De l’autre côté du Channel…

La Banque d’Angleterre prend des mesures exceptionnelles. Fait marquant dans l’histoire de l’économie britannique, la Bank of England a abaissé son taux directeur, chose qu’elle n’avait pas faite depuis sept ans. The Economist relève que la population britannique aura vu passer entre-temps «trois Premiers ministres, deux Euros de football décevants et un référendum». D’autre part, le taux d’intérêt arrive au plus bas niveau de son histoire, à 0,25%. Une baisse spectaculaire de 50% par rapport à son niveau antérieur. Ceci est censé favoriser les crédits, et donc les investissements, afin de relancer l’économie. Par ailleurs, la Bank of England va mettre en place un soutien aux prêts des banques et est sur le point d’injecter des liquidités par le rachat des obligations d’Etat : des mesures attendues. The Economist commente : «Quand cet abaissement est finalement intervenu, il était totalement attendu par les marchés et a même semblé un peu tardifLa livre faible devrait pouvoir compenser un climat économique moribond, mais ce n’est pas le cas. Toujours selon The Economist, «les entreprises européennes ne seront pas disposées à dépenser plus d’argent en Grande-Bretagne tant que l’on n’aura pas fait la lumière sur l’avenir des relations du pays avec l’UE».

 

Les entreprises frileuses à l’embauche. Les entreprises britanniques embauchent beaucoup moins sur le long terme : les embauches à durée indéterminée ont largement baissé outre-Manche. Le 5 août, une étude de REC a confirmé le climat économique très peu favorable. Kevin Green, directeur de REC, affirme même que «les embauches à durée indéterminée [s’effondrent] à des niveaux jamais vus depuis la récession de 2009». Pour l’analyste, le Brexit explique évidemment en grande partie ce contexte difficile, même si les conséquences à long terme du “leave” ne sont pas encore connues : «Avec la stabilisation de la situation politique et les décisions sensées de la Banque d’Angleterre, le marché de l’emploi pourrait retrouver sa confiance plus vite qu’espéréEn attendant, la Bank of England prévoit un chômage de 5,5% en 2018, contre 4,9% en mai dernier ; 250 000 emplois sont menacés dans le pays.

 

Une pétition pour enlever le français des passeports… Une pétition a été lancée outre-Manche pour enlever les expressions françaises des passeports britanniques. Là où le bât blesse : les deux devises du Royaume-Uni sont en langue française. «Honni soit qui mal y pense» et «Dieu et mon droit ». Certains internautes sont allés vérifier l’étymologie du mot anglais «passport»… qui vient évidemment de la langue de Molière. C’est à se demander s’il restera quelque chose à écrire sur les documents anglais au cas où le Parlement se pencherait sur la question…

 

La City veut rassurer… On s’en souvient, la City avait massivement appelé à voter contre le Brexit. Désormais, la place financière londonienne veut persuader que le vote pour la sortie de l’Union européenne n’est qu’un petit événement. HSBC, notamment, avait menacé de déplacer un millier d’emplois depuis Londres vers Paris. Désormais, il n’est plus question de procéder à ce licenciement massif : «Le Brexit n’aura pas d’incidence sur la position de notre holding, a annoncé Douglas Flint, le président de la HSBC. Il n’aura pas d’impact sur la partie banque britannique de HSBC non plus. Et dans la banque d’affaires, seule une petite partie travaille avec le passeport européen, réalisant des produits financiers vendus en EuropeCe fameux passeport européen étant tout de même une condition pour que le millier d’emplois tant discuté ne se déplace pas en France. En revanche, le président de la banque exclut de déplacer son siège européen : il restera londonien.

 

Renault-Nissan : Ghosn en position de force. Tout dépendra des conditions dans lesquelles le Royaume-Uni quitte l’Union européenne. C’est ce qu’a affirmé le PDG de Renault, Carlos Ghosn, à la BBC, concernant le site de l’alliance Renault-Nissan à Sunderland. «La question est ce qui va arriver en termes de tarifs douaniers, de commerce, de libre circulation, plus particulièrement des produits. Ce sont des éléments clés qui détermineront comment et combien on investit en Grande-Bretagne.» Dans le cas d’un déménagement, Renault pourrait récupérer des productions…

 

Agriculture : ça va se compliquer. Il faut repenser tous les modèles d’aide. Après le secteur vidéoludique, c’est le secteur agricole qui est dans la tourmente. La PAC (Politique agricole commune) dont bénéficiaient les agriculteurs britanniques va devoir être remplacée par un autre type d’aide. Face à ces difficultés, d’aucuns redoutent un recours à la productivité plutôt qu’à la protection de l’environnement. Le nouveau gouvernement a les cartes en main…