De la passion au gagne-pain en passant par Internet

Dirigeant de Créati'v Broderie à Calais, Fabrice Vanroose illustre un schéma qui devient de plus en plus classique : victime d'un accident de carrière, il se saisit de l'un de ses hobbies pour en faire une profession. Et ça marche ! Avec, en plus, une spécificité : contrairement à bien d'autres, il a commencé avec internet et ouvre maintenant, près de deux ans après la création de son entreprise, une boutique en ville.

Fabrice Vanroose devant la vitrine de sa boutique, boulevard Lafayette à Calais
Fabrice Vanroose devant la vitrine de sa boutique, boulevard Lafayette à Calais
D.R.

Fabrice Vanroose devant la vitrine de sa boutique, boulevard Lafayette à Calais.

Voici une bonne trentaine de mois, Fabrice Vanroose était chef de rayon dans la grande distribution. Il venait d’aborder la cinquantaine et n’imaginait pas changer de métier. C’était sans compter sur l’arrivée dans sa hiérarchie d’un jeune homme qui voulait tout révolutionner. Quelques semaines plus tard, il était remercié. Heureusement, le spectre du chômage ne va pas planer longtemps au-dessus de la tête de M. Vanroose : la broderie va le sauver. La broderie ? Ce fut d’abord un hobby pour Mme Vanroose qui, de tous temps, servit de couturière pour ses enfants puis ses petits-enfants. En marge des travaux de couture, Mme Vanroose s’est équipée du matériel ad hoc pour faire de la broderie. Son époux, à force de la regarder, s’est pris au jeu. Au fil du temps, il devint aussi bon brodeur que madame… Dans la famille et parmi les amis, ça se sait et les Vanroose sont souvent sollicités pour accomplir de petits travaux. D’où l’idée : pourquoi ne pas passer à la vitesse supérieure et en faire son métier ? Sollicité pour émettre un avis, l’entourage approuve avec enthousiasme.

Un vrai parcours de créateur“. La décision prise, Fabrice Vanroose a connu ce qu’il appelle lui-même «un vrai parcours de créateur». Voulant professionnaliser son affaire, il a d’abord suivi un stage de perfectionnement au Greta : la broderie n’est plus maintenant qu’une affaire de fils et d’aiguille mais plutôt de logiciels et d’informatique. Autant, donc, ne pas se tromper. La BGE et Calaisis initiative ont été sollicités, qui ont validé le projet et accordé un prêt d’honneur. En novembre 2010, sous le statut d’auto-entrepreneur, M. Vanroose démarre son activité chez lui. La clientèle, il la recrute à partir d’un site internet créé pour l’occasion. La création de l’entreprise inverse les rôles par rapport à l’époque de l’intimité familiale : c’est désormais madame qui aide monsieur. Disposant d’un emploi stable à temps partiel par ailleurs, Mme Vanroose seconde son mari grâce au dispositif “conjoint collaborateur”.

Jusqu’en Chine… L’affaire étant bien lancée sur Internet, pourquoi ouvrir en plus une boutique à Calais, ville d’origine du créateur ? “Pour que la clientèle puisse se rendre compte de la qualité de notre travail“, répond M. Vanroose. Même si notre homme ne le considère pas comme un critère déterminant, il faut dire que le choix de l’emplacement est judicieux : la boutique qu’il a investie depuis le 1er septembre a été une mercerie pendant près d’un demi-siècle. Il existe un lien de parenté entre les deux activités… Certaines ménagères, négligeant les indications portées sur la vitrine, s’engouffrent dans la boutique, persuadées que la mercerie est rouverte ! Fabrice Vanroose dément courtoisement et en profite pour faire l’éloge de son travail… La boutique permet de présenter «la broderie personnalisée à la demande sur tous les supports» comme l’indique son créateur, même si les produits exposés sont surtout orientés sur l’enfance. Si l’ouverture de la boutique a recentré la clientèle sur le Calaisis où M. Vanroose a la satisfaction de constater que «la clientèle anticipe déjà ses achats de fin d’année», le site internet continue de marcher fort. Créati’v broderie ne peut pas encore se targuer d’avoir des clients chinois mais, affirme M. Vanroose, des clients français achètent pour envoyer en Chine… De quoi le réjouir, lui qui nous confie, avec un grand sourire, qu’il est «au-dessus du prévisionnel».