Des pommes, des poires... en cueillette libre
Stéphane Vecten est arboriculteur à Cuvilly dans l'Oise depuis 15 ans. Agriculteur également, le quinquagénaire passionné par la nature voulait à travers son verger, de deux hectares en libre cueillette, développer le contact direct avec des clients de plus en plus nombreux et soucieux de consommer local. Rencontre.
La plantation des pommiers du verger de Cuvilly date de 2003 pour le premier carré du bas et de 2005 pour le second. Il s’agissait, au début, de petits arbres que l’on appelle scions, de jeunes rameaux flexibles qui deux ans après la plantation commencent à donner leurs premières pommes. Stéphane Vecten détient donc, au total sur le site, une jeune plantation composée de 14 variétés de pommes.
Sa particularité : un verger de libre cueillette. « Ce sont les clients qui viennent choisir et cueillir eux-mêmes leurs pommes, leurs variétés au fur et à mesure de la maturité du fruit. On démarre la saison aux alentours du 20 août jusqu’au 11 novembre. On s’adapte selon les années car le climat change, donc c’est de plus en plus tôt », dévoile l’arboriculteur qui a façonné son verger de 6 000 arbres en cueillette libre afin que les cueilleurs aient les pommes à portée de main. Ici pas besoin d’échelle : la greffe des arbres se trouve à 15 centimètres du sol et, au-dessus, il y a l’arbre qui va produire.
Mais pourquoi des pommes et des poires ? « J’aime ces fruits, la région et le sol picard sont propices à leur production, avec une charge de travail que je pense possible de maîtriser tout au long de l’année. Et l’un des gros avantages des poires et des pommes, c’est qu’elles ne se cueillent pas forcément le jour J, mais la veille, le lendemain ou le surlendemain. Ce n’est pas comme les fraises qui doivent se cueillir tout de suite », explique-t-il tout en admettant le côté vieillissant du fruit un peu moins apprécié de nos jours par les jeunes générations. Ces dernières consomment en moyenne quatre kilos de pommes par mois alors que les anciens sont davantage à 50 kilos en quinze jours.
Mangez des pommes
La pomme souffre d’une mauvaise image, née il y a 20 ans, liée à l’utilisation à outrance de pesticides. « C’est une fausse image, encore vraie il y a 15 ans mais il n’en est plus rien aujourd’hui. Tout a fortement changé. On fait aujourd’hui de l’agriculture raisonnée, voire biologique avec zéro résidu de pesticides qui fait que l’on a un produit qui est beaucoup moins traité. Alors certes il peut y avoir des petits défauts mais cela ne change rien à son goût. L’agriculture française, en dix ans, a énormément changé avec la mise en place de normes considérables. La pomme aujourd’hui est très saine, un produit nec ultra sur lequel on ne communique pas assez à mon goût », assure Stéphane Vecten qui fait partie des agriculteurs affiliés au Bulletin de santé végétale (BSV).
Du côté du verger, il l’exploite en son nom propre dans la commune où ses parents étaient exploitants agricoles en grande culture. Il a lui-même repris une partie de cette activité où l’on produisait du blé, des betteraves, du maïs, du colza et des pommes de terre sur une plaine bien irriguée. La particularité du verger est qu’il est situé au bord d’une route très passante, la D 1017, la Paris-Lille. Car la cueillette libre est idéale en bordure de route pour qu’elle soit vue : sur cet axe, Stéphane Vecten peut toucher les clients locaux jusqu’à Compiègne et Amiens mais aussi une importante clientèle de Parisiens venus pour le week-end. Au moment de la cueillette, l’arboriculteur est présent chaque week-end matin et après-midi, dans son chalet installé à proximité. De quoi donner le top départ aux habitués et aux très nombreux nouveaux clients. Et pour la plus grande satisfaction de Stéphane Vecten, 100% de la production est cueillie chaque année, représentant en moyenne 20 tonnes.
Une petite quantité est destinée aux épiceries, vendeurs à la ferme et petites supérettes. « Parmi mes 14 variétés, j’ai une précoce, une demi-précoce, une tardive et une très tardive. Comme ça, je peux étaler l’offre. J’ai des pommes plus sucrées, plus amères, la Granny Smith par exemple est plus acidulée. J’ai des pommes toujours croquantes, juteuses et très fermes comme la Reine des reinettes, la Golden, la Pirouette, la Rubinette ou la Arlette. Le gros des ventes sont la pomme Gala et la pomme Jonagold. Ma préférée, c’est la Elstar, très douce, à la fois acidulée et sucrée, une très bonne pomme de début de saison. Il faut savoir que l’on éclaircit manuellement les pommes pour laisser deux pommes sur un bouquet au lieu de quatre afin que l’arbre puisse bien les nourrir et les faire grossir. C’est un travail difficile qui demande du temps. Mais quel plaisir lorsque le consommateur nous dit que nos pommes sont bonnes. J’aime produire ces fruits pour des clients que je vois ».
Et des poires
Du côté des poires, la seule variété produite à Cuvilly est la Conférence. Cette poire d’automne doit son nom à la Conférence nationale britannique de la poire de Londres, dont elle remporta le premier prix en 1895. « La poire, c’est un fruit très technique à produire car elle est très sensible au gel. Voilà un fruit qui redevient à la mode mais qu’il faut déguster le jour J. C’est une production très récente. Je les ai plantées en janvier 2019 à la demande des clients qui m’en demandaient de plus en plus. Elle seront quant à elles en vente toutes cueillies car c’est très dur à cueillir. Il faut le faire au bon moment. Puis elles se mettent en chambre froide à zéro degré, on les sort de la chambre et le client peut la consommer dans les huit jours », recommande l’agriculteur qui présentera ses premières poires en septembre.
Du côté des poires, la seule variété produite à Cuvilly est la Conférence. Cette poire d’automne doit son nom à la Conférence nationale britannique de la poire de Londres, dont elle remporta le premier prix en 1895. « La poire, c’est un fruit très technique à produire car elle est très sensible au gel. Voilà un fruit qui redevient à la mode mais qu’il faut déguster le jour J. C’est une production très récente. Je les ai plantées en janvier 2019 à la demande des clients qui m’en demandaient de plus en plus. Elle seront quant à elles en vente toutes cueillies car c’est très dur à cueillir. Il faut le faire au bon moment. Puis elles se mettent en chambre froide à zéro degré, on les sort de la chambre et le client peut la consommer dans les huit jours », recommande l’agriculteur qui présentera ses premières poires en septembre.
Un distributeur automatique de produits fermiers
Durant la crise sanitaire, le nombre de clients a explosé de mi-mars à mi-mai au magasin, à la recherche de jus de pommes, pommes de terre, choux, carottes, tomates, radis, salades, concombres, confitures, oignons, aubergines, farine, lentilles, miel, melons et nectarines… Adrien Vecten, 29 ans, gère l’approvisionnement des casiers trois fois par jour, en produits frais, dans ce magasin d’un nouveau genre qui est ouvert de 7 heures à 21 heures, du lundi au dimanche. « Il y a eu en effet un vrai regain d’intérêt pour les produits locaux, du terroir ainsi que pour la vente directe même si ce n’est pas moins cher, conclut Stéphane Vecten. Il y a eu une vraie prise de conscience de la clientèle concernant la consommation locale. Un effet qui perdure encore un peu heureusement même après la crise sanitaire. »