Dans le Val-de-Marne, une municipale anticipée en forme de ballon d'essai pour les Insoumis

"Vous êtes au courant qu'il y a des élections municipales bientôt?". Tract à la main, Louis Boyard tente de convaincre les habitants de Villeneuve-Saint-Georges, dans le Val-de-Marne, de l'élire maire de la ville. Un scrutin anticipé qui sera...

Le député insoumis Louis Boyard en campagne dans le cadre de la municipale anticipée de Villeneuve-Saint-Georges, dans le Val-de-Marne, le 18 janvier 2025. © Dimitar DILKOFF
Le député insoumis Louis Boyard en campagne dans le cadre de la municipale anticipée de Villeneuve-Saint-Georges, dans le Val-de-Marne, le 18 janvier 2025. © Dimitar DILKOFF

"Vous êtes au courant qu'il y a des élections municipales bientôt?". Tract à la main, Louis Boyard tente de convaincre les habitants de Villeneuve-Saint-Georges, dans le Val-de-Marne, de l'élire maire de la ville. Un scrutin anticipé qui sera un vrai test pour la stratégie de LFI.

Au second tour des législatives de 2024, le jeune député insoumis a fait un score de 61% dans cette ville, où la préfecture a décidé en décembre d'organiser ce dimanche et le 2 février une municipale après de multiples scandales politiques locaux.  

De quoi donner des espoirs à Louis Boyard, qui conduit une liste dont il vante la mixité, représentative de la ville et de ses quartiers populaires.

Sur le papier, Villeneuve-Saint-Georges est un terreau fertile pour que poussent les velléités municipales des Insoumis: c'est la ville la plus pauvre (avec un taux de pauvreté de 34%) et la plus jeune de ce département de banlieue parisienne. 

Parfait pour le mouvement de gauche radicale, qui concentre sa stratégie électorale sur la jeunesse et les quartiers populaires. 

Samedi dernier, entouré de ses militants, Louis Boyard faisait du porte-à-porte dans les quartiers nord de la ville, sous le ballet incessant des avions en phase d'atterrissage à l'aéroport voisin d'Orly . 

Dans un HLM, l'ancien syndicaliste lycéen et chroniqueur de l'émission "Touche pas à mon poste" toque à la porte de Zhaira, 45 ans. Cette mère de famille travaille dans une école de la ville, mais ne connaît pas Louis Boyard. 

Ce dernier attire son attention sur une photo sur son tract: celle de Jean-Luc Mélenchon, qui viendra lui prêter main forte en meeting jeudi, à trois jours du premier tour. "Je l'aime bien lui", sourit Zhaira.

"Mélenchon, ça permet aux gens de nous situer idéologiquement, ça crédibilise", explique à l'AFP le député de 24 ans. 

"La stratégie des Insoumis, c'est de nationaliser les enjeux, et nous c'est de les localiser. Mais les gens ont besoin d'un maire, pas d'un influenceur", persifle en retour un responsable communiste.

Car Louis Boyard ne conduit pas la seule liste de gauche dans cette élection. Il est notamment opposé à une liste d'union, composée de socialistes, communistes et écologistes.

- "Le cas chimiquement pur" - 

"On a fait une liste d'union, on a tendu la main aux Insoumis et on continue de la tendre", indique à l'AFP Daniel Henry, le candidat PCF à la tête de cette liste. 

"Il y a sur cette liste des gens qui copinent avec les fondateurs du printemps républicain", mouvement de défense de la laïcité honni des Insoumis, accuse en retour Louis Boyard, pour justifier son cavalier seul. 

Les communistes peuvent estimer avoir pour eux une légitimité historique à diriger cette ville, marquée par son fort héritage cheminot: ils y ont contrôlé la mairie plus de 30 ans depuis la Seconde Guerre mondiale, dont récemment entre 2008 et 2020. "D'accord, les communistes ont dirigé la ville il y a 15 ans, mais ils y ont fait 3% aux européennes", quand les Insoumis ont fait un score de 39%, répond Manuel Bompard. 

Le coordinateur national de LFI qualifie même la situation politique à Villeneuve de "cas chimiquement pur": à savoir ces villes anciennement communistes de la "ceinture rouge" de banlieue parisienne où les Insoumis ont fait des très bons scores aux dernières élections, leur donnant ainsi des ambitions pour les prochaines municipales.

Car en 2026, La France insoumise fêtera ses 10 ans. Et pour cet anniversaire, elle veut s'offrir un bon nombre de villes. Malgré ses 71 députés, le mouvement de gauche radicale manque cruellement d'élus locaux et en cas de victoire de Louis Boyard, Villeneuve-Saint-Georges avec ses 35.000 villes habitants deviendrait immédiatement la plus grande commune à hisser le drapeau insoumis.

Comme pour toute élection partielle, et alors que le candidat LFI Lyes Louffok a connu une sévère défaite dans une législative la semaine dernière, "il faut donner aux gens une raison de se mobiliser". "Si la mobilisation est importante on peut gagner", assure Manuel Bompard.

Alors, sur le terrain, les Insoumis reproduisent leurs recettes qui leur ont valu de récents succès électoraux dans les grandes métropoles et leurs banlieues. "Villeneuve Saint-Georges sera la ville qui s'est engagée pour la Palestine en 2025", a ainsi promis Louis Boyard lors de son lancement de campagne.

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