Demandeurs d’emploi aujourd’hui, chefs d’entreprise demain…
Créer son entreprise pour créer son propre emploi ! À côté du phénomène d’entrepreneuriat de contrainte, bon nombre de demandeurs d’emploi assurent avoir un réel projet de création d’entreprise. Une donne qui serait d’ailleurs en augmentation à en croire les équipes de Pôle emploi en Meurthe-et-Moselle.
«Nous enregistrons de plus en plus de demandes de la part des demandeurs d’emploi au niveau de la création d’entreprise. C’est une tendance forte depuis la sortie de la crise sanitaire.» Chiffres à l’appui, Nathalie Patureau-Niel, la directrice territoriale Meurthe-et-Moselle et Meuse de Pôle Emploi, l’assure : «les demandeurs d’emploi affichent un engouement certain pour la création d’entreprise.» Un choix réellement ?
La dernière édition de l’opération nationale, Re’Start, une semaine ciblée sur la création et la reprise d’entreprise organisée un peu partout en France par Pôle emploi, avait notamment pour objectif de l’attester. Démonstration faite le 28 septembre à l’agence Pôle emploi Nancy Cristallerie où une dizaine d’acteurs de l’écosystème entrepreneurial version accompagnement à la création ou reprise d’entreprise étaient présents dans un genre de mini salon pour accueillir les demandeurs d’emploi intéressés par l’entrepreneuriat.
Dans ces différentes plaquettes d’information sur le sujet, Pôle Emploi l’assure : «la période de chômage est une opportunité pour créer votre entreprise», peut-on lire dans un guide pratique sur la création d’entreprise édité par Pôle emploi. «Le temps est un bien précieux dont on dispose peu en période d’activité professionnelle. Or, un projet de création d’entreprise nécessite une étude approfondie, et une grande disponibilité. C’est pourquoi cette période de chômage peut représenter un moment paradoxalement idéal», assure l’introduction de ce guide.
Entrepreneuriat de contrainte
Vu sous cet angle, cela peut apparaître plus que tentant surtout que tout apparaît fait aujourd’hui pour pousser les demandeurs d’emploi à abattre la carte de l’entrepreneuriat. L’annonce, au 1er juillet dernier de la revalorisation de l’Arce (Aide à la reprise ou à la création d’entreprises) passant de 45 % à 60 % des droits à l’allocation d’aide au retour à l’emploi (ARE) semble l’attester. Reste qu’il y a le côté obscur de la chose : l’entrepreneuriat de contrainte. L’expression est apparue au plus fort de la crise sanitaire de la Covid-19.
«Le marché de l’emploi va défaillir avec une demande qui augmente et une offre qui diminue. L’entrepreneuriat de contrainte va inexorablement apparaître car l’entrepreneuriat sera la seule alternative pour créer son propre emploi et continuer à exister socialement», assurait à l’époque un chercheur en entrepreneuriat de l’Université de Lorraine. À y regarder de plus près, les indicateurs actuels (reprise de la hausse du chômage avec une augmentation de 1,1 % dans la région au troisième trimestre, une augmentation des défaillances d’entreprises avec plus de 70 % de liquidations judiciaires directes prononcées, une prudence de la part des dirigeants d’entreprise en termes d’embauche) pourraient intensifier cet entrepreneuriat de contrainte. Un état de fait déjà palpable dans les derniers chiffres régionaux de la création d’entreprise.
Si une baisse légère, de l’ordre de 1 %, est enregistrée au 2e trimestre (source : Insee), elle est surtout due à la baisse des créations d’entreprises classiques (- 5,3 %). Sur la même période, les nouvelles entreprises sous le statut de micro-entrepreneur croissent de 1,4 %. Un statut prisé par les demandeurs d’emploi…
L’Arce revalorisée
Arce pour Aide à la reprise ou à la création d’entreprise ! Depuis le 1er juillet, elle est passée de 45 à 60 % des droits à l’allocation d’aide au retour à l’emploi (ARE) qui restent à verser. Le décret du 26 janvier 2023 a réduit la durée d'indemnisation des demandeurs d'emploi de 25 % à partir du 1er février 2023 en raison d'une situation favorable du marché du travail (à l’époque). Ce même décret a prévu d'augmenter le montant de l'Arce, pour les personnes dont le contrat de travail a pris fin à partir du 1er juillet 2023. Il s'agit d'aider les demandeurs d'emploi indemnisés (bénéficiaires de l'Aide au retour à l'emploi) à créer ou reprendre une entreprise en leur versant une part du solde de leurs droits à indemnisation en deux fois plutôt qu'une allocation mensuelle. Pour avoir droit à l'Arce, il faut être indemnisé par Pôle emploi, avoir créé ou repris une entreprise après la fin du contrat de travail à l'origine de l'ouverture des droits au chômage et avoir obtenu l'Aide aux créateurs et repreneurs d'entreprise (ACRE), qui consiste en une exonération totale ou partielle de charges sociales pendant un an.