Des imprimantes 3D capables d’élever des murs

La jeune entreprise dirigée par Antoine Motte a été lancée lors de l’été 2017. Elle conserve une grande ambition humanitaire mais cherche, à court terme, à multiplier les commandes de machines et à convaincre par des démonstrations…

Antoine Motte (au premier plan assis sur un banc réalisé grâce à une imprimante 3D) en compagnie d’une partie de son équipe à la Serre Numérique. De jeunes ingénieurs et un quinquagénaire venu avec son expérience de l’hydraulique dans le BTP.
Antoine Motte (au premier plan assis sur un banc réalisé grâce à une imprimante 3D) en compagnie d’une partie de son équipe à la Serre Numérique. De jeunes ingénieurs et un quinquagénaire venu avec son expérience de l’hydraulique dans le BTP.

Antoine Motte (au premier plan, assis sur un banc réalisé grâce à l’impression 3D) en compagnie d’une partie de son équipe à la Serre numérique : de jeunes ingénieurs et un quinquagénaire venu avec son expérience de l’hydraulique dans le BTP.

En 2015, à la Serre numérique d’Anzin/Valenciennes, dans le parc des Rives-Créatives-de-l’Escaut, nous avions déjà rencontré Antoine Motte, 34 ans aujourd’hui, ingénieur ICAM et jeune dirigeant de l’entreprise «Machines-3D» qui existe toujours (voir encadré). Depuis, cette première entreprise a donné naissance, lors de l’été 2017, à une autre société appelée «Constructions-3D», dont Antoine Motte est également le dirigeant majoritaire. Cette seconde société, de quatre personnes, conçoit et fabrique des «machines» d’impression de plus grande taille. Dans ses effectifs, elle compte deux jeunes ingénieurs et un quinqua recruté pour son expertise dans le domaine de l’hydraulique et des engins de travaux publics.

Projet humanitaire à terme

M. Motte, qui a travaillé dix ans dans le BTP, rappelle au préalable qu’il reste attaché à son projet humanitaire. Il consistera, dit-il, à participer à la construction d’habitations bon marché dans des pays où sévit le mal logement, grâce à des imprimantes géantes utilisant les matériaux locaux. Le jeune chef d’entreprise constate que le succès médiatique de cette annonce avait suscité, à l’époque, beaucoup de demandes venues d’Afrique, d’Inde… Problème : pour que le procédé soit rentable et opérationnel, il faut au préalable fabriquer et vendre beaucoup de machines afin de faire baisser les coûts par rapport aux procédés classiques. Il existe, dit-il, des financements européens pour la recherche, mais gare à la concurrence chinoise !

Gros travail de R&D

Ces trois dernières années, la mise au point du procédé à partir d’un prototype né chez «Machines-3D», a bien progressé, avec un gros travail de R&D, tant sur la machine que sur les matériaux qu’elle utilise. «Par exemple, dit-il, il a fallu mettre au point un mortier qui soit fluide au pompage, se fige en sortie d’imprimante, durcisse très vite et tienne la verticalité quel que soit le nombre de couches successives.» Où en est-il ? Pour l’instant, «Constructions-3D» – qui a trouvé un partenaire parmi les grands noms du BTP – ne dispose que d’une seule grande imprimante opérationnelle. Déployée, elle a l’allure d’un insecte géant monté sur quatre pattes et armé d’un bras télescopique. Repliée, elle tient dans un conteneur «20 pieds», où se logent également son système de pompage et son matériel de pilotage informatique. Le bras-grue peut créer des murs jusqu’à dix mètres de haut. Sa zone d’impression à 360 degrés a, quant à elle, un diamètre de dix-huit mètres. «Notre but, constate-t-il, c’est donc d’en fabriquer le plus possible. Nous avons quelques commandes qui émanent en général de centres de recherche travaillant pour plusieurs entreprises du BTP ou des Etats. Les entreprises classiques observent une attente prudente.» La machine coûte environ 500 000 € et les démonstrations (notamment sur les gains de temps réalisés) ont toute leur importance. «En fait, nous rematérialisons ce qu’Internet et le numérique avaient dématérialisé. Et ça, il faut le montrer !»

Premières réalisations et premières commandes

L’entreprise a déjà quelques réalisations à son actif, notamment dans le secteur du mobilier urbain. Antoine Motte évoque un projet de jacuzzi de démonstration ainsi qu’une commande privée de récifs artificiels, commande venue du sud de la France. L’entreprise propose aussi des machines plus petites et prépare d’ailleurs, pour la rentrée, une commande de deux engins destinés à la région. Ils serviront à la pédagogie dans les CFA du bâtiment. Et puis, grand projet pour 2019, «créer nos propres bureaux à proximité, dans le Valenciennois. Ils seront à la fois notre siège et notre showroom». Le bâtiment, aux lignes à la fois futuristes et organiques, tout en rondeurs, sera constitué d’un édifice circulaire central, à étage, flanqué de trois satellites.

 

«Machines-3D» : en soutien et caution

L’entreprise «Machines-3D» est spécialisée dans le négoce et la réparation d’imprimantes 3D et de scanners. Elle compte une quinzaine de salariés et réalise un chiffre d’affaires de 4 millions d’euros. «50% de ce que l’on vend, explique Antoine Motte, est destiné à l’enseignement ou aux fablabs. On peut dire que nous sommes des généralistes dans le domaine de l’impression 3D d’objets simples ou complexes en matière plastique ou en résine.» Qu’impriment-elles ? De tout : prothèses, figurines (des produits dérivés), des pièces définitives ou des pièces appelées à être fabriquées en métal. Il n’y a guère de limites dans ce domaine. «’Machines-3 D’ sert de soutien à ‘Constructions-3D’ et aussi de caution pour, notamment, rassurer les banques», précise-t-il.

 

«Nous rematérialisons ce qu’Internet et le numérique avaient dématérialisé»