Environnement
Des toilettes sèches aux champs, l’économie solidaire, écologique et locale de Gink’oop
Les toilettes sèches sont de plus en plus sollicitées par les organisateurs d’évènements, pour leur impact moindre sur l’environnement. La coopérative Gink’oop à Saint-Gobain, fait figure de précurseur dans le domaine et multiplie les projets d’économie circulaire.
Créée en 2009, la société coopérative Gink’oop de Saint-Gobain, dans l’Aisne, conçoit et loue des toilettes sèches pour l’événementiel : festivals, événements sportifs, brocantes etc… Gink est une référence au ginkgo Biloba, un arbre éternel, l’un des plus vieux êtres vivants de la Terre, et oop, pour coopération entre les hommes.
À l’origine de la SARL coopérative ? Cinq amis. Ils ont créé un festival de musique en 2005, les Vers solidaires à Saint-Gobain, qui existe toujours aujourd’hui. « C’est un festival militant, décrit Yvain Brochot, sur les droits humains et l’environnement. Il fallait que l’on soit cohérent entre nos paroles et nos actes pour limiter l’impact du festival. »
Vient alors l’idée des toilettes sèches, à l’époque peu développées. Ils font venir de la Rochelle une association qui les aide pour leur mise en place. « À ce moment-là, on avait 25-26 ans, et l’envie d’entreprendre, alors on a lancé la coopérative ».
Bois local, à moins de 50 km
Les cabines sont conçues avec du bois local, venant de forêts de l’Aisne, un élément essentiel pour les amis, qui souhaitent avoir le moins d’impact possible. « Nous vérifions aussi comment sont gérées les forêts, s’il n’y a pas de coupes rases, et des essences diversifiées », ajoute le forestier de formation.
Pour parfaire cette économie circulaire, le compost est ensuite répandu dans les champs. Les cinq salariés à temps plein compostent eux-mêmes pour les petits volumes. En revanche, pour les gros volumes, ils sont compostés dans un centre près de Péronne, pour ensuite être distribués aux agriculteurs et remplacer ainsi les engrais chimiques. « Une récente thèse a démontré l’intérêt de l’urine. Elle a prouvé que c’était quasiment aussi efficace que les intrants, c’est une révolution », s’enthousiaste le jeune homme.
Aujourd’hui, la coopérative loue 200 cabines et 200 urinoirs dans les Hauts-de-France et en Île-de-France. Le Covid a eu un impact important, surtout en 2020, « qui était quasi une année blanche avec l’arrêt de tous les événements ». Ils survivent grâce aux aides de l’État, et restent prudents quant au début de la saison, prévue en mars, « les événements sont maintenus, mais à jauge réduite ».
Toilettes sèches sur les chantiers
Mais les salariés fourmillent de projets. « Nous venons de mettre au point un prototype d’urinoir féminin, les tests sont en cours », explique Yvain Brochot. L’idée est de permettre aux femmes d’être plus rapides, et ainsi d’éviter les longues files d’attentes devant les toilettes, notamment dans les festivals.
La coopérative souhaite aussi développer à la vente une gamme de cabines de toilettes sèches pour les particuliers, les collectivités, mais aussi pour les entreprises du bâtiment. « Il faut pour cela des cabines plus résistantes car elles peuvent rester longtemps sur les chantiers mais aussi plus confortables. » Dernier projet en cours : la construction de leur propre centre de compostage, à dix km de Saint-Gobain, pour une mise en service l’année prochaine.