Des commerçants de Beauvais deviennent « Ambassadeur de ma ville »

Dynamiser et redynamiser les centres-villes, c'est l'un des grands objectifs du gouvernement et des collectivités, avec une double ambition : améliorer les conditions de vie des habitants des villes moyennes et conforter le rôle de moteur de ces villes dans le développement du territoire. Intégré dans le grand programme national de redynamisation « Action cœur de Ville », lancé par l’État auprès de 222 collectivités de taille moyenne, dont Beauvais fait partie, le programme de formation « Ambassadeur de ma ville » à vocation à apporter une réponse à cet objectif de dynamisation des centres-villes. « C'est une démarche d'appui aux territoires, filières et entreprises, précise Enisa Sudic, conseillère chez Opco EP Hauts-de-France. Nous proposons des modules de formations que nous déterminons en fonction des besoins. »

Le Beauvaisis est le premier territoire de l'Oise à avoir intégré le projet "Ambassadeur de ma ville", qui a choisi de développer les compétences des commerçants, en partenariat avec la Chambre de commerce et d'industrie de l'Oise. Le programme de l’État a également donné la possibilité au Beauvaisis de recruter un "manager de centre-ville", intermédiaire essentiel dans la construction d'un projet solide. « Que les commerces de proximité fassent rayonner la ville, expliquait Loïc Barbaras, vice-Président de la communauté d'agglomération du Beauvaisis, au lancement de ce projet, en début d'année. Car ces professionnels sont en contact direct avec les habitants. » Dans cette optique, le programme « Ambassadeur de ma ville » forme les commerçants et artisans de proximité sur les points centraux de développement, en cohérence avec le changement de la consommation et les nouvelles exigences des clients : renforcement de l'accueil et l'utilisation du digital.

Un accompagnement privilégié

Conscients de ces problématiques, cinq commerçants installés sur la place Jeanne Hachette de Beauvais et un commerçant implanté à Allonne ont participé à deux modules de formation, financés à 100% par l'Opco Ep avec une prise en charge du salaire à hauteur de 11 euros/h. Suivis dans leur progression et conseillés dans leur démarche, La Fée Maraboutée, La Fabrik, Les pieds sur Terre, Les Coquettes, le Jardin du Lotus et Le Comptoir Nordique ont travaillé sur la nouvelle façon d'accueillir les clients. « L'accueil client touche au tourisme, explique Enisa Sudic. L'enjeu est d'être un commerçant lié à sa ville en la présentant, en s'intégrant à son environnement, notamment pour les clients étrangers. » L'apprentissage des notions de l'anglais s'est notamment glissé dans cette formation.

Autre point de développement pour les commerces locaux : le digital. Complètement intégrés dans la vie quotidienne, les réseaux sociaux incarnent le point d'entrée de la visibilité et de l'image d'un commerce. « Les séquences en demi-journées ont permis l’appropriation des sujets car du temps pour la mise en pratique. Cette formation m’a permis d'avoir de la visibilité grâce à Facebook et Instagram », réagit Étienne Brocquart, du Jardin de Lotus, un salon esthétique installé place Jeanne Hachette. Dans ce monde ultra-connecté, les commerçants naviguent à différents niveaux. « Je n'y connaissais pas grand chose au digital et j'ai découvert, grâce à cette formation, les possibilités qui s'offrent à moi », explique Fétima Ainine, gérante du magasin de chaussures Les pieds sur Terre.

Vers une dynamisation réussie

Les commerçants ne sont cependant pas seuls dans cette reconquête du centre-ville. La Ville mène en parallèle des actions pour rendre son centre attractif. Des actions politiques y sont également menées. Par exemple, depuis quelques années, la Ville a déterminé une zone de préemption au centre-ville, écartant l'installation des entreprises de services, telles que les banques et assurances, qui ont envahi de nombreux centres des villes moyennes. « Désormais, on ne vient plus en ville pour aller dans les commerces depuis la fin des années 1990, constatait Charles Locquet, vice-président de la CCI de l'Oise et maire adjoint de Beauvais, lors du lancement du programme. Il faut, nous élus locaux, trouver une nouvelle façon d'intégrer les commerces dans les centres-villes mais c'est aussi aux commerçants de se réinventer. Et aussi aux habitants de consommer local. »

Considéré comme « une belle réussite », le pari est gagné : favoriser l'attractivité du centre-ville de Beauvais en passant par la formation des entreprises. Car ce programme a outillé les commerçants grâce à un accompagnent personnalisé. Résultat :« ces établissements sont devenus de vrais ambassadeurs, ils sont désormais en mesure de faire la promotion de leur territoire et d'attirer de nouveaux clients, constate Enisa Sudic. Ces modules ont offert l'opportunité aux entreprises de partager la passion de la ville et de devenir les acteurs de son attractivité tout en favorisant l'arrivée d'une nouvelle clientèle. »

Désormais ambassadeurs de leur ville, ces commerçants recevront, en janvier 2024, une vitrophanie « Ambassadeur de ma ville », mettant à l'honneur leur implication dans la sauvegarde et le développement de leur commerce. Et l'Opco EP ne compte pas s'arrêter en si bon chemin, d'autres projets pour le Beauvaisis sont prévus en 2024.