Désindustrialisation ou réindustrialisation ?
Le « baromètre de la réindustrialisation » dévoilé par Bercy affiche un bilan positif en terme d'ouvertures d'usines sur les six premiers mois de l'année. Avant la fin d'une dynamique ?
Le 5 novembre, Michelin annonçait la fermeture de deux de ses sites de production (environ 1 250 emplois), à Cholet (Maine-et-Loire) et Vannes (Morbihan), d’ici 2026. Deux jours plus tard, Bercy annonçait les résultats de son « baromètre de la réindustrialisation » pour le premier semestre 2024. Selon ce dernier, le solde entre les créations et les fermetures d’usines en France reste positif avec 36 ouvertures nettes. Mais la chute est vertigineuse par rapport à 2022 et 2023, avec des soldes positifs de, respectivement, 176 et 189 usines. « La dynamique de réindustrialisation reste positive, malgré un ralentissement attendu », commente Bercy dans un communiqué.
Globalement, une « normalisation post Covid et une conjoncture dégradée par les incertitudes géopolitiques ayant ralenti les prévisions d’investissements », expliquent cette tendance. Les différents secteurs connaissent des évolutions diverses. L'industrie dite « verte », qui concentre près de la moitié des ouvertures d'implantations, continue d'afficher une tendance positive ( batteries, photovoltaïque, pompes à chaleur, éolien, hydrogène... ). Les projets concernant les biens de consommation continuent aussi de connaître une évolution positive. En revanche, d'autres secteurs souffrent de la conjoncture. C'est notamment le cas de la plasturgie (cinq fermetures d’usines pour deux ouvertures) et de l’industrie du papier (deux fermetures pour une ouverture).
La région Auvergne-Rhône-Alpes reste dynamique
Le secteur qui inquiète le plus est celui du transport, et plus particulièrement, de l'automobile. Bercy a recensé 17 fermetures d'usines ( souvent celles d'équipementiers) pour 11 ouvertures. En cause : les répercussions de la crise de l'énergie et la baisse des ventes de véhicules neufs.
Au niveau territorial aussi, les tendances sont variées, et les résultats du premier semestre 2024 confortent des dynamiques régionales déjà observées. Certaines collectivités affichent un solde positif. L’Auvergne-Rhône-Alpes est la région la plus motrice en terme d'ouvertures d'usines (+20), suivie par la Nouvelle-Aquitaine (+13) et de l'Occitanie ( +5). A contrario, avec un solde négatif, (-3) la région Hauts-de-France comptabilise un nombre de fermetures plus important que celui des ouvertures, en dépit de la montée en puissance de sites industriels « à forte valeur ajoutée », comme celui de Renault qui lance la production d’une partie de ses nouveaux véhicules électriques à Cuincy, dans le Nord, ou de la gigafactory de batteries d’ACC, près de Lens, met en avant le communiqué de Bercy.
Au final, sur les six premiers mois de l'année, le « baromètre de la réindustrialisation » du ministère de l’Economie conclut à un nombre de créations d'usines supérieur à celui évalué par Trendeo, cabinet d'études spécialisé dans l'emploi et l'investissement. Selon ce dernier, seuls 18 nouveaux sites ont vu le jour. Mais c'est surtout la dynamique observée par Trendeo à la fin du semestre qui interpelle. Entre avril et août 2024, les fermetures de sites ont été plus nombreuses que les ouvertures. L'Hexagone a perdu 10 usines sur la période, avec 47 fermetures pour 37 ouvertures.