Des résultats exceptionnels avant une année floue...
Alors que la date butoir du Brexit pourrait être repoussée, le groupe franco-britannique Getlink, concessionnaire de l’infrastructure du Tunnel sous la Manche, affiche des résultats 2018 exceptionnels.
Depuis plus d’une décennie, Getlink surfe sur un trafic haussier et un développement continu de ses activités connexes, aussi bien dans le transport qu’avec sa filiale dédiée à la logistique. En 2018 encore, la hausse est conséquente : +5% à 1,079 milliard d’euros ; 636,4 millions d’euros pour le trafic navettes (+6%) et 11 millions de passagers pour Eurostar (+7%), 121 millions d’euros pour Europorte (+2%). Le groupe améliore son résultat net de 130 millions d’euros (+5%) et octroiera 36 centimes d’euro de dividende en fin d’année. L’année 2018 s’est particulièrement bien déroulée avec des nouveaux records de trafic fret (1,7 million de camions transportés, 2 077 trains, en hausse de 3%). L’an dernier, plus de 2,7 millions de véhicules de tourisme ont emprunté le tunnel (+2%).
La filiale Europorte se porte tout aussi bien : les volumes de produits pétrochimiques et de ciment sont en hausse, et le renouvellement des contrats se déroule sous de bons auspices. Une nouvelle collaboration avec un grand groupe pétrolier devrait être annoncé prochainement. Enfin, la petite dernière Eleclink (projet de nouveau raccordement électrique franco-britannique) se déroule selon le calendrier prévu. Cette nouvelle manne sécurisera davantage les comptes de Getlink.
Une année
blanche ou noire ?
Le groupe affiche sa sérénité pour 2019 malgré la prévision d’un deuxième semestre un peu chahuté. «Clairement, on s’attend à des perturbations», a soupiré Jacques Gounon. La mise en place de nouveaux équipements sur le site pour aider au traitement des flux qui pourraient être ralentis en cas de Brexit dur ne rassure pas. Pour le PDG de Getlink, 2019 sera une «année blanche» à cause de la sortie du Royaume-Uni. Mais avant une reprise de l’activité l’an prochain, Jacques Gounon confirme la perspective d’un excédent brut d’exploitation supérieur à 735 millions d’euros en 2022. Du côté des passagers, «on peut penser qu’un certain nombre de touristes britanniques, pris entre les gilets jaunes et le Brexit, vont se demander si c’est le moment d’aller passer le printemps sur le Continent», a-t-il remarqué. Et pour les marchandises, certains transporteurs sembleraient peu au point quant aux nouvelles formalités douanières qui devront être remplies avant le passage du tunnel.
Quelles que soient les perturbations liées au Brexit, le PDG de Getlink montre cependant un visage serein et relativise : «Les choses se remettront en place et nous aurons un bon second semestre.» En attendant, Getlink reste sur ses gardes : une nouvelle ligne maritime entre la Belgique et l’Angleterre pourrait concurrencer les opérateurs maritimes de Dunkerque et Calais, et ferroviaires à Coquelles.