Des résultats encourageants

La conférence de presse annuelle du Grand Port maritime (GPM) inaugure une année 2015 satisfaisante pour la direction : trafics en hausse, tendance générale plutôt positive, investissements et projets maintenus. Le port d'Etat s'appuie fortement sur ArcelorMittal et poursuit le développement de son offre transmanche.

« Le Grand Port Maritime affiche 47 millions de tonnes transportées en 2014. Une hausse de 8 % ».
« Le Grand Port Maritime affiche 47 millions de tonnes transportées en 2014. Une hausse de 8 % ».
CAPresse 2014

Stéphane Raison, président du directoire du Grand Port maritime.

C’est une année qui fait presque sortir le port de la période d’après-crise de 2008. A l’époque, le Grand Port maritime affichait plus de 50 millions de tonnes de marchandises transportées. En 2014, il a atteint globalement 47 millions de tonnes contre 43,6 en 2014, en hausse de 8%. «Nous revenons aux trafics des années 2011/2012», a rappelé François Soulet de Brugière, président du conseil de surveillance. Et quasiment tous les feux sont au vert, quoique sans commune mesure par rapport aux ports belges : les conteneurs passent la barre des 310 000 (dont 177 000 pleins), soit 2,9 millions de tonnes en volume (+7%). Le port a vu passer 23,6 millions de tonnes de vracs secs l’an dernier (une hausse de 9%) ; les minerais ont suivi la même tendance (+13%) avec 13,5 millions de tonnes. «Parmi les meilleurs signaux» de l’année figure le transmanche, dont un nouveau terminal est en cours de réalisation. «Le trafic roulier est en augmentation de 13% pour un tonnage de 13,9 millions (nouveau record). Le nombre de camions et remorques est en hausse de 14%, à 570 000 unités de fret (nouveau record). Les passagers et les voitures de tourisme sont respectivement en progression de 10 et 3% pour 2 520 000 voyageurs (nouveau record) et 670 000 véhicules», détaille le GPM. Sans oublier l‘annonce par DFDS Seaway de passer ses bateaux par GNL : le terminal méthanier trouve là ses premiers clients avant son lancement cette année. Stéphane Raison, président du directoire, attend aussi de nouveaux trafics grâce aux possibilités de transbordement, avec le projet de Dunfrost notamment. En sus, Dunkerque est devenu en 2014 le troisième port céréalier de France avec un quasi-doublement de ses trafics (+48%), à 2,3 millions de tonnes.

CAPresse 2014

Le Grand Port maritime affiche 47 millions de tonnes transportées en 2014 : une hausse de 8%.

ArcelorMittal tire le port. Le géant mondial de la sidérurgie prend une part significative dans la bonne tenue des trafics portuaires. Son projet canadien de Baffinland apportera au port 650 000 tonnes cette année. Mieux, ses investissements promettent d’autres trafics. Ainsi, cet été, la rénovation du haut-fourneau n° 2 (une centaine de millions d’euros) fait poindre d’autres arrivées de vracs et sorties de brames. Un portique est également en attente. Le projet de pâte à coke fait également espérer d’autres trafics chez le groupe franco-indien. Sur le quai des Flandres, le nouveau portique est attendu. La stratégie (2014-2018) du Grand Port maritime repose sur plusieurs axes adoptés en novembre dernier. La reconquête de l’hinterland est une des priorités avec le transbordement. «Nous avons un rôle d’éclatement des vracs. C ‘est déjà le cas avec le port de Brême», insiste François Soulet de Brugière. Le port attend naturellement l’entrée opérationnelle du GNL avec le méthanier. Le GPM se veut aussi un «port durable» : «les coproduits des uns font les produits des autres», argumente Stéphane Raison. Une étude a d’ailleurs été menée sur l’économie circulaire portuaire. Enfin, le port se veut un vrai partenaire, notamment social : «un jour de grève en 23 ans !» rappelle le président du directoire. Dunkerque veut aussi se repositionner au centre de la Côte d’Opale et de la métropole lilloise : «La Métropole doit repasser par Dunkerque. C’est en cours.» Enfin, Dunkerque se montre satisfait de l’évolution portuaire de Calais et de Boulogne-sur-Mer. «Nous nous réjouissons que la Région ait octroyé la Délégation de service public à une seule entité (la CCI Côte d’Opale). Nous serons dans le projet d’investissement (1% du capital de la société de projets), mais on ne va pas du tout fusionner. Commercialement, on commence à s’afficher ensemble. Ce que nous devons vendre, c’est la façade portuaire de la Côte d’Opale avec ses trois ports», détaille François Soulet de Brugière.

Hinterland et perspectives. Le GPM et Dunkerque LNG déposeront un dossier à la Commission nationale du débat public (CNDP) pour leur projet de plate-forme de transbordement de gaz naturel liquéfié, qui devrait attirer la flotte des navires qui tournent au GNL. L’investissement se chiffre en centaines de millions d’euros. Parmi les autres perspectives de 2015, les vracs devraient être orientés à la hausse grâce à l’élargissement du cercle d’évitage au bassin Ouest. De plus gros navires pourront manœuvrer. La fin des travaux du terminal méthanier et sa mise en service cette année font entrevoir un trafic supplémentaire. Sur le marché des conteneurs, le port devrait bénéficier de la mise en service d’Ocean 3, une ligne asiatique qui fait escale en Méditerranée. Le premier navire arrivera mi-février. Le transit time sera amélioré pour cette formule maritime où plusieurs compagnies partagent un même bateau. «Les ports touchés après nous sont loin, c’est une opportunité pour notre hinterland» selon François Soulet de Brugière. Dunkerque vise toujours les conteneurs en investissant pour ses quais, notamment celui de Flandres, ses 2 km et ses 18 m de tirants d’eau à suivre (contre 16,5 aujourd’hui). Ce projet est doublé d’un terre-plein attenant de 50 ha. Si 2015 sera le temps des études et des procédures, 2016 sera l’année des travaux. Vracs et minerais doivent suivre avec les bonnes perspectives qu’offre l’augmentation de la production d’ArcelorMittal (voir plus haut). Le Grand Port maritime va afficher environ 79 millions d’euros de chiffre d’affaires en 2014 (+3,1%), même si les comptes ne sont pas encore clôturés, pour un résultat probable de 8 à 9 millions d’euros.