle rencontre un nouveau compagnon.

Après l'évasion de juillet 2018, elle ne dit rien à Stéphane Buy.

"Pourquoi ?", demande la cour. "Un peu par manque de courage, et aussi parce qu'il était très affaibli, je me suis dit que j'allais lui rajouter une anxiété", dit Céline M., 48 ans.

Près d'un an après l'évasion, elle et et son beau-père sont placés en garde à vue, où Stéphane Buy apprendra l'existence de cette relation épistolaire et dira "tomber de l'armoire", rappelle la présidente.

Elle souligne que Céline M. avait évoqué en garde à vue l'idée d'une "vengeance" de Rédoine Faïd, parce qu'elle ne répondait plus à ses lettres. 

Céline M. balaie, parle de réponses données "après trois jours de garde à vue" à des questions "orientées" d'enquêteurs qui lui demandaient "une explication à tout ça". 

"Je n'ai pas d'explication rationnelle", dit-elle.

Les enquêteurs ont conclu à la coïncidence, qu'a confirmée Rédoine Faïd au début du procès en s'excusant auprès de Stéphane Buy: "Je me serais jamais permis de faire ça à Céline".

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