Des mots contre les maux…
«Quoi qu’il arrive, le pire comme le meilleur, Nancy restera une capitale du livre, de la liberté d’expression, d’accès à toutes les formes de culture, d’accueil des écrivains du monde entier (…) La culture n’est pas un supplément d’âme, c’est le cœur battant de cette ville.» C’était le 24 juin à l’hôtel de ville de Nancy. Mathieu Klein, le maire de la ville et président de la Métropole du Grand Nancy, ouvrait la présentation officielle de la 46e édition du Livre sur la Place (annoncée du 13 au 15 septembre).
Des mots qui résonnent et prennent tout leur sens en cette semaine de lendemain du premier tour des élections législatives. À l’heure où nous écrivons ces lignes, le verdict des urnes n’est pas encore tombé mais pas vraiment besoin de boule de cristal pour estimer les résultats obtenus (à moins que ?).
À l’instar d’autres manifestations, le Livre sur la Place nancéien va s’imposer comme un bastion de défense des libertés fondamentales et de l’ouverture d’esprit nécessaire à un véritable vivre ensemble. Le programme annoncé renforce cette évidence que ce sont nos différences qui font la beauté de l’humanité. Des différences comme autant de forces pour une vision collective et partagée pour une société apaisée.
Cette semaine d’entre-deux-tours devrait montrer, un tout autre visage. Les crispations et la libération de paroles nauséeuses seront légion laissant présager des dérives violentes incontrôlables. Un climat d’incertitudes, de craintes et de montée de l’intolérance, d’une banalisation de l’inacceptable, s’installe.
Comment ne pas être plus qu’offusqué en voyant la semaine dernière cette image de campagne dans la cinquième circonscription de Meurthe-et-Moselle du candidat de l’extrême droite : «Donnons un avenir aux enfants blancs !» avec l’image d’un enfant blond aux yeux bleus sur fond de campagne lorraine. À vomir, il ne manquait plus que quelques svastikas pour compléter le tableau.
C’est dans cet univers que nous évoluons aujourd’hui. «Le vieux monde se meurt, le nouveau tarde à apparaître et dans le clair-obscur surgissent les monstres.» La maxime d’Antoine Gramsci, philosophe, écrivain et théoricien politique italien du début du siècle dernier, résonne comme un boulet de canon.
Des monstres que nous avons tous engendrés, en laissant faire ! Le 7 juillet marquera un tournant historique. Le virage sera dur à négocier…