Des femmes entrepreneures à l’honneur

Le lieu peut sembler insolite : un bar branché dans le Vieux-Lille. C’est pourtant là qu’une dizaine de femmes entrepreneures ont pris la parole pour expliquer leur projet. Un événement organisé par le Mouves, un réseau national d’entrepreneurs sociaux.

Pour cette troisième édition, plus de 200 personnes sont venues écouter les dix femmes entrepreneures.
Pour cette troisième édition, plus de 200 personnes sont venues écouter les dix femmes entrepreneures.

Pour cette troisième édition des «ApéroMouves#3», organisé conjointement avec l’association Little Big Women, la thématique est claire : «Venez rencontrer des femmes entrepreneures qui changent le monde !». Plus de 200 personnes ont répondu à l’appel. Les profils sont variés : des étudiants, des porteurs de projet, des élus, des entrepreneurs aguerris. Un melting pot professionnel dans un bar lillois. Du coup, l’ambiance est décontractée et conviviale. «Nous avons voulu un lieu neutre, sans étiquette, dans lequel les jeunes créateurs doivent exposer leurs idées, explique Agathe Mouchel, coordinatrice du Mouves Hauts-de-France. Certes, l’exercice n’est pas facile car il y a des gens qui entrent et qui sortent, d’autres qui discutent tout en buvant un verre, mais il est très formateur et fédérateur.» Le succès est au rendez-vous.

Favoriser la rencontre

Pauline Dehecq a créé Mademoiselle Biloba en 2016. Elle fait partie des dix femmes entrepreneures qui ont pris la parole lors de cet ApéroMouves#3.

A l’entrée, des badges sont distribués sur lesquels les convives inscrivent leur nom et leur projet ou rêve d’entreprendre. Puis, entre deux conversations, les femmes entrepreneures se succèdent sur l’estrade pour pitcher pendant trois minutes. Une dizaine d’entre elles étaient invitées pour ce troisième ApéroMouves. «L’exercice n’est pas facile. C’est stressant mais intéressant, partage Pauline Dehecq, à la tête de Mademoiselle Biloba qui développe, entre autres, des ateliers de fabrication de cosmétiques au naturel en entreprises. Pour se faire connaître et faire des rencontres, le format est idéal.» Lancée il y a deux ans, Mademoiselle Biloba invite les entreprises sensibles au bien-être de ses salariés, inscrites dans une démarche RSE ou développement durable, ou tout simplement curieuses, à découvrir les ateliers mis en place : réduction des déchets, fabrication et utilisation de produits naturels, conception de spray désinfectant, etc. «Partager son concept permet de l’éprouver et de le faire évoluer.»

Céline Scavennec a créé il y a quelques mois Niiji. Elle propose une lunchbox recyclable et consignée. ©Julien Pitinome Collectif Oeil

Même constat pour Céline Scavennec, fondatrice et gérante de Niiji. «Cet exercice est indispensable. Présenter son projet dans un bar face à un public pas forcément attentif à 100% est un très bon entraînement pour capter l’attention d’un investisseur, dans un ascenseur par exemple.» Créée en septembre 2017, l’entreprise Niiji propose une solution zéro déchet aux professionnels de la restauration. «Cette solution s’appuie sur un produit innovant, une lunchbox et des services associés.» Ce contenant alimentaire, en matériaux biosourcés, est fabriqué à Tourcoing. «C’est une alternative au plastique pétrochimique et aux emballages jetables. Ce produit durable, lavable et réutilisable est proposé en consigne numérique auprès de restaurateurs.» Le restaurateur propose au client d’emporter son repas (non terminé ou nouvelle commande) dans ce récipient, moyennant dix euros. Il a une semaine pour le rapporter et récupérer la somme versée. Dans le cas contraire, il devient le propriétaire d’une jolie boîte, conçue localement et respectant l’environnement. Une dizaine de restaurants sont déjà partenaires. Niiji propose aussi ces boîtes, personnalisées, avec nom et logo du restaurant, à la vente.

«Nous veillons à ce que les personnes qui veulent créer différemment, ne rencontrent pas de freins»

Accompagner les porteurs de projet

Des projets qui ont déjà séduit et qui continuent de le faire. «Nous sommes encore en début d’activité et notre modèle va continuer à évoluer», souligne Pauline Dehecq. Présenter, discuter, se rencontrer, échanger, partager, encourager sont autant d’actions voulues par un tel événement. Agathe Mouchel se dit ravie de cette troisième édition des «ApéroMouves» : «Le nombre de participants ne fait qu’augmenter. Nous sommes passé de 50 inscrits pour le premier rendez-vous à plus de 200 pour celui-ci.» Des représentants d’institutions publiques et des financements privés étaient également dans la salle. «La concrétisation d’un projet est toujours émouvant pour nous qui veillons à ce que ces personnes, qui veulent créer différemment, ne rencontrent pas de freins.» Le Mouves Hauts-de-France compte 120 adhérents. L’association fait le lien avec les pouvoirs publics, propose des programmes d’accompagnement ou encore organise des ateliers de sensibilisation, des soirées d’échange et des recherches de financement. «En étant un réseau national de 850 adhérents, le Mouves est un représentant des entrepreneurs sociaux qui souhaitent développer un projet à impact positif sur la société. Nous voyons de chouettes idées émerger, les voir prendre forme. Et être aux côtés de ceux qui se lancent dans l’entrepreneuriat est une de nos vocations.» Le quatrième ApéroMouves aura lieu en juin, à “St So” à Lille.