"Derrière TCF isol’, il y a un but social"
En créant TCF isol’ en novembre 2016, Lionel Debril, PDG de TCF industrie, a permis à l’ex-Confection des housses (LCDH), située en face de son entreprise, de pérenniser son activité. Sauf que cet ancien atelier de couture traditionnel, transformé depuis en entreprise d’insertion, travaille désormais pour l’industrie.
La Gazette : Comment est né le projet ?
Lionel Debril : TCF isol’ est né d’un ensemble de circonstances. Début 2016, le sous-traitant, qui fabriquait matelas isolants et bâches pour TCF industrie – l’entreprise est spécialisée dans la chaudronnerie, la tuyauterie industrielle et la maintenance des réseaux fluides –, a arrêté son activité. Dans la foulée, nous avons appris également que LCDH déposait le bilan. Pour moi, qui entre-temps avait demandé à mon frère de travailler sur des prototypes d’ensembles isolants, ça a fait tilt. Nous nous sommes dit qu’il y avait une opportunité. Cela faisait déjà quelques années que j’avais envie de créer une véritable entreprise d’insertion. J’ai contacté Jean-Marc Delamaere, le président d’Orme activités, une association d’insertion, qui m’a aidé à monter le dossier, et au cours de l’automne de l’année dernière, TCF isol’ est née.
Quels étaient les objectifs quand vous avez imaginé TCF isol’ ?
Derrière TCF isol’, il y a un but social. D’ailleurs, aujourd’hui, nous cherchons à obtenir l’agrément ESUS (Entreprise solidaire d’utilité sociale). L’idée est de pouvoir profiter de l’entreprise pour faire de l’insertion. Il s’agit d’aider les personnes en difficulté à retrouver un emploi à travers un nouveau projet professionnel, notamment le public féminin. Grâce à TCF isol’, j’ai d’ailleurs pu aider deux personnes à conserver leur travail. En plus, elles connaissaient bien le métier. Dorénavant, elles ont étoffé leur expérience, car la toile utilisée ici est tout de même assez spécifique. Puis, l’avantage d’une entreprise d’insertion par rapport à une association d’insertion, c’est ce côté concurrentiel avec un personnel directement lié à la production. Par contre, comment passe-t-on de la tuyauterie-chaudronnerie à la confection de matelas ? Il faut tout de même des compétences en interne, et mon frère les avait ! C’est lui qui dirige aujourd’hui TCF isol’.
Que propose cette nouvelle entreprise ?
TCF isol’ développe une activité spécifique de matelas isolants et de bâches pour l’industrie. Nous imaginons des éléments qui permettent d’habiller et de recouvrir, entre autres, les vannes de vapeur. On évite une forte déperdition calorifique et on protège le personnel. C’est un travail de couture essentiellement, nous sommes dans la confection et dans le sur-mesure. TCF isol’ développe certes des produits que nous utilisons chez TCF industrie, mais ça reste une entreprise à part entière, qui répond à des commandes propres. A terme, si l’idée est de pouvoir développer nos activités autour d’un même logo, les deux structures sont indépendantes : vous avez d’une part TCF industrie, créée en février 2008, avec une quinzaine de salariés, et d’autre part TCF isol’ qui emploie quatre personnes à temps plein.
Comment se positionne-t-elle sur le marché ?
D’abord, c’est un marché de niche, un secteur peu concurrentiel, avec un très fort potentiel. Actuellement, nous travaillons sur un type de toile résistant à des températures de 250 à 500 degrés. Nous sommes peu nombreux à fabriquer ce produit. Pour l’année 2017, nous tablons sur un chiffre d’affaires de 350 000 euros. Nos clients sont français, peuvent travailler à l’international, ce qui fait qu’on retrouve nos matelas isolants et nos bâches au-delà de nos frontières. Maintenant, l’objectif est de faire grandir TCF isol’ en proposant d’autres solutions à nos clients et en ne se cantonnant pas à faire du petit matelas dans notre coin. Nous voulons développer d’autres types de toile qui, elles, pourront résister au feu, à plus de 1 000 degrés, et travailler sur d’autres marchés, tout en étant force de proposition par rapport à un cahier des charges précis d’un client.