Crise du logement: le gouvernement prête main forte à la construction

La Première ministre Elisabeth Borne a annoncé jeudi à Dunkerque un coup de pouce à la construction de logements, y compris étudiants, loin des attentes d'un secteur en crise, mais devenue...

 © Louis SIBILLE
© Louis SIBILLE

La Première ministre Elisabeth Borne a annoncé jeudi à Dunkerque un coup de pouce à la construction de logements, y compris étudiants, loin des attentes d'un secteur en crise, mais devenue nécessaire pour répondre aux projets de réindustrialisation.

Face à la crise de l'immobilier et du crédit, l'attente est énorme et unanime. Le nombre de ménages en attente d'un logement social (2,42 millions) n'a jamais été aussi élevé et celui des personnes sans domicile a grimpé à 330.000.

"Sans nouveaux logements abordables, nous raterions le coche de la réindustrialisation et du renouveau du territoire", a souligné la Première ministre en reconnaissant "une période difficile pour le secteur".

Elle était accompagnée du ministre délégué chargé du Logement Patrice Vergriete. Cet ancien maire de Dunkerque, ingénieur urbaniste de formation, a encouragé dans sa ville la construction de logements pour les rapprocher notamment des nouveaux emplois industriels.

Comme les 1.200 emplois directs à venir de la méga-usine de batteries électriques de la start-up Verkor, que Mme Borne a inaugurée dans l'après-midi.

Après un détour par Montreuil-sur-Mer (Pas-de-Calais) auprès des habitants touchés par les inondations, la cheffe du gouvernement a annoncé l'engagement par l'Etat et la Caisse des dépôts de 500 millions d'euros et compte sur un apport similaire des investisseurs institutionnels pour "doubler" d'ici à 2026 la construction de logements locatifs intermédiaires (LLI) à 30.000 unités chaque année.

Ce type de logements est proposé à des tarifs réglementés mais plus élevés qu'en logement social.

Pas au niveau

Emmanuelle Cosse, présidente de l'Union sociale pour l'habitat (USH), principale confédération de bailleurs sociaux, "ne doute pas qu'il y ait une prise de conscience" de la crise, mais pour elle "les réponses sont pas du tout au niveau".

Une réflexion va, en outre, être engagée pour lancer un deuxième plan de rachat de logements à des promoteurs, afin de relancer des chantiers en berne et de produire du logement social et intermédiaire.

Pour Pascal Boulanger, président de la Fédération des promoteurs immobiliers (FPI), ce plan de rachat "amoindrit la mauvaise nouvelle" de la crise, mais il "préfèrerait s'en passer".

Pour les étudiants, Elisabeth Borne a promis la construction d'ici trois ans de 35.000 logements supplémentaires, dont les modalités seront précisées prochainement par les ministres Patrice Vergriete et Sylvie Retailleau (Enseignement supérieur).

Le ministère du Logement sélectionnera aussi début 2024 vingt territoires qui s'engageront à "accélérer" pour faire sortir de terre environ 1.500 logements chacun en trois ans.

Une mission sur la fiscalité locative est, par ailleurs, confiée à deux députées, Annaïg Le Meur et Marina Ferrari, "pour favoriser les locations de longue durée", alors que les résidences secondaires limitent l'accès au logement de certains habitants.

Souveraineté

Le projet de budget pour 2024 ne suffira pas à enrayer la crise du logement, a mis en garde, dans un rapport publié lundi, le député Horizons François Jolivet.

Mais "il n'y a pas de mesure magique", avait prévenu Mme Borne début juin, en présentant des mesures essentiellement techniques (prolongation et recentrage du prêt à taux zéro dit PTZ, aides à la location mais fin du dispositif de défiscalisation Pinel) qui avaient déçu les acteurs du secteur.

Deux textes de loi sont depuis dans les tuyaux: l'un contre l'habitat indigne, qui doit être présenté à la fin de l'année, et l'autre sur la décentralisation de la politique du logement, prévu pour le printemps.

M. Vergriete promet de "mettre des moyens" sur les logements sociaux. Outre une rallonge de 1,2 milliard d'euros pour rénover les HLM, il mise sur des "conventions territorialisées" qui fixent des objectifs par territoire, plus pertinents à ses yeux qu'un objectif national, fixé par le gouvernement à 110.000 logements sociaux en 2024. La deuxième convention a été signée jeudi à Dunkerque, après Dijon.

La Première ministre a salué la reconversion en logements d'une ancienne friche industrielle, qui participera ainsi à la densification de la ville et à la transition écologique.

Sur le site de la future usine Verkor, elle a évoqué un projet "exceptionnel" de réindustrialisation, "symbole du retour de notre souveraineté industrielle", qui doit générer la création à Dunkerque et autour de 20.000 nouveaux emplois. 

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