Des réseaux surveillés et optimisés
Imaginez un centre de supervision ultra moderne, avec sur un écran tactile les données en temps réel d’un réseau d’adduction d’eau potable de 3 700 kilomètres avec 45 forages et de nombreuses installations associées. Figurez-vous que cet outil existe et qu’il a été développé en interne à Lens. Explications.
À Lens, Eaux de l’Artois, la marque locale de Veolia qui exploite dans le cadre d’une DSP (délégation de service public) les réseaux d’eau potable et d’assainissement sur le territoire de l’agglomération de Lens-Liévin (CALL), a mis en place des moyens modernes de supervision de ses réseaux.
Sur le territoire de Lens, l’entreprise œuvre pour une collectivité très portée sur l’innovation. S’il y a encore 15 ans, les services de Veolia avaient recours à des cartes et des schémas du réseau pour en assurer la gestion et la maintenance, cette époque est désormais révolue. L’entreprise a développé en interne un outil spécifique en se basant sur la puissance et la polyvalence d’un système d’information géographique (SIG). «Nous travaillons dans un domaine trop particulier pour intéresser les éditeurs de logiciels, il n’existe donc aucune solution dédiée à nos métiers», explique Laurent Kosmalski, directeur de l’antenne artésienne de Veolia.
Le groupe a donc développé “Hypervision 360”, qui met à disposition des équipes sur le terrain un accès à une série de modules permettant de récupérer des informations. «L’outil est d’abord au service des utilisateurs et de l’amélioration des performances et de la qualité du service public. Il permet également d’avoir la transparence et la professionnalisation demandées par les clients», poursuit-il.
L’outil a permis à l’entreprise de gagner en efficacité, de simplifier certaines tâches, d’en automatiser d’autres. Laurent Kosmalski souhaitait aller plus loin en faisant remonter des informations en temps réel sur une carte du territoire reprenant l’ensemble des informations. En interne, Christophe Panou, spécialiste du traitement des données, avait les compétences nécessaires pour répondre à cette demande.
Développé en interne
Depuis quelques années, les installations du réseau évoluent, elles sont reliées à l’ADSL et sous télésurveillance. «Nos métiers ont dans le même temps également fortement évolué. Nous traitons une quantité de données de plus en plus importantes», souligne le directeur du site. Cette mutation a poussé l’entreprise à mettre en place une gestion intelligente des équipements et à développer un Centre dédié de pilotage des mouvements de l’eau (CME).
Christophe Panou a pour cela développé plusieurs couches spécifiques sur le système d’information ouvert QGIS (ndlr : un système d’information géographique libre et open source), qui permet de faire remonter toutes les données spécifiques. Dorénavant, depuis le centre d’Hypervision, l’entreprise peut afficher en temps réel le niveau de chaque réservoir, la pression sur le réseau. «L’outil nous a permis de gagner en efficacité, notamment pour la détection de fuites, la mesure de pression ou encore l’analyse d’éventuelles pollutions», se félicite-t-il. Des oreilles électroniques ont par exemple été installées sur le réseau, afin de sectoriser le territoire et d’affiner la recherche de fuites.
La mise en place du système pour le réseau d’eau potable a nécessité une année de développement, les premiers travaux remontent à 2014. «L’outil est fonctionnel depuis deux années environ», indique Christophe Panou, précisant qu’avec les évolutions technologiques, le système est continuellement en évolution : «Il progresse également en fonction des besoins, tant internes que des clients.»
Optimisation
En ce qui concerne l’assainissement, le développement de l’outil, plus complexe, a demandé plus de temps. Le réseau est en effet constitué de plus d’équipements (station de relevage, pluviomètre, etc.). «Notre métier en assainissement repose sur le recueil de données, leur analyse et la planification avec deux niveaux : le préventif et le curatif», précise Laurent Kosmalski.
Le sujet de l’assainissement est très important sur le territoire de l’agglomération lensoise, de plus en plus confrontée à des événements climatiques marqués, comme les orages, et donc à une quantité importante d’eau à traiter sur le réseau d’assainissement.
Autre particularité sur le territoire, le réseau est unitaire : les eaux pluviales et les eaux usées transitent par le même tuyau jusqu’aux différents équipements de traitement.
Grâce à ces outils, l’entreprise a appris à travailler différemment, à optimiser ses interventions, pour gagner en temps, en efficacité et donc en réactivité. «Lorsqu’un équipement tombe en panne, nous recevons une alerte au sein du centre de supervision. Cela déclenche l’intervention d’un technicien qui peut rapidement identifier le type de panne et remettre en service l’équipement.»
D’autres optimisations sont possibles grâce aux données qui remontent en temps réel. L’entreprise connaît les consommations électriques, débit et autres vitesses de ses équipements, ce qui permet de les remplacer préventivement lorsqu’ils montrent des signes de fatigue, et donc de faire des économies.
L’antenne Artois du groupe Veolia a une sérieuse avance en matière de gestion intelligente de réseau et répond parfaitement aux attentes des collectivités qui veulent une meilleure vision des services de l’eau et de l’assainissement sur leur territoire.
Encadré
Les réseaux en quelques chiffres
Eau potable
- 3 689 kilomètres de réseau
- 45 forages
- 39 réservoirs
- 8 unités de dénitratation
- Deux unités de défferisation
- Une unité à charbon actif
- Une unité de nanofiltration
Assainissement
- 2 455 kilomètres de réseau
- 60 000 avalions
- 90 stations de relevage
- 15 usines de traitement
- Une unité de méthanisation