Bilan national des entreprises 2022
Défaillances d’entreprises : 2023 s’annonce incertain
Hausse du nombre d’entreprises en difficulté, baisse des créations d’entreprises, augmentation du nombre des radiations… Le rebond observé en 2021 a enregistré un net ralentissement en 2022, et l’année 2023 s’annonce très incertaine.
Arrêt progressif des dispositifs d’aides mis en place pendant la crise sanitaire, contexte économique et géopolitique difficile (guerre en Ukraine, hausse des prix de l’énergie, inflation) … «À l’aube d’une nouvelle année, le bilan sur la démographie des entreprises est globalement défavorable, avec une hausse massive des ouvertures de procédures collectives et des radiations (de respectivement +53% et +14% sur les 11 premiers mois de l’année) et une baisse du nombre de créations d’entreprises (-7% sur la même période)», par rapport à 2021.
Telles sont les principales conclusions du Bilan national des entreprises 2022 élaboré par le Conseil national des greffiers des tribunaux de commerce et l’institut d’études économiques Xerfi. Mais cette tendance inquiétante est «à relativiser au regard des chiffres de 2019, avant la crise sanitaire : les entreprises en difficulté y étaient alors 20 % plus nombreuses qu’en 2022».
Des secteurs à la peine
Si le mur des faillites tant redouté n’est toujours pas d’actualité, certains secteurs sont plus touchés que d’autres. C’est dans celui de la restauration que les effets à retardement de la crise sanitaire ont eu le plus d’impact sur la période : 45% des liquidations judiciaires visent des entreprises de la restauration (traditionnelle, rapide et débits de boissons). Mais si le nombre d’entreprises en difficulté a été multiplié par deux entre 2021 et 2022 dans le secteur de l’hébergement-restauration, il reste inférieur à celui observé en 2019, avant la crise.
La hausse des radiations d’entreprises (315 824 ) est la plus sensible dans le secteur du transport et de l’entreposage (+37%, sur la période) et concerne plus particulièrement le e-commerce et la livraison à domicile, où les jeunes entreprises créées pendant la crise ne parviennent pas à assurer leur pérennité. Ainsi, près d’un tiers des entreprises radiées en 2022 avaient été créées entre 2020 et 2022.
Des tendances générales observées dans toutes les régions
D’après les données enregistrées par les greffes des tribunaux de commerce, cette hausse du nombre d’entreprises en difficulté, accompagnée d’une baisse des créations d’entreprises, a été observée dans toutes les régions, l’an dernier.
Après une année record en 2021, le recul des créations d’entreprises a été général dans tous les territoires de la France métropolitaine (hors Corse). Le plus fort recul a été constaté dans les Pays de la Loire (-10% sur 11 mois) et le Centre Val de Loire (-9,9%) et le plus faible, en Ile-de-France et en Bretagne (avec une baisse inférieure à 5%)
De même, la hausse du nombre d’entreprises en difficulté a été observée dans toutes les régions. Les plus fortes hausses ont été enregistrées dans les Hauts-de-France (+82,3%), la Bretagne (+77,9%), et l’Occitanie (+71,6%) et les plus faibles en Ile-de-France et Provence-Alpes-Côte D’azur (avec une hausse inférieure à 40%).
Pour ce qui est de l’augmentation du nombre des radiations d’entreprises, les greffes des tribunaux de commerce ont observé, en 2022, une augmentation de celles volontaires (à la demande des chefs d’entreprises), qui ont représenté la moitié de l’ensemble des radiations. Un phénomène qui peut s’expliquer par les «effets d’aubaine» qu’ont pu représenter les aides gouvernementales liées à la crise, pour les entreprises déjà fragiles.
Un début d’année 2023 très «incertain»
Ce ralentissement de l’activité économique en 2022 n’est pas spécifique à l’Hexagone, mais généralisé en Europe, après l’arrêt progressif des plans de soutien mis en place par les gouvernements, pendant la crise sanitaire. À quoi il faut ajouter le choc énergétique, qui pénalise durement l’industrie, et le retour de l’inflation, qui tend à freiner la consommation des ménages.
Ce contexte inflationniste «laisse présager d’un début d’année 2023 incertain» et la croissance, qui est demeurée positive en 2022, «devrait basculer dans le rouge au premier semestre 2023», estime l’étude du Conseil national des greffiers des tribunaux de commerce. La France risque de faire face à un «mur de l’inflation», en début d’année. Après la fin programmée des aides destinées à contenir la hausse de la facture énergétique des particuliers et des entreprises, «2023 sera inévitablement l’année d’un ajustement sur l’emploi et l’investissement.»