Dans les Hauts-de-France, les industries agroalimentaires ne s'essoufflent pas

Le marché agroalimentaire français a baissé trois à quatre fois moins fort que les autres secteurs de l’économie et n’a pas cessé de recruter. Tour d’horizon dans les Hauts-de-France.

© Seventyfour
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Secteur essentiel par nature, l’agroalimentaire semble avoir pris un nouvel essor depuis le début de la pandémie : la fragilité de notre système face au coronavirus l’a rendu inappréciable. Si le marché a reculé de près de 3% l’an dernier, la filière n’a pas cessé de recruter pour nourrir ses nouveaux projets. 

Le marché agroalimentaire français a baissé trois à quatre fois moins fort que les autres secteurs de l’économie. De plus, il a fortement crû via les grandes surfaces. Surtout, le marché est national : 80% des produits consommés en France sont produits dans l'Hexagone.

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Les grands groupes réinvestissent dans leurs outils de production. (© Aletheia Press / B.Dequevauviller)

Indépendance et disponibilité

Avec les difficultés d’exportation liées à la crise, le marché français est apparu primordial en termes d’indépendance et de disponibilité. Et les grands groupes ne s’y sont pas trompés. Déjà en 2019, les projets en France s'étaient enchaînés : Bonduelle, Herta, Lesaffre, Blédina ou encore Coca-Cola ont réinvesti dans leurs outils de production.

Dans la région, la tendance est la même. L’entreprise de pâtes à tarte Cérélia va investir 50 millions d’euros afin de quitter Liévin en 2021 pour sa future usine d’Arras, de 2,7 hectares. Une cinquantaine d’emplois devraient naître de cet investissement. Au rayon pâtes toujours, et encore à Arras, il faut noter le projet du groupe PHD croissance (8 millions d’euros de chiffre d’affaires pour 50 salariés). Sur 1 000 m², de nouvelles lignes de fabrication devaient coûter 3,8 millions d’euros ; 15 personnes doivent être recrutées.

De Carambar aux start-up

Côté confiserie, la chocolaterie Delespaul-Havez, site historique de Carambar à La Madeleine, devrait déménager à Bondues, recentrant les activités du groupe Eurazeo qui le détient. L’ensemble du personnel sera repris, mais sous de nouveaux contrats moins avantageux.

Les Hauts-de-France sont aussi une terre d’innovation agroalimentaire. Ainsi la start-up lilloise NxtFood qui a commencé, fin 2020, à commercialiser son steak végétal à partir de produits régionaux (essentiellement des pois et du blé). L’entreprise vient de lever 10 millions d’euros pour construire son premier site de production à Vitry-en-Artois. Les effectifs devraient passer de 25 à 50 d’ici 2022. La start-up travaille sur des saucisses et des boulettes. De quoi lancer d’autres lignes de production et recruter jusqu’à 200 personnes selon son PDG, Thierry Maroye.


Des exportations mitigées

La chaîne de valeur de l’agroalimentaire a été fortement perturbée l’an dernier. Dans sa note de conjoncture, l’Association nationale des industries alimentaires (Ania) dresse un bilan sur les six premiers mois de 2020 et montre des exportations mitigées. Ainsi, les replis à l’exportation concernent surtout les vins et spiritueux (- 21%) tandis que les préparations à base de fruits et légumes dévissent de 1,4%. Les produits laitiers et les glaces croissent, de leur côté, de 1,3%. Selon les zones, les flux sont plus ou moins baissiers : - 3% à destination de l’Union européenne, - 5% vers les pays tiers ; - 17% vers l’Alena (Accord de libre-échange nord-américain) ou encore - 9% vers le Moyen-Orient. Autre point névralgique : les prix. «Le retour à l’inflation alimentaire, sans nullement affecter le pouvoir d’achat des ménages, permettrait de sauver toute une filière alimentaire, déjà largement ébranlée, des conséquences néfastes de la guerre des prix», pointe l’Ania.