D’ici 2015, toute la ligne aura été rénovée

Aux abords du viaduc de Picardie dans la Somme, chaque nuit, quelques dizaines d’ouvriers travaillent au remplacement d’appareils de dilatation et de ballast.Ce chantier de 5 millions d’euros est le premier pas vers la rénovation totale de la ligne à grande vitesse Paris-Lille.

Les engins de chantier doivent rapidement enlever une quarantaine de centimètres de ballast usagés.
Les engins de chantier doivent rapidement enlever une quarantaine de centimètres de ballast usagés.
CAPresse 2012

A chaque opération, 18 mètres de rails d’un seul tenant sont enlevés et remplacés avant le ramassage du ballast.

Le village de Feuillères dans la Somme est endormi. Il est presque 1h du matin. Il faut lever les yeux pour voir le chantier. Des ouvriers circulent sur une plate-bande large de moins d’un mètre. D’un côté, il y a les voies de chemin de fer et de l’autre un ravin. Les engins de chantier s’activent dans le bruit des freins des véhicules de chemin de fer de la société Meccoli. Les voies, vieilles d’une vingtaine d’années, disparaissent petit à petit. «Dix-huit mètres de part et d’autres des appareils de dilatation sont enlevés», explique Mathieu Debuires, directeur régional Nord-Pas-de-Calais/Picardie pour RFF. Ces appareils de dilatation sont disséminés avant et après le viaduc de Picardie. L’ouvrage d’art de 300 mètres permet le passage de la ligne à grande vitesse reliant Paris à Lille.

 

Un timing serré. Au total, près d’une cinquantaine de personnes sont au travail chaque nuit depuis le 1er octobre. Le chantier de remplacement des quatre appareils de dilatation a duré jusqu’au 12 novembre. Un premier chantier du même type s’était déroulé sur un viaduc de la ligne aux abords d’Arras. Là aussi, quatre appareils de dilatation avaient été remplacés. «Ce sont des points fragiles sur la ligne», indique le responsable de RFF. Ces appareils souffrent du frottement causé par le déplacement des TGV lors de leur passage à 300 km/h. Les employés sont soumis à un timing serré pour réaliser le chantier en seulement sept heures. Une fois le dernier train passé, la ligne est coupée, les caténaires mis hors tension et la sécurité est assurée par douze cheminots. Il est 22h50 et les travaux peuvent débuter. Les rails sont démontés puis enlevés. Le ballast, un agrégat de morceaux de granit usés par le passage des trains, est enlevé sur une profondeur de 40 centimètres. Il est évacué sur des rails puis remplacé par du ballast neuf. De nouveaux rails sont ensuite placés et soudés. La ligne est rouverte à la circulation. Il est 5h50.

 

Près d’une centaine de TGV chaque jour. «L’objectif de ces travaux de nuit est de permettre aux clients de rouler dans la journée», poursuit le cadre de RFF. Au total, 96 trains fréquentent cette ligne dans les deux sens chaque jour. Les voyageurs ne verront aucun changement puisque les cinq minutes de retard pour cause de ralentissement à 80 km/h sont prises en compte dans les horaires des billets. Un tel chantier, d’un coût de 5,150 millions d’euros, est préparé cinq ans à l’avance par RFF et la SNCF. Cette limitation de vitesse ne durera que quelques jours avant que les TGV ne reprennent leur vitesse habituelle. «C’est assez tendu en termes de planning», assure Mathieu Debuires. Cela représente le premier pas vers un chantier d’une tout autre étendue. A partir de 2015,  la totalité du ballast et des rails sera remplacée sur la ligne à grande vitesse Paris-Lille, mise en circulation en 1993. Chaque année, entre 50 et 60 kilomètres de rails seront remplacés. Ce chantier d’une dizaine d’années coûtera 70 millions par an. Des études et des sondages sont déjà en cours pour le préparer. 

 

CAPresse 2012

Les engins de chantier doivent rapidement enlever une quarantaine de centimètres de ballast usagés.