Dans l’œil "technique" du drone

Avec leurs aéronefs, Julien Gérard et Willy Faucher entendent séduire autant les collectivités que les entreprises et les professionnels. Les applications de cette nouvelle imagerie aérienne sont surprenantes et loin d’être toutes explorées.

Julien Gérard, chez lui à Saint-Amand-les-Eaux, siège de la société pour l’instant. Entre ses mains, l’hexacoptère. Avec son associé, il dispose aussi d’une aile volante.
Julien Gérard, chez lui à Saint-Amand-les-Eaux, siège de la société pour l’instant. Entre ses mains, l’hexacoptère. Avec son associé, il dispose aussi d’une aile volante.
D.R.

Julien Gérard, chez lui à Saint-Amand-les-Eaux, siège de la société pour l’instant. Entre ses mains, l’hexacoptère. Son associé et lui disposent aussi d’une aile volante.

En devenant, en juillet, lauréats de Nord Entreprendre Hainaut, Julien Gérard, 33 ans, et son cogérant, Willy Faucher, ont eu une confirmation : celle que leur entreprise GEO2R, spécialisée dans l’imagerie aérienne à l’aide de drones, faisait sans doute partie des domaines promis à un bel avenir. Comme le numérique, l’impression 3D, le GPS, les nanotechnologies ou d’autres innovations relativement récentes…

«On a créé la SARL en novembre 2014, avec le soutien de la CCI, et on s’est vite rendu compte que le potentiel était énorme, ne serait-ce que parce que les drones font gagner du temps, des coûts. Ils évitent par exemple le recours à des nacelles ou échafaudages en cas d’inspection de hauts bâtiments. Ils peuvent aussi remplacer la photo aérienne classique à basse altitude.»

 Volonté d’innover. Pour lui, comme pour son associé, l’aventure a démarré il y a environ deux ans. «On était copains au lycée et, à 31 ans, on a voulu créer, mais du côté des produits innovants. Avant, j’avais eu un parcours dans le transport et la logistique.» Pourquoi les drones ? «J’ai fait du modélisme, ça vient peut-être de là. En tout cas, le sujet à la télé a attiré notre attention et on a d’abord pensé à une utilisation audiovisuelle. Mais il y avait déjà du monde… On a alors réfléchi à des applications plus techniques, plus inédites. Avec une start-up de Paris qui cherchait des partenaires dans le Nord, on a ainsi approché la cartographie de parcelles agricoles au moyen d’une aile volante.»

GEO2R dispose aujourd’hui d’une aile volante avec capteur photo, d’une autonomie de 45 min et pouvant filer à 80 km/h ainsi que d’un hexacoptère (six rotors) pour les vols «de précision» ou stationnaires, avec photo et vidéo. 

Des usages nombreux. La petite entreprise, basée à Saint-Amand-les-Eaux, a déjà des prestations à son actif et espère séduire d’autres collectivités et clients privés. Exemples : assistance à un géomètre ; cartographie (avec géolocalisation des données captées) ; inspection de l’état d’un bâtiment ; suivi d’un chantier ; photo technique avec modélisation en 3D pour des entreprises (carrières, évaluation des volumes de matériaux dans une zone de stockage ; installations industrielles ; sites sensibles ou difficiles d’accès) ; films événementiels, promotionnels, événements sportifs… Les applications sont nombreuses et la concurrence risque de vite s’installer dans ce nouvel eldorado technique.

Une réglementation sévère. L’actualité a montré que les drones n’étaient pas que des jouets et que leur usage à l’extérieur était très encadré. Julien Gérard explique que les «pilotes professionnels» doivent d’abord obtenir une attestation sanctionnant la réussite à des épreuves théoriques et pratiques et, ensuite, que leur activité est soumise aux réglementations de l’aviation civile (proches de celles concernant les ULM) et à des autorisations préfectorales ponctuelles ou annuelles (en zone urbaine notamment).

Il donne des exemples : «On ne peut pas survoler les personnes ni les animaux. Et encore, en laissant 30 mètres de marge. On ne peut pas s’élever à plus de 150 m d’altitude et c’est plus compliqué encore à proximité d’un aérodrome. Un drone ne peut dépasser un poids de 4 kg et doit disposer d’un parachute s’il pèse entre 2 et 4 kg ; on doit toujours l’avoir à vue…» Le mot “drone”, ajoute-t-il, est réservé en principe au langage militaire. Dans le civil, on doit dire «aéronef télépiloté».

Des projets. «Notre valeur ajoutée, c’est la maîtrise du matériel, la connaissance de la réglementation, mais aussi et surtout le traitement des données obtenues avec la technologie embarquée.» Les deux cogérants disposent pour cela de logiciels de traitement très pointus.

La toute jeune entreprise a des projets : l’acquisition d’un troisième drone, plus petit, pour les vols à l’intérieur de locaux et des prestations d’inspection thermique des bâtiments cet hiver. Julien Gérard confiant ajoute : «Plusieurs fois, on nous a dit que l’on avait une pépite entre les mains. C’est vrai que le potentiel des drones est énorme.»