Assises de l’alternance de l'économie de proximité

Denis Jorel : «En tant qu’institution, on a un rôle à jouer»

Le 2 juin, l’Opérateur de compétences des entreprises de proximité (OPCO EP) Hauts-de-France organise dans la région les premières Assises de l’alternance de l'économie de proximité. Ce rendez-vous se déroulera de 13h30 à 17h à l’Université de l’Artois. Denis Jorel, son délégué, revient sur cet événement inédit à l’échelle régionale comme nationale.

Denis Jorel, délégué de l'OPCO EP Hauts-de-France.
Denis Jorel, délégué de l'OPCO EP Hauts-de-France.

La Gazette : Comment est née l’idée de ces assises régionales ?

Denis Jorel : Jusqu’à présent, nous réunissions tous les centres de formation d’apprentis (CFA) de la région pour les accompagner. Là, nous avons voulu élargir ces rencontres à tous les acteurs, qu’il s’agisse des acteurs de l’orientation, des acteurs de l’emploi, des organisations professionnelles, des institutionnels ou nos partenaires. L’idée des Assises, c’est de réunir tout ce petit monde et identifier avec eux un certain nombre de thèmes, comme l’orientation, la question des projets, de la pédagogie, du financement, etc. Pour, au bout du compte, voir en quoi l’apprentissage répond à leurs besoins.

Nous allons poser un état des lieux car, depuis la dernière réforme, nous avons une croissance extrêmement importante de l’apprentissage en France. Auparavant, c'était les régions qui pilotaient l’apprentissage sur leur territoire. Désormais ce sont les branches professionnelles qui en ont la responsabilité. Et il faut savoir qu’en 2021, on fait plus 32% d’effectifs par rapport à 2020 qui était déjà une super année.

Avec cet événement, il y a cette volonté de surfer sur cette dynamique…

Avec nos partenaires, on a voulu créer cette initiative parce qu’en tant qu’institution, on a un rôle à jouer. Notre métier, c’est de conseiller les entreprises et financer les formations. Mais ce n’est pas parce qu’il y a des mesures nationales, comme les primes aux entreprises, qu’on ne peut rien faire au niveau des territoires. Donc on a embarqué le Conseil régional, l’Etat, et on s’est dit qu’on  faisait une demi-journée pour débattre et surtout proposer des ambitions ! En 2021, en France, on a engagé plus d’1,9 milliard d’euros, presque 170 000 contrats. En région, c’est 147 millions d’euros que j’ai engagés auprès des CFA, pour vous dire un peu le poids. On veut amplifier tout ça. Ces Assises sont une première en France !

Quels sujets pourraient être abordés au cours de l’après-midi ?

On a des thèmes récurrents, comme la question de l’orientation, les ruptures de contrat d’apprentissage par exemple, mais je pense qu’il peut y avoir des idées nouvelles. L’objectif est de les faire émerger et, avec les partenaires, avoir la possibilité d’aller plus loin. Il y a des sujets un peu plus compliqués, par exemple l’intégration des jeunes handicapés. Là, on n’est pas bon, avec un peu plus de 1% des jeunes reconnus en situation de handicap qui intègrent l’apprentissage. Les CFA ont l’obligation de nommer un référent handicap, mais le chiffre n’est pas terrible. Donc quelles pourraient être les idées pour aller plus loin concernant cette problématique identifiée ? 

Il y a aussi la mobilité internationale qui sera évoquée ! La loi fait qu’on doit encourager la mobilité des jeunes au niveau international. C’est plus complexe à réaliser. Comment fait-on pour travailler là-dessus ? Autre sujet : les grands groupes de plus de 250 salariés. On en a encore quelques-uns dans notre giron, qui n’ont pas leur quota d’alternants et qui paient une surtaxe à l’Etat. On va monter un club des plus de 250 - ça représente une trentaine d’entreprises - pour les sensibiliser.

Finalement, pour les entreprises, quels sont les avantages de l’alternance ?

En fait, c’est un outil d’intégration dans le cadre d’une gestion prévisionnelle des emplois. L’alternance est un bon moyen, pendant un an, deux ans, d’intégrer des jeunes sur des situations de travail. C’est pour cela que l’alternance est assez plébiscitée par les entreprises : parce que cela constitue pour elles une période d’observation. Les entreprises ne s’engagent pas forcément à embaucher ces jeunes, mais normalement, c’est la finalité. D’où l’importance du maître d’apprentissage dans l’entreprise.

Aujourd’hui, toutes les grandes écoles s’y mettent, elles ont compris les vertus du système. Dans tous les domaines ! C’est un sujet qui dépasse l’emploi des jeunes, qui touche directement l’économie des entreprises. Actuellement, certaines sont freinées dans leur développement parce que s’il n’y a pas les jeunes et la relève à un moment donné - c’est déjà le cas -, il y a une rupture sur les compétences. C’est vraiment un enjeu.

Trois rendez-vous

Table ronde 1 : comment mieux promouvoir l’alternance et les métiers de la proximité auprès des jeunes et des familles ?

Table ronde 2 : comment mieux développer les potentialités de recours à l’alternance pour les entreprises de proximité ?

Table ronde 3 : quel soutien apporter aux centres de formation des apprentis, du modèle pédagogique au modèle économique ?

Accueil des participants à partir de 13h30 à l’Université de l’Artois.