Commerce
Des ventes de licences IV pour redynamiser le territoire ?
Depuis plus d’un an, le secteur de la restauration est touché de plein fouet par le Covid-19. Pourtant, les ventes de licence IV se poursuivent dans l’Aisne, parfois à des niveaux records. Comment expliquer ce phénomène ?
Fin juillet, deux licences IV ont atteint des prix jamais vus à l’hôtel des ventes de Saint-Quentin. Estimées individuellement à 3 000 euros, elles ont trouvé preneur à 8 000 et 8 450 euros. Comment expliquer ce record alors que de la crise sanitaire a touché le secteur de plein fouet ? De nombreux bars et restaurants ont ainsi été contraints de fermer, certains n’ont toujours pas repris leur activité jusqu’à aujourd’hui. Jean-Marie Serre président de l’Union des métiers et des industries de l’hôtellerie (Umih) de l’Aisne, décrypte ce phénomène.
« Il faut savoir qu’une licence est réglementée, elle est valable cinq ans (ndlr : si elle n’est pas exploitée immédiatement),elle ne peut pas être placée à côté de zones dites "protégées", comme une école, ou d’un cimetière », explique, en préambule, Jean-Marie Serre, président de l’Umih de l’Aisne. « Il ne peut y avoir qu’une seule licence pour 450 habitants, et celle-ci ne peut pas quitter sa région », les possibilités pour s’installer sont donc restreintes.
Recréer de l’attractivité
Néanmoins, une forme de mobilité est possible au sein de la région à laquelle est rattachée la licence. De plus, le détenteur de celle-ci peut ensuite la revendre dans un délai de cinq ans, s’il ne souhaite pas ouvrir d’établissement. « Cela permet d’acheter une licence, par exemple, 3 000 euros à Saint-Quentin et la revendre 30 000 euros à Lille. » Cependant, cette forme de spéculation pourrait également "redynamiser" certaines zones, à terme. C’est-à-dire : recréer de l’attractivité au sein d’un territoire où les bars ont fermé, où, après la réouverture, les clients se font plus rares à cause du protocole sanitaire strict.
« En octobre, arriveront forcément des dépôts de bilans, et suite à cela, des achats de licences auront lieu, ou des transferts pour redynamiser et peut-être ouvrir des bars. Pourquoi pas dans les espaces ruraux ! », espère le président de l’Umih 02. « Aujourd’hui dans les espaces ruraux il n’y a pratiquement plus de bars », poursuit Jean-Marie Serre. Dans certaines de ces zones, des commerces, eux aussi, disparaissent.
Au profit des espaces ruraux
Heureusement ce n'est pas le cas partout. Tandis que des commerces ferment, des artisans et commerçants provenant de milieu urbain s’installent dans les petites villes de campagne et rendent le territoire plus attractif. Une parfaite balance, « les communes au-delà de 500 habitants cherchent justement à redynamiser, en ayant un tabac, une boulangerie, un bar, un restaurant… détaille Jean-Marie Serre. Là il y aura une chance que les licences vendues aux enchères puissent arriver dans la ruralité. »