Damen Shiprepair : la réparation navale dunkerquoise a le vent en poupe
Depuis 2019, le chantier de réparation navale Damen Shiprepair connaît une croissance quasi ininterrompue. Dans un marché fortement concurrencé par la Pologne, la Turquie et plus globalement, l’Asie, le Dunkerquois a su tirer son épingle du jeu en diversifiant sa clientèle et en misant sur la confiance, la qualité et la réactivité.
«On ne peut pas s’aligner sur les prix. Alors, il a fallu se démarquer autrement de nos concurrents polonais, turcs et asiatiques», pose Arnaud Chotard, directeur commercial du chantier de réparation navale Damen Shiprepair à Dunkerque. Cette volonté s’est concrétisée par l’établissement d’un lien de confiance avec les clients armateurs, une grande qualité de service et une réactivité immédiate. «Et cela, ça n’a pas de prix», constate le directeur commercial, heureux de cette stratégie qui a commencé à porter ses fruits en 2019, sept ans après la reprise du chantier de réparation navale par le groupe néerlandais, Damen Shiprepair, alors qu’il était sous la menace d’une fermeture. Spécialisé dans la construction de navires de petites dimension (80% du chiffres d'affaires), il emploie 8 000 salariés dans le monde. En France, il est aussi le propriétaire du chantier de réparation navale de Brest.
À cela s’est ajouté un autre paramètre, payant lui aussi : la diversification du chantier dans les porte-conteneurs, en plus de son activité historique dans les ferries et les dragues. Pour cela, Damen Shiperepair s’est appuyé sur l’armateur français CMA-CGM, qui escale plusieurs fois par semaine au port de Dunkerque. «Pour ses lignes entre les États-Unis ou les Antilles et l’Europe, il y a un réel intérêt à disposer d’un chantier de réparation à Dunkerque. Dérouter un navire pour aller le faire réparer ou assurer des travaux de maintenance en Pologne ou en Turquie serait une hérésie aussi bien financière qu’écologique», analyse Arnaud Chotard.
Nouvelles diversifications en réflexion
Désormais, le chantier accueille, suivant les années, entre quatre et six porte-conteneurs de la compagnie CMA-CGM pour des travaux de maintenance. À cela s’ajoutent des travaux de réparation non programmés pour lesquels le chantier doit faire preuve d’une très grande réactivité, un navire immobilisé étant, de fait, un navire qui coûte mais ne rapporte rien. «Cela fait partie du contrat de confiance que nous avons tacitement signé avec l’armateur», précise le directeur commercial.
Dans ses deux formes (dont l’une de 310 m) et son dock flottant qui permettent de mettre à sec les navires, Damen reçoit également les ferries des compagnies DFDS et Irish Ferries qui opèrent sur le détroit entre la Grande-Bretagne et la France. «En plus des lignes Calais-Douvres et Dunkerque-Douvres, il y a, depuis 2020, une ligne vers l’Irlande. Et DFDS doit ouvrir bientôt une liaison avec l’Écosse. Pour nous, ce sont de bonnes nouvelles car cela sous-entend potentiellement plus de ferries en maintenance», souligne Margaux Pleuvret, responsable commerciale adjointe.
Depuis quelques années, Damen s’est aussi, avec succès, ouvert à la réparation ou à la maintenance sur des navires à quai à l’escale. Cela peut, par exemple, concerner certaines réparations ou opérations de maintenance sur les porte-conteneurs «megamax» de 400 mètres, trop longs pour être placés sur les formes ou un dock de l’entreprise.
Cet esprit d’entreprendre permet à Damen d’enregistrer une belle croissance depuis 2019, qui l’a conduit à embaucher. L’effectif est ainsi passé de 130 à 140 personnes. Mais aussi d’ouvrir un établissement secondaire au Havre pour répondre à des besoins de maintenance sur des navires en escale. L’entreprise réfléchit désormais à investir pour poursuivre sa stratégie de diversification de ses activités. En ligne de mire, le secteur des navires de croisières, les gaziers et la flotte militaire.