Des fonds de fonds pour l’exportation des PME et des ETI
L’investissement public doit aider l’exportation. Sans méconnaître les risques de l’export, Nicole Bricq, ministre du Commerce extérieur, a répondu aux professionnels de l’investissement dans les entreprises et les encourage à répondre aux appels à projets sur la création de nouveaux fonds d’investissement.
Les dispositifs financiers du gouvernement peuvent donner le tournis aux entreprises qui souhaitent y émarger pour se développer ; le contexte est au « changement ». Un annuaire de 300 pages «des fonds et sociétés de capital-investissement pour les PME» a été édité pour les curieux. Les acteurs sont légion et les fonds, en voie de réorganisation et d’affectation. «En réunissant tous les acteurs publics du financement des entreprises, la BPI tirera parti de l’ensemble des compétences et complémentarités entre les différents métiers», avait souligné Pierre Moscovici, ministre de l’Economie et des Finances, en février dernier. Dans les régions, la BPI regroupera la filiale “entreprises” de la Caisse des dépôts et consignations via le Fonds souverain d’investissement (FSI) et Oséo. Nicole Bricq est intervenue le 4 mars dernier pour cibler l’exportation des PME. La ministre du Commerce extérieur du gouvernement Ayrault doit répondre aux mauvais chiffres du commerce extérieur français : la balance commerciale affiche 64 milliards en 2012 contre 71 milliards en 2011. Le solde positif de l’aéronautique (+20 milliards d’euros) ne peut effacer les baisses des autres secteurs. Aussi, le gouvernement souhaite-t-il inciter les entreprises à se tourner vers les marchés internationaux. Et la BPI doit soutenir cet objectif au même titre que l’innovation. Garanties financières et cofinancements des projets dans l’export ont été mis en exergue lors de la conférence de presse du 4 mars dernier.
Exporter oui, délocaliser non… «Il faut donner une dimension internationale à notre soutien aux PME», a prêché Nicole Bricq devant des gestionnaires de fonds d’intervention dans le développement des entreprises. «Nous étions tournés vers les garanties mais pas assez sur les fonds propres des entreprises», a-t-elle argumenté. «Ne nous faites pas une usine à gaz», a-t-elle toutefois prévenu à l’adresse des dirigeants de la CDC et du FSI présents. «Nous doublerons les moyens de la BPI en région», a-t-elle aussi promis. La réflexion sur le soutien à l’export ne doit pas effacer le territoire où se situe l’entreprise : «L’exportation n’est pas le prélude à la délocalisation. Il ne faut pas avoir peur de l’investissement à l’étranger non plus. Il faut garder nos savoir-faire chez nous», a-t-elle voulu rassurer. Les moyens mis à disposition dans les régions (5,3 milliards d’euros) donneraient un triplement des fonds par effet levier. La BPI lancera des appels à projets auxquels pourront répondre des entreprises.
Opportunités avec des risques. Des interrogations sur la présence des capital-développeurs, le caractère patrimonial des entreprises et leur transmission, la préférence pour l’investissement dans les entreprises françaises ont fusé dans la salle de presse. Mais l’exportation, c’est aussi l’exposition aux autres et à une concurrence parfois à la limite du droit. Questionnée sur la protection des brevets dans l’industrie, Nicole Bricq a tempéré : «C’est difficile de parler d’export pour des entreprises qui s’installent à l’étranger et de donner un effet positif sur ce qui se produira au plan national. Surtout chez les PME chez qui l’emploi est en augmentation. Sur les transferts de technologie, il y a un décret sur les secteurs stratégiques. Il nous faut garder un temps d’avance.»