Série été Picardie "Au fil de l'eau"
Découvrir la Vallée de l’Oise dans le sillage de Stevenson
En 1876, Robert Louis Stevenson a effectué un périple en canoë depuis la Belgique jusqu’à la région parisienne, en passant par l’Aisne, un voyage qu’il décrit dans son livre En canoë sur les rivières du Nord. À bord d'un canoë ou à vélo, en longeant les canaux et rivières empruntés par l’écrivain-voyageur, découvrez vous aussi, au fil de l’eau… la Vallée d’Or.
Jour
après jour, au fil des péripéties de la rivière Oise,
l’écrivain-voyageur Robert Louis Stevenson relate dans son
livre, En
canoë sur les rivières du Nord, un
périple en canoë, long
de 280 km qui les conduit, lui et son compagnon de voyage, Walter
Simpson, d’Anvers à Compiègne. Aujourd’hui les clubs de canoë
du
nord de l’Aisne,
de Vadencourt à Chauny, surfent sur cette mise en lumière de la
Vallée de l’Oise mais les amateurs de vélotourisme peuvent eux
aussi retrouver
les lieux et paysages décrits par l’auteur en empruntant la route
Stevenson.
De Vadencourt à Macquigny
Au canoë club de Guise, qui file doucement mais sûrement vers ses 60 ans d’existence, Grégoire Mennecart connaît bien la rivière Oise. Aujourd’hui éducateur sportif au sein du club, le spécialiste des sports de pagaie, y a découvert la discipline à l’âge de cinq ans. « Au club de Guise, on pratique le canoë sur la rivière Oise en loisir mais aussi en compétition. En août 2016, j’ai accompagné des journalistes qui souhaitaient refaire le parcours de Stevenson sur l’Oise en canoë », raconte le sportif. « Ce fut une première expérience, personnellement elle m’a permis de connaître le voyage de Stevenson », se souvient Grégoire Mennecart, qui estime que cette valorisation de l’Oise au travers de l’explorateur, constitue un atout touristique de plus pour la région, déjà prisée pour des sites comme le Familistère Godin, le château de Guise ou les églises fortifiées.
Depuis d’autres moniteurs du club ont refait pour
partie, la descente de l’Oise, souvent de Vadencourt à Macquigny,
dans le sillage de Stevenson, avec les restrictions qu’impose la
nature. « C’est
devenu compliqué aujourd’hui de naviguer sur l’Oise, nous devons
faire en fonction du niveau de l’eau mais aussi des arbres tombés,
des frênes notamment, nombreux sur le parcours attaqués par un
champignon, le chalarose », explique le spécialiste de la discipline. Les pratiquants du club de
Guise s’entraînent régulièrement de Proisy à Guise
ou de Guise à Macquigny voire
depuis Vadencourt pour les compétiteurs. Du village de Vadencourt,
point de départ de
son périple,
Stevenson écrit dans son livre : « Et
quand à Vadencourt, on mit les canoës à l’eau au bord d’une
petite prairie, en face d’un moulin à vent, le soleil se dégagea
des nuages et fit resplendir tous les feuillages de la vallée de
l’Oise ».
La Route de Stevenson
Pour
Mathieu Baudoux, chargé d’études et de communication pour
l’Agence Aisne
Tourisme,
la marque « la route de Stevenson », déposée dès 2012 , constitue
la première étape d'un vaste projet. « Suite
aux repérages sur le terrain et au développement de la pratique du
vélotourisme, il nous est apparu évident que l’application
moderne du voyage de Stevenson était le vélo. L’intégralité du
parcours traverse plusieurs départements, le Nord, l’Aisne, l’Oise
et le Val d‘Oise. L’Aisne a sans doute dégainé en premier parce
que c’est dans ce département que Stevenson a passé le plus de
nuits durant son périple, cinq au total », détaille
Mathieu Baudoux.
Grâce au Carnet de voyage La route de Stevenson de Vadencourt à Quierzy édité en 2023, il est possible d’emprunter l’itinéraire suivi par l’écrivain voyageur : « Les paysages que l’on découvre à vélo sont les mêmes que ceux franchis à bord d’un canoë ». L’itinéraire se superpose pour partie au tracé de l’Eurovélo3. Cette route Stevenson, ajoute Mathieu Baudoux, est « un projet en devenir ». Á terme, l’itinéraire devrait conduire les cyclistes de Maubeuge à Conflans-Sainte-Honorine : « D’autres étapes seront développées dans les années à venir vers le sud en direction de Noyon, jusque Conflans-Sainte-Honorine, et vers le Nord en direction d’Étreux, jusque Maubeuge. Le voyage de Stevenson a débuté chez nos voisins belges mais c’est à Maubeuge que le binôme a mis les canaux à l’eau ».
Carnet de route
Au fil des chapitres, chemin faisant,
l’auteur évoque les rencontres avec les habitants et les escales
au moment des repas et du coucher. A Moÿ-de-l’Aisne, au soir du 4
septembre 1876, à l’issue d’une nouvelle journée pleine de
péripéties, le binôme a dîné au restaurant Le Mouton d’or, aujourd’hui mué en bar du village « Le Wiclow ».
Une signalétique touristique indique en différents points du
secteur les lieux où les voyageurs ont fait étape. Dans son
ouvrage, Stevenson qualifie Moÿ-de l’Aisne de « charmant
petit village ». « Moy (prononcez Moï) était un
charmant petit village, groupé autour d’un château sis dans une
courbe. L’air était parfumé par les chènevières du voisinage.
Nous trouvâmes au Mouton d’or un excellent repas ».
La maison de Marie-Jeanne à Alaincourt
Dès qu’il pénètre dans La Maison de Marie-Jeanne implantée à Alaincourt, le visiteur est plongé dans l’univers de Stevenson et son périple en canoë le long de la Vallée de l’Oise. Le voyage de Stevenson est mis en scène dans le hall du musée : un canoë est exposé portant l’inscription « cigarette » pour être au plus prêt des écrits de l’auteur, "La cigarette" et "L’Aréthuse" étant le nom des deux canoës de Stevenson, une carte est affichée permettant de suivre le tracé de la descente, des vitrines sont installées rappelant le goût de Stevenson pour les voyages à travers divers objets. Bruno Siwiak, président de l’association « Au fil du temps » en charge d'animer le lieu, regarde déjà vers 2026, année qui marquera les « 150 ans » de ce voyage. Adhérente de l’association « Sur les canaux du Nord, dans le sillage de R-L Stevenson » mais aussi membre d’autres réseaux tels que Proscitec qui regroupe les musées de la Région Hauts-de-France ou encore la route culturelle européenne « Sur les traces de Robert-Louis Stevenson », la Maison de Marie-Jeanne fait, depuis son ouverture en 2008, la promotion de l’écrivain-voyageur auprès des visiteurs et des scolaires. Un jeu de société « L’ Aréthuse » qui raconte le voyage de Stevenson de façon ludique, édité grâce à l’appui financier de l’Europe, est disponible.