De l’audace en Flandre...
L’association Initiative Flandre‑ Intérieure, spécialisée dans le prêt d’honneur, a tenu son assemblée générale annuelle à La Gorgue, le 26 mai dernier, devant une soixantaine de ses membres. Bilan moral financier et présentation d’un exemple ont marqué la fin de journée.
La plate-forme Initiative FlandreIntérieure travaille inlassablement à la création et à la reprise d’entreprise dans un territoire relativement épargné par le chômage régional. Son champ d’action recouvre quatre intercommunalités (Flandre-Intérieure, Flandre-Lys, Métropole européenne de Lille et la communauté de communes de Weppes). Sur 62 communes, les projets vont bon train. En 2015, la plate-forme a ainsi accordé 79 prêts d’honneur qui ont conduit à la création ou au maintien de 161 emplois. En tout, près de 750 000 euros ont été injectés dans les entreprises soutenues (dont 592 000 euros en prêts à taux zéro). En sus, le dispositif d’exonération d’une partie des charges sociales NACCRE a été activé pour une somme totale de 43 000 euros. L’ensemble de cette somme a pu faire levier et mobiliser plus de 4 millions d’euros de prêts bancaires. Les porteurs ont pu mobiliser leurs propres fonds à hauteur de 713 000 euros. Un chiffre atteste de la réussite : 82% de taux de pérennité à trois ans (chiffres basés sur les entreprises financées en 2012). Bien que massif, ce soutien repose pourtant sur une petite équipe (1,6 équivalent temps plein) de deux personnes et d’une trentaine de bénévoles. La plateforme est également inscrite dans les dispositifs de prêts aux commerçants, les subventions DRAC du Conseil régional, et fait partie du réseau national Initiative France.
Des chiffres conséquents. Dans le détail, l’année 2015 a permis l’accueil de 93 porteurs de projet (contre 87 en 2014 et 132 en 2013), dans une ambiance où la création d’entreprise en 2015 a décru de 7,2%, avec des pointes à -12 et -19% dans le commerce et les activités secondaires, tandis que les services voyaient le nombre de créations croître de 2,5%. L’an dernier, ce sont ainsi 43 créations qui ont été soutenues, 2 entreprises qui ont vu leur développement accompagné et 19 reprises qui ont été financées. Si plus de la moitié des porteurs se sont attachés au commerce (33 projets), des activités dans l’agroalimentaire, la construction et les services aux particuliers ou aux entreprises ont également vu le jour. La plupart des porteurs ont ainsi créé une SARL (28%), une EURL (19%), une entreprise individuelle (17%) ou encore une EIRL (pour 13% d’entre eux). Leur répartition géographique suit les contours du périmètre défini plus haut : 43 projets ont pris place en Flandre-Intérieure, 9 en Flandre-Lys et 10 en métropole lilloise. Les profils sont majoritairement issus de Pôle emploi (56% des cas). Ce sont aussi des indépendants déjà familiarisés avec le monde de l’entreprise (18%) ou d’anciens salariés venus tenter leur chance (17%) ; 1% des porteurs sont issus des rangs de l’université.
Une brasserie à Merville. Derrière ces chiffres, l’association a donc rappelé les diverses facettes du soutien qu’elle apporte aux créateurs, prenant notamment pour exemple l’itinéraire d’une créatrice un peu particulière. Audrey Ferlin n’a pas encore 26 ans et après un bac ST biochimie, elle enchaîne par une licence de biochimie… pour s’inscrire au Pôle emploi. “Pour ne pas rester à ne rien faire”, elle distribue des prospectus sur les routes de Flandres avant de reprendre ses études : un BTS sciences et techniques au CFA de Douai. L’Audomaroise s’engage alors dans la formation brassicole en alternance dans une petite brasserie flamande, La Kaou’et. Quelque temps plus tard, on la prévient : “La brasserie est à vendre. Renseignetoi…” Audrey prend peur. Diriger une brasserie toute seule à 26 ans ? Mais “Maman était derrière, elle m’a soutenue”, explique-t-elle. A la banque, on finit par lui prêter quelques dizaines de milliers d’euros. Son dossier auprès d’Inititative Flandre-Intérieure ficelé en septembre dernier, elle commence à produire en octobre. “Les anciens propriétaire étaient sur 200 hectolitres par an. J’en ai prévu 300 cette année.” Distribuées dans les restaurants, les épiceries, et ce, jusqu’en Haute-Savoie, ses bières sont aussi vendues en direct.