Conjoncture
Crise de l’énergie : Saint-Quentin est à l’affût de la moindre économie
La crise énergétique va venir plomber les finances des municipalités. Alors face à des factures de gaz et d’électricité à la hausse, dès le 1er janvier, la maire de Saint-Quentin a décidé d’agir et vite. De nombreuses mesures ont été prises pour limiter les consommations. Explications.
Pour la municipalité de Saint-Quentin, dont 85% des 250 bâtiments publics sont chauffés au gaz, les factures du 1er janvier (électricité + gaz) vont être salées. « Je vais être transparente avec vous, nous allons tous devoir faire des efforts durant ces mois d’hiver si nous ne voulons pas que les impôts des contribuables augmentent autant que les factures de la ville, introduit Frédérique Macarez, maire de Saint-Quentin, au cours d’un échange avec les associations. Le prix du mégawatt heure d’électricité va passer de 80 euros en 2022, à près de 250 euros en 2023. Et du côté du gaz, c’est la même tendance. Le prix du mégawatt heure va passer de 25 à 190 euros. »
Et la maire a de quoi être inquiète, puisque d’après les calculs, du fait de ses augmentations, le coût global de fonctionnement de la ville est estimé à plus de 5 millions d'euros pour 2023, contre 0,66 million d'euros en 2022, soit une augmentation de +4,5 millions d'euros. Face à ce constat, l’équipe municipale a décidé de mettre en place un plan de sobriété de 100 jours, qui prend fin le 31 décembre. « Si l’hiver dure dans le temps et qu’il est très froid, le plan de sobriété pourra être reconduit », affirme la maire de Saint-Quentin.
Des salles chauffées à 19°C maximum
Pour la ville de Saint-Quentin, il n’y a pas de petites économies. « Actuellement, en mairie, nous dédions 60% de notre temps à réfléchir à : comment faire plus d’économies ? », confie Frédérique Macarez. Ainsi, il a été décidé que la température dans les bâtiments de la ville et les locaux administratifs n’excéderait pas les 19 °C. Que l’eau chaude des lave-mains des bâtiments publics, ainsi que les douches des salles de sport seraient coupées. « Nous avons également décidé le retrait de 2 200 points lumineux à l’intérieur des bâtiments de la ville. Rien que dans la salle Henri-Matisse, 200 néons ont été déconnectés », témoigne Frédérique Macarez.
Concernant l’éclairage public, il est éteint de 23 heures à 5 heures du matin dans six quartiers (Remicourt, Centre-Ville, Faubourg d’Isle, Saint-Martin, Saint-Jean, et Vermandois). Et lorsqu’il est allumé, l’intensité lumineuse est réduite. Du côté des piscines, le doute plane, pour le moment la température de l’eau est baissée de 2 °C, mais si les infrastructures deviennent trop énergivores, leurs fermetures pourraient être actées.
Pas de chauffage dans les chalets du marché de Noël
Seulement, il est difficile en cette fin d’année de réduire les dépenses, tout en faisant l’impasse sur le célèbre marché de Noël et ses décorations lumineuses. Là encore, l’équipe municipale s’est creusé les méninges pour faire vivre la magie de Noël sous le prisme de la sobriété énergétique. « Nous avons fait un sondage auprès des habitants, 76% d’entre eux souhaitaient conserver les illuminations de Noël. Face à ce constat, ce que nous avons décidé en première, c’est de réduire la période des illuminations de cinq à trois semaines et de les éteindre la nuit », confie la maire de Saint-Quentin.
Du côté du marché de Noël, pas de patinoire cette année. L’infrastructure aurait plombé les finances de la ville. Elle a été remplacée par une piste de roller, qui escompte le même succès que son homologue gelée. « Je suis venue avec mes deux enfants. Ils s’éclatent ! Ils ont la même sensation de glisse que sur la patinoire. Finalement, ce qui compte, c’est qu’il y ait de l’animation, que ce soit une piste de roller ou une patinoire, cela a peu d’importance »,
affirme Catherine, habitante de Saint-Quentin, qui observe ses deux enfants glisser sur le parquet. Quant aux chalets ouverts sur l’extérieur, cette année, à la suite d’un décret national, il est interdit de les chauffer. Grâce aux nombreux efforts que la ville de Saint-Quentin a engagés, Frédérique Marcarez et son équipe espèrent que la facture de janvier sera moins douloureuse.
Les présidents d’associations appelés à rejoindre l’effort de sobriété
Frédéric Macarez a invité les responsables de 569 associations de la ville, à la salle Henri-Matisse, afin de leur démontrer les efforts qu’a engagés la ville en termes de sobriété énergétique. Elle en a profité pour leur demande de participer à ces efforts. « Nous vous demandons de ne pas brancher de convecteurs électriques dans vos salles, le chauffage est réglé à 19 °C, et même si parfois, vous avez froid lors de vos permanences ou événements, nous vous demandons de vous couvrir. De plus, merci de nous prévenir huit jours à l’avance en cas d’annulation d’un créneau de permanence ou de manifestation ponctuelle. Nous chauffons à la demande, alors si vous n’êtes pas présents, pas besoin de chauffage », a-t-elle insisté. La mairie a aussi proposé aux associations de fermer leurs sites durant la totalité des fêtes de Noël. Ce à quoi 68% des clubs ont répondu favorablement. « Bien sûr, les 32% des associations qui ne sont pas favorables à la fermeture totale pendant les vacances de Noël vont être traitées au cas par cas. Nous allons essayer de les regrouper dans un même bâtiment, pour ne chauffer qu’une infrastructure », a conclu la maire de Saint-Quentin.