D’artisans à artistes, de l’atelier au musée, les métiers franchiront un stade
Pour sa seconde édition, le Salon international des métiers d’art réunira 165 exposants dans les entrailles du stade Bollaert et le giron du Louvre-Lens.
Un des paris de Lens et d’Euralens est de changer radicalement le Pays noir en “Pays d’art et d’histoire”. Ce pays, tant décrié, était déjà entré dans l’histoire, l’industrielle et l’humaine, tant ont été ici mêlés le travail, la souffrance, la lutte, l’exploit, la découverte et la technologie. Le charbon a été une longue épopée, souvent très dure, dont la fin brutale n’a pas été simple.
Comment reconvertir un pays qui vivait d’une mono-industrie, dont les hommes et les femmes appartenaient de la naissance à la mort aux compagnies toute puissantes, puis à la formidable machine d’Etat des HBNPC devenues Charbonnages de France ?
Il y eut l’Unesco puis le Louvre-Lens, deux façons de glorifier ce pays, de le sortir du marasme et d’apprendre à ses femmes et ses hommes à en être fiers. Certes, il y eut toujours une très grande fierté à être mineur, une famille de mineurs, d’appartenir à la mine et la servir au péril de sa vie. Ce pays portait aussi une grande honte, plutôt une grande humilité. On vantait les qualités de son peuple, on ne vantait ni ses paysages ni son architecture. Il était, au contraire, synonyme de pollution, de monotonie. La mission Bassin minier a œuvré jusqu’à la reconnaissance au Patrimoine mondial et œuvre encore pour donner ses lettres de noblesse à cette architecture dont l’Etat a reconnu la valeur par plusieurs classements et inscriptions au titre des Monuments historiques.
Union des contraires. Dans ce contexte, accueillir le Louvre-Lens a été un autre pari dont on peut constater, aujourd’hui, qu’il a réussi. Le temps a été donné au temps de faire son œuvre autour de l’intrus rapidement devenu enfant du pays, d’autant plus qu’il a su s’allier à son aîné, son rival devenu son partenaire : le stade Bollaert. Le pays minier avait, dès lors, deux mamelles, le foot et l’art, l’un issu de son peuple, l’autre descendu de Paris. Géographiquement voisins et maintenant associés dans la deuxième édition d’un troisième pari : organiser à Lens un Salon international des métiers d’art qui puisse devenir une référence en la matière, de ces rendez-vous dont on dit maintenant qu’ils sont «incontournables».
La seconde édition, au stade Bollaert-Delelis, les vendredi 18, samedi 19 et dimanche 20 novembre, conforte son ambition avec 165 exposants annoncés et l’espérance de dépasser les 18 867 visiteurs comptabilisés l’an dernier. L’entrée restera gratuite, ce qui devrait stimuler l’envie d’une sortie culturelle.
A l’établi de cette manifestation, on trouve l’IMAP (Institut des métiers d’art et du patrimoine), présidé par Alain Griset, créé à l’occasion de l’arrivée du musée et labellisé Euralens, pour être le cluster d’excellence des métiers d’art. A été effectuée une sévère sélection avec Luc Piralla, conservateur du patrimoine et chef du service conservation au Louvre-Lens, sur la base des métiers définis comme métiers d’art par décret.
Haut niveau sans élitisme. Deux autres critères ont guidé la sélection : l’expertise professionnelle et la production de pièces unique ou en petite série. Se côtoieront, sur les trois niveaux du salon, des restaurateurs et des créateurs dans toutes sortes de spécialités, certaines classiques comme les ébénistes ou les céramistes, d’autres plus inhabituelles comme les taxidermistes, les graveurs sur arme ou les facteur d’orgues mécaniques, en tout une cinquantaine de métiers. Sur 281 métiers recensés par le décret, 52 seront représentés au salon. De quoi intéresser tout le monde et faire découvrir des matériaux inédits et des mises en œuvre inattendues. Parmi eux, 11 exposants sont labellisés «Entreprise du patrimoine vivant».
Les liens avec le musée seront nombreux, à commencer par une navette gratuite du salon au musée, ou un défilé de mode dans la galerie du Temps. L’étage supérieur sera consacré à habiller le corps ; au second, les matières et objets d’intérieur ; en bas, les matières brutes et leur transformation.
Si l‘occasion sera belle pour le public d’entrer dans un mode inconnu, l’enjeu est important pour les exposants, confrontés à l’isolement dans leurs ateliers et à des prix de vente forcément élevés. Le salon sera l’occasion d’expliquer pourquoi le bel ouvrage est plus cher que la banalité. Un rapprochement pas tout à fait fortuit avec les chefs d’œuvre mésopotamiens présentés dans la nouvelle expo du Louvre-Lens.
Stade Bollaert à Lens ; vendredi 18, samedi 19 et dimanche 20 de 10h à 19h ; entrée gratuite ; exposition vente ; deux espaces de restauration.