Dans les pas de Joseph Besset, l'inventeur du car moderne
Ouvert en 2001, le musée du charronnage au car de Vanosc rend un hommage vibrant à Joseph Besset, un industriel ardéchois particulièrement visionnaire. On lui doit l'invention du car moderne et dans la foulée, la création de l'usine - aujourd'hui Iveco Bus - d'Annonay.
Contrairement à Louis Renault, André Citroën ou Armand Peugeot dont les patronymes sont assez logiquement passés à la postérité jusqu'à devenir des marques, peu nombreux connaissent Joseph Besset. L'histoire et la trajectoire de ce fils de paysan ardéchois devenu en son temps (soit à la veille et au lendemain de la Seconde Guerre mondiale) l'un des plus importants industriels de son époque le mériteraient pourtant. Joseph Besset a en effet révolutionner à sa façon le marché du transport de voyageurs par la route en repensant complètement l'architecture des autocars, contribuant ainsi à l'essor d'une nouvelle forme de tourisme.
De Vanosc à Annonay en passant par Détroit
Son coup de génie : rapporter des États-Unis (où il est allé constater de visu quels sont les avantages du travail à la chaîne tel qu'on le pratique dans les usines Ford) dans une France qui fait connaissance avec les congés payés, un nouveau brevet portant sur la construction des autocars, lesquels sont jusqu'alors construits de la même façon que le sont les camions. À savoir un gros moteur fixé à l'aplomb des roues avant, entre eux deux longerons sur lesquels on monte une carrosserie. Dénommé Garwood, ce nouveau concept, que Joseph Besset rapporte dans ses valises, consiste à assembler un châssis tubulaire autoportant sur lequel on vient fixer des tôles pour la carrosserie. Le moteur, rejeté à l'arrière, augmente le confort sonore, visuel et thermique des passagers et facilite la conduite en réduisant considérablement le poids sur l'essieu avant. Convaincu du succès de cette technologie, que l'on retrouve aujourd'hui encore à bord de tous les cars et bus, et conscient que son activité de carrossier automobile ne peut que décliner sous l'effet de la production en grande série d'automobiles «standard», Joseph Besset va alors se focaliser sur cette activité dans sa toute nouvelle usine d'Annonay. Dès 1946, sortiront des ateliers annonéens plus de dix cars par jour. C'est le début du succès pour cet industriel venu du monde paysan. L'Isobloc, son modèle emblématique, sera constamment amélioré et construit jusqu'à la fin des années cinquante. De nombreux modèles ont depuis succédé à l'Isobloc. Joseph Besset ayant été contraint de déposer le bilan en 1951, son usine d'Annonay sera renommée Saviempuis RVI (Renault Véhicules Industriels) puis Irisbus et enfin, à partir de 2013, IvecoBus. Avec près de 1300 personnes en activité, cette usine est le plus important site de production de bus en France, voire en Europe.
Un musée pour entretenir la mémoire
Géré par l’association La Vanaude, un musée situé dans la petite commune de Vanosc à une dizaine de kilomètres d'Annonay d'où était originaire Joseph Besset et où il a appris le métier de charron lui rend hommage et surtout, permet de faire connaissance avec ses différentes réalisations comme le fameux Isobloc, modèle emblématique, qui sera produit sans interruption de 1938 à 1959. Bichonnée par une poignée de bénévoles, une trentaine de véhicules y sont exposés dont certains sont habitués à jouer les premiers rôles au cinéma. La rencontre avec André Besset, fils benjamin de Joseph, va contribuer, dans les années 1990, à faire germer l'idée d'une exposition retraçant le parcours professionnel du jeune charron devenu carrossier. La famille Besset va permettre de réunir des documents d'époque ainsi que des souvenirs précis sur Joseph et son usine. Offerts ou prêtés par des autocaristes pour certains, achetés pour d'autres, les véhicules exposés sont tous représentatifs d'une période de la vie de l'entreprise annonéenne de cars. Certains véhicules sont parfois en excellent état de conservation, d'autres sont pratiquement en état d'épave. Toute une équipe de bénévoles, aidés par des professionnels (carrossiers, peintres, mécanos...), eux aussi bénévoles, se met à l'ouvrage et les épaves redeviennent comme neuves, tout en gardant leur cachet d'origine. Ainsi sont rénovés des véhicules de 1935, 1947, 1955, 1975. Les collections du musée sont réparties sur deux sites. Le premier a été ouvert en 2001 dans le village, sur la route de Burdignes. Un atelier de charron reconstitué avec sa forge montre comment les apprentis charrons apprenaient à réaliser des roues de chars et charrettes. En juillet 2007, un deuxième site est ouvert. Sur ce lieu de 1 000 m² sont exposés des pièces de charronnage (jardinière, charrette à bras, calèche) et des véhicules de l'ère artisanale à l'ère industrielle : voiture Rolland Pilain de 1929, Citroën P32 de 1935, Citroën P45 de 1947, Isobloc de 1943, de 1951 et 1955, autocar Chausson, des cars et bus Saviem dont un SC 10 et un S45, et Renault V.I. des années 70 et 80.
Frédéric ROLLAND (l’Écho Drôme-Ardèche) pour reso-hebdo-eco.com