Environnement

Dans les forêts de l'Aisne, l'ONF face aux défis du changement climatique

L'Office national des forêts (ONF), acteur majeur de la filière forêt-bois, est confronté dès aujourd'hui aux conséquences du changement climatique. « Les effets marqués du changement climatique attendus d'ici à 20 ou 30 ans, arrivent plus vite que prévu », constate Bertrand Wimmers, directeur de l'ONF de Picardie.

Bertrand Wimmers, directeur de l'ONF de Picardie (à g.) avec Nicolas Fricoteaux, président du Département
Bertrand Wimmers, directeur de l'ONF de Picardie (à g.) avec Nicolas Fricoteaux, président du Département

Les forêts de l'Aisne sont confrontées dès à présent au changement climatique, un constat dressé par Bertrand Wimmers, directeur de l'agence picarde de l'Office national des forêts, à l'occasion d'une rencontre avec les élus du département de l'Aisne. L'ONF gère 25% de la forêt axonaise, soit 38 000 hectares dont font notamment partie les forêts domaniales de Saint-Michel-en-Thiérache, de Saint-Gobain et de Retz et constate les effets déjà bien visibles du changement climatique.

« Nous avons eu en 2017, en 2018 et en 2019, trois étés chauds et secs et c'est toute la forêt qui souffre déjà, explique Bertrand Wimmers. Les vieux arbres souffrent mais aussi les petits qui ont des retards de croissance, les semis qui ne prennent pas, c'est assez général. L'hêtre et le chêne pédonculé, très présents dans nos forêts de l'Aisne, gourmands en eau, pâtissent de cette sécheresse. »

Le modèle de forêt mosaïque comme réponse au défi climatique

Face à ce constat guère réjouissant, les agents de l'ONF sont obligés d'agir. « Le phénomène est pris en compte depuis les années 1990 par les forestiers mais il est plus rapide que ce que les modèles avaient prévu, et même s'il y a une capacité naturelle d'adaptation des arbres, celle-ci reste moins rapide que la remontée des températures observée », rappelle le directeur de l'ONF.

Qui défend le modèle de forêt mosaïque comme réponse à ce défi climatique. Il consiste à veiller à diversifier les essences d'arbres, à préserver de vieux bois, à conserver des réserves biologiques ou encore à créer des îlots d'avenir. « Dans ces îlots d'avenir, on peut faire remonter par exemple des essences d'arbres du sud de la France, plus résistantes à la sécheresse, qu'on va venir brasser par exemple avec notre hêtre local et on peut aussi, à dose plus homéopathique, tester des essences venant d'ailleurs comme le sapin de Turquie ou le chêne de Hongrie, explique Bertrand Wimmers. C'est cette diversification, cette variété d'essence d'arbres, mais aussi mêler des arbres jeunes avec des plus anciens, qui peuvent être une réponse. »

L'agence de l'ONF de Picardie gère 860 000 hectares de forêt dont 38 000 dans l'Aisne (ici la forêt de Saint-Gobain). (c)AdobeStock

Gérer durablement les forêts

Cette stratégie devrait aider l'ONF à remplir ses missions : la gestion durable des forêts, l'accueil du public mais aussi la valorisation de la ressource en bois. L'ONF, qui a un statut d'Epic, c'est-à-dire d’Établissement à caractère industriel et commercial, récolte chaque année dans l'Aisne, 500 000 m3 de bois dont 250 000 issus de la forêt publique.

Ce bois est utilisé par 30 exploitants et transite par neuf scieries axonaises, et une située dans la Marne. En Picardie, 150 personnes travaillent pour l'ONF et font en sorte de préserver ces bois et forêts, tout autant puits de carbone que réserves de biodiversité.

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L'ONF en Picardie en chiffres

L'ONF est un Établissement à caractère industriel et commercial (Epic), placé sous la double tutelle des ministères de l'Environnement et de l'Agriculture. Ses missions sont la valorisation des ressources en bois, la gestion durable des forêts, l'accueil du public et la prévention des risques naturels.

L'Office gère 25% de la forêt française, emploie 8 000 personnes, dont 150 en Picardie. L'agence de Picardie fait partie de la direction territoriale Seine-Nord de l'ONF qui comprend la Normandie, les Hauts-de-France et l'Île-de-France.

L'agence de Picardie, basée à Compiègne, gère 860 000 hectares de forêt dont 38 000 dans l'Aisne. L'ONF gère 25% de la forêt axonaise. Présent sur trois sites à Hirson, à Saint-Gobain et à Villers-Cotterêts, il est doté d'une régie de travaux interne, avec des ouvriers forestiers et conducteurs lui permettant de réaliser la moitié des travaux lui-même.

L'ONF dit stop au vandalisme subi par les travailleurs en forêt

L'agence Picardie de l'Office national des forêts alerte sur des actes de vandalisme qui se multiplient depuis le début de l'année, à l'encontre des travailleurs du bois. L’Office constate une hausse des dégradations commises en forêt, que ce soit sur les matériels et engins forestiers des entreprises d’exploitation, les bâtiments de l’ONF, les locaux de chasse, les grumes de bois stockées au bord des chemins…

« Ces attaques nuisent à la gestion de la forêt et fragilisent le tissu local d’entreprises qui travaillent et vivent de la forêt », selon l'ONF et les acteurs de la filière forêt-bois qui ont récemment publié une tribune dans les pages de l'Obs.

Dans le sud de l’Oise, de nombreuses dégradations ont eu lieu sur des tracteurs forestiers, des abris de chasse, des véhicules de l’ONF, de chasseurs, de salariés : incendies criminels, crevaisons, tags émaillent depuis le début de l’année le travail des forestiers. Des actes de malveillance ont également été relevés dans les forêts de l'Aisne et à chaque fois, l'ONF a porté plainte, de même que les différentes victimes.